C’est tous les jours Halloween avec Dani ‘Cradle of’ Filth (entrevue)

 

On se rappellera longtemps de 2020, comme étant l’année où on ne s’est rien cassé dans un mosh pit enragé. Et où on aurait* pu économiser pas mal de la beer money qu’on dépensait dans le temps qu’on allait voir des spectacles dans de vraies salles avec nos chummés (*notez le conditionnel he he).

Heureusement, les plus en manque de musique live d’entre nous ont pu se rabattre sur les spectacles de type livestream. Au cours des derniers mois, on a notamment eu droit à des performances virtuelles des Allemands de Kadavar (c’était gratuit!), des Italiens de chez Lacuna Coil, des Polonais de chez Behemoth et de tout plein de groupes américains (comme Baroness, Lamb of God et Armored Saint), de même que de l’inimitable Devin Townsend (checkez la version spéciale spatiale d’un classique de SYL ici) et de nos petits chéris de Voïvod. Je sais, on est loin de la vraie affaire, mais perso, lors du spectacle de Clutch dans ma cour (sur mon laptop) en faisant du BBQ avec une bonne broue et en compagnie de mon épouse et ma fille de 6 ans et demi, j’ai eu une petite émotion, oh oui.

 

 

Début septembre, Kristof G. a pu avoir Dani Filth pour une petite jasette sur Skype, alors que Cradle of Filth venait d’annoncer un concert d’Halloween, qui serait diffusé sur les internets le 30 octobre prochain. Bien que j’eusse enfilé mon meilleur t-shirt d’extrême métal britannique (Napalm fuckin’ Death!) et une casquette appropriée (de Goblin, le groupe de son ami Claudio Simonetti), le coquet chanteur n’a même pas daigné allumer sa caméra de son côté. Je soupçonne que sa teinture n’était pas faite et que le bougre n’était pas maquillé.

Qu’à cela ne tienne, on ne lui en tint (!) pas rigueur, comme on était là pour le cuisinier sur sa musique et son spectacle d’Halloween, sans trop jaser de films d’horreur (je vous raconterai à un mom’d’né la fois où, en mars 2019, j’ai pu jaser de série B pendant une petite heure avec le leader de CoF dans son bus de tournée en arrière du Corona), ni de la fois où je lui ai foutu la chienne non plus, comme vous pouvez aller (re)lire cette marrante histoire ici.

Voici donc le compte-rendu de cette conversation avec Dani le petit cachottier, qui fut plutôt avare de détails quant au contenu de ce concert online, de même que celui du prochain microsillon du Berceau de la Charogne. M’enfin.

 

 

BOULEVARD BRUTAL : Ce sera la première fois que CoF performera sur scène en presque qu’un an, comme le groupe était en pause depuis novembre pour finir de composer le prochain disque.

DANI FILTH : On est entrés en studio juste avant le confinement, heureusement; notre batteur tchèque [Martin ‘Marthus’ Škaroupka; avec CoF depuis 2006] a enregistré ses pistes, pour ensuite retourner chez lui, juste avant qu’on tombe tous en lock-down. On a donc été très chanceux, car on ne peut pas enregistrer un album sans batterie [rires]. On venait de passer deux années super occupées sur la route, donc 2020 nous a permis d’avoir une approche plus relaxe pour enregistrer l’album, le studio étant situé tout près de chez moi [il vit à Ipswich, à 30 minutes de route de Suffolk, où se trouve le studio Grindstone]. Dès que les mesures de confinements se sont desserrées un peu, on a pu enregistrer les voix et faire entrer les autres musiciens [le bassiste Daniel Firth, ainsi que les guitaristes Richard Shaw et Marek ‘Ashok’ Šmerda, entre mars et août].

 

BB : Comme votre nouvelle choriste-claviériste; a-t-elle été engagée que pour le disque? 

DF : Comme on savait que Lindsay [Schoolcraft, qui était dans le groupe depuis 2013] quittait le groupe avant l’annonce [au début février], on avait déjà recruté une claviériste, qui a contribué à l’écriture et qui sera aussi sur le disque. Et elle sera du concert du 30 octobre. Donc, oui, elle est maintenant notre claviériste permanente.

 

BB : Elle a un petit nom?

DF : Je ne peux pas encore le dire à personne.

 

BB : On patientera alors. Donc, tout l’album est enregistré, vous avez déjà un titre pour le disque?

DF : Je ne peux pas te le dire non plus [rires]! On commence à le mixer la semaine prochaine [le 15 septembre].

 

BB : En quoi la pandémie a-t-elle changé vos plans? Est-ce que l’album était censé être lancé cette année?

DF : Oui, on devait le lancer en 2020 et on aurait vraisemblablement été en tournée en Amérique en ce moment. On a dû évidemment reporter la tournée d’un an, qui va probablement commencer en septembre prochain, dans longtemps, et ça peut être une fois de plus repoussé… Pour l’album, on n’a pas encore de date de sortie, mais ça sera au plus tard en avril [2021]. Mais il sonne en simonac’ [il a dit ‘sounds fantastic’]! S’il y a quelque chose de positif dans ce confinement, c’est qu’il nous a permis de passer plus de temps sur l’album, de le peaufiner et même de réécrire certains bouts. J’adore être en studio. À chaque fois. Surtout que tout le reste a été flushé [il a dit ‘gone to shit’), comme tu le sais.

 

BB : As-tu été créatif ou inspiré durant le confinement? 

DF : J’ai écrit quelques chansons pour un projet sur lequel je travaille. Mais comme enregistrer un album, c’est beaucoup de travail, ma créativité était pas mal focalisée là-dessus. On était en studio pendant 4 mois… j’étais là de 11h à 18h, et j’étais chez nous vers 19h, et j’étais drainé, vraiment.

 

BB : Quels thèmes as-tu explorés dans les textes de l’album?

DF : Je ne peux pas vraiment parler de l’album… on est ici pour parler du livestream… mais l’album, je crois qu’il est vraiment incroyable, et que c’est notre meilleur disque; je ne peux pas vraiment dire comment c’est, car il a un peu de tout là-dedans.

 

BB : Donc, le 30 octobre, vous allez performer dans une église, la St. Mary’s Church? Parle moi de cette salle.

DF : On y a déjà joué quelques fois dans le passé. C’est dans cette ville nommée Colchester, qui est aussi tout près de chez moi; c’est la plus vieille ville romaine d’Angleterre. Plein de groupes y ont joué. La capacité est environ 600 personnes, le son y est excellent, la salle est magnifique. Comme c’est près de chez moi, c’est assez pratique, et on n’a que deux personnes à faire venir de la République Tchèque [Škaroupka et Šmerda]. Initialement, on voulait donner le concert là-bas, parce qu’ils permettent de faire des concerts devant une foule; en étant socialement distants, on aurait pu jouer devant 400 personnes. Mais avec l’incertitude liée aux corridors de voyage et les possibilités de devoir mettre beaucoup de gens en quarantaine, c’était finalement plus simple de le faire ici. C’était de loin notre meilleure option.

 

BB : Aurez-vous des invités spéciaux sur scène?

DF : [Rire] Je ne crois pas. C’est un concert de CoF, qui a demandé des mois de planification, et en ce moment, c’est déjà assez compliqué d’avoir tout le monde dont on a besoin pour ce spectacle. Donc non.

 

BB : Quel genre de set list vos fans peuvent-ils espérer?

DF : Ce sera un mix pigeant dans toute notre discographie, du passé au présent. Et possiblement aussi dans le futur. On est en train de le finaliser. Comme on a une nouvelle claviériste, avec qui on vient d’enregistrer l’album, elle est en train de terminer d’apprendre plus de chansons du groupe en ce moment. Ça sera son premier concert avec nous.

 

BB : Au niveau visuel, à quoi peut-on s’attendre de ce concert d’Halloween?

DF : En fait, c’est une surprise. Ce sera une grosse performance, un vrai concert avec des effets spéciaux, de l’éclairage, comme un gros concert dans un festival, mais sans public, car ce sera filmé. En amont du concert, Il y aura aussi un meet-and-greet virtuel. Comme on n’a jamais fait ça auparavant, je crois que ce sera quelque chose d’assez cool.

 

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Donc le 30 octobre, c’est le seul spectacle de CoF de 2020. Si t’es comme moi, tu t’ennuies pour mourir d’aller prendre quelques bières avec les potes avant d’aller te placer proche du pit pour ne rien manquer. Celui-là, il se passera sur ton PC ou ton téléphone, oui, mais t’sais, c’est quand même mieux que scroller en vain sur Netflix toute la soirée. ‘Fait que, si t’es fan du band, achète-toi donc un billet pour headbanger pendant une heure et demie devant ton ordi avec Dani et ses amis (vous trouverez tous les détails ici). D’ailleurs, avec nos masques ces temps-ci, c’est tous les jours Halloween, comme le disait si bien ce cher Peter Steele (R.I.P.).

 

 

Cradle of MerchTM

Si tu es plutôt du genre collectionneur, tu es sûrement au courant de toute la panoplie de cossins estampillés du logo de CoF, qui sont sortis en 2020. On n’a qu’à être abonné à leur page Facebook pour être au fait des lancements de produits dérivés de la marque, qui n’a pas lésiné en cette année presque sans spectacles ni tournées. ‘Faut ben payer le loyer, comme on dit. En plus des incontournables ‘masques de bas de face’ (ou couvre-visage, comme on dit aux nouvelles), le groupe à Dani a notamment lancé des étuis à téléphones cellulaires et des casse-têtes, dont un de style vinyle en mode circulaire!

Pour vous abreuver, sachez que Dani l’anglais tavernier a lancé sa gamme de thés nommée ProfaniTEA et une autre batch de sa bière (‘Pale Countess’, une English Pale Ale, de chez Electric Bear Brewing co.). Le petit Prince du black metal anglais (ou serait-ce son mouton noir?) a également, pour vous mesdames, son propre savon (!), des leggings (!!) et même une ligne de maquillage, que la belle Doro semble avoir assez appréciée. Ah oui, et ils vont lancer un disque, que trop de fans ne vont hélas qu’enregistrer dans l’app’ Spotify de leur téléphone dernier cri. Quelle époque dématérialisée, hein?

 

Horreur, vous avez dit horreur?

Mea culpa : tu connais Kristof G., il n’a évidemment pu s’empêcher de questionner Dani sur les films qu’il a visionnés en confinement. En plus de Color Out of Space (une adaptation de Lovecraft avec le bon Nic Cage), il s’est aussi tapé notamment le long métrage de Glenn Danzig, Verotika (dont les critiques sont horribles), qu’il a bien aimé pour son côté « gomme baloune » (quiconque ayant déjà visionné le long métrage Cradle of Fear connaît les goûts horrifiques de Dani). En espérant que c’est meilleur que le clip NSFW de sa reprise de N.I.B. de Sabbath…

 

 

 

About Kristof G.

Lorsqu’il ne te parle pas de préoccupations métalliques, Kristof G. t’invite dans les coulisses des tribulations journalistiques d’un fan de métal perspicace et autodidacte, s’ayant médiatiquement taillé une petite place, en balançant son infectieux enthousiasme dans ta face.