*La sélection correspond aux choix de votre humble serviteur et ne représente pas nécessairement celle du staff de Boulevard Brutal.
IGORRR – Savage Sinusoid
(Metal Blade)
Si vous consultez Boulevard Brutal régulièrement depuis quelques années, je vous en félicite, mais peut-être avez-vous aussi vu passer mon avis sur le précédent disque Hallelujah de l’artiste aussi déjanté qu’éclectique, Igorrr. Je comparais alors le compositeur, DJ et échantillonneur à la fois chevronné et minutieux – qui s’entoure de musiciens polyvalents et de différents horizons musicaux – et je me cite : à un croisement éclaté entre Mr. Bungle et Amon Tobin qui ce seraient donnés comme objectif de voyager dans le temps pour faire découvrir le métal à des compositeurs baroques. Avec Savage Sinusoid, cette description s’applique encore, puisque la nouvelle offrande continue cette exploration où clavecin, guitares distortionnées, voix pure et opératique, hurlements déchaînés, échantillonnages humoristiques et breakcore peuvent cohabiter dans une seule et même compo. Mais en plus on retrouve du jazz musette et des emprunts à la musique tzigane, au folklore d’Europe de l’Est et au klezmer (même en 8bit!) avec une rare aisance. En fait, en plus d’assimiler cette multitude de genres musicaux, Igorrr en maîtrise parfaitement les aspects typiques et leurs formes respectives pour faire de ce Savage Sinusoid un disque encore plus réussi. Le travail de réalisation, de la prise de son au mixage est tout aussi notable. Complètement fou et tout aussi jouissif.
WITHERIA – Infinite Recollection
(Twisted Face)
Lorsque je suis tombé sur la musique de Witheria, j’ai tout de suite exprimé mon enthousiasme à l’égard du groupe thrash/death de la Finlande. Hélas, le partage de la bonne nouvelle a eu l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. Et pourtant… Avec ce cinquième album intitulé Infinite Recollection, le groupe devrait rassembler main dans la main les fans de Kreator, Anacrusis, Death à l’ère deux derniers disques et Obliveon à l’époque de Cybervoid. Avec une écriture évoquant les années 1990, tout en laissant place à la technique et au mélodique, Witheria embrasse également des sonorités plus actuelles. Hormis une instrumentale moins solide (Isolation), tous les autres titres réservent des moments qui ont de quoi réjouir n’importe quel métalleux qui se respecte. Si vous appréciez cet album de Witheria, je vous encourage à faire le tour de leur discographie.
MUTOID MAN – Moans War
(Sargent House)
Le power trio New Yorkais, Mutoid Man, est arrivé début juin avec son 3e effort studio intitulé War Moans. Une bombe larguée sur la planète Rock N’ Roll qui nous a explosée en pleine gueule. Une raclée énergique qui pince un brin, mais qui est loin d’être désagréable. Mutoid Man combine avec aisance le heavy rock, le métal et le punk et surtout, leurs composition s’avèrent hyper accrocheuses. Si les bases rythmiques déménagent, les riffs sont tout aussi entraînants, tandis que les mélodies vocales s’apparentent aux meilleures lignes de Green Day, Foo Fighters, Metallica et QOTSA. Avec Moans War, le groupe a de toute évidence atteint une maturité tant au niveau de l’exécution que de la qualité d’écriture, faisant de ce disque un incontournable cette année.
HYBREED CHAOS – Entombed In Dark Matter
(PRC Music)
Dissonances et rythmiques complexes sont au cœur d’Entombed In Dark Matter. Mais non! Ne soyez pas effrayés. Je vous promet que l’expérience n’est pas douloureuse. Ça demande certes un petit effort de concentration, mais vous ressortirez un peu plus épanouis à chaque séance d’écoute de ce nouvel album du groupe Hybreed Chaos. Car oui, si le quatuor Montréalais explore des sentiers similaires à ceux empruntés par Gorguts ou encore Ulcerate, les musiciens ne s’empêchent pas de proposer des riffs qui groovent lourdement sur Bloodshot ou Scorched par exemple. Il y a même un ou deux passages qui pourraient vous faire penser à Gojira. Il est également important de souligner que le death technique d’Hybreed Chaos est mis en valeur par une réalisation soigneusement conçue par Chris Donaldson (Cryptopsy). Ça sonne évidemment comme une tonne de briques, mais au-delà de la décharge sonore, chacune des sections est franchement bien équilibrée dans le mix d’ensemble.
CARACH ANGREN – Dance And Laugh Amongst The Rotten
(Season of Mist)
Suite à une introduction instrumentale et orchestrale qui a tout d’une idée thématique à la John Carpenter qui aurait pu être orchestrée par Danny Elfmann, les maîtres du métal d’épouvante Carach Angren nous propulsent dans un nouvel univers cauchemardesque. De loin supérieur à There Is No Fairytale, Dance and Laugh Amongst the Rotten est l’opus le plus satisfaisant du trio de black symphonique depuis Where The Corpses Sink Forever. D’ailleurs, musicalement et dans sa construction, ce nouvel enregistrement se rapproche beaucoup de Where The Corpses… Récitatifs déclamés avec plus de conviction, retour d’un lyrisme plus prononcé et envolées mélodiques inspirées, Carach Angren démontre de quoi le groupe est encore capable sur Blood Queen, sur la sentie Charles Francis Coghlan, la théâtrale Song for the Dead ou encore la plus heavy In De Naam Van De Duivel qui possède aussi un côté mélancolique. La formation des Pays-Bas en redonne aux fans du genre sur Three Times Thunder Strikes qui conclut l’album avec une finale au thème orchestral qui risque de ne pas laisser indifférent. Bien heureux de pouvoir renouer avec Carach Angren.
DYING FETUS – Wrong One To Fuck With
(Relapse)
Ok. Les gars de Dying Fetus sont de retour dans une forme spectaculaire. Si j’ai arrêté de compter le nombre de notes vomies par les guitares dès la seconde mesure de la première compo de ce 8e disque – parce qu’il y en avait déjà beaucoup trop pour ma capacité à calculer à la seconde – je peux vous assurer qu’il y a tout autant de breaks qui groovent en sale. La pause de cinq ans qui sépare WOTFW à Reign Supreme semble avoir fait du bien. Pas que l’album précédent était mauvais, mais là, on se retrouve clairement quelques coches au-dessus en terme de… bien… de pas mal tout! C’est tight, violent, précis et ça comprend tous les ingrédients gagnants pour obtenir le meilleur du death brutal.
ELDER – Reflections of a Floating World
(Armageddon Label)
Sur Reflections of a Floating World, la formation Elder poursuit son voyage au cœur du stoner teinté de rock psychédélique et d’envolées progressives. C’est surtout le jeu et les prouesses du guitariste Nicholas DiSalvo qui sont mis à l’avant-plan de la musique d’Elder. Bien que je préfère davantage leur précédent disque (Lore), Reflections… s’avère une solide proposition. Trippeux de guit planantes et arpégées avec ben du fuzz, vous serez comblés. À découvrir si vous appréciez la musique de Mastodon, Baroness et Pallbearer.
WOLVES ATTACK!! – Piss On Everything
(HPGD Productions)
Hurlez à la lune! Le moment est venu de délimiter votre territoire avec Piss On Everything. Wolves Attack!! ont certes une approche humoristique, mais ce n’est pas parce qu’on fait les cons que ça ne peut pas être bon. Parlez-en à Ghoul, Gwar ou Iron Reagan pour le fun. Ici, avec des titres tels que The Pizza Incident (une boutade à GNR?), Full Moon Fuck Beast ou Pack to The Future, la musique de Wolves Attack!! demeure très agressive et excessivement énergique. On voit que la formation prend tout de même au sérieux la livraison de leur compostions qui vous marqueront tels les crocs ou les griffes d’un clan de canidae bien enfoncés dans votre peau.
AETHER REALM – Tarot
(Primitive Ways Record)
Le melodeath et le folk métal sont des genres très typés qui peuvent facilement atteindre leur limite et devenir redondants. Parmi de nombreuses propositions assez similaires qui sont offertes à chaque année, il arrive qu’un ou deux élus ressortent du lot. Ce sera, je crois, le cas de Aether Realm cette année. Empruntant à Insomnium, Equilibrium, Kalmah, Wintersun ou encore Ensiferum, la formation nous provient, étonnamment, des États-Unis. Tarot est le second enregistrement studio du quatuor qui, malgré une impression de déjà-vu à prime abord, surprend au fil des écoutes. En fait, ce qui fait de ce disque un candidat capable de rivaliser avec les groupes ayant déjà faits leurs preuves, c’est que, malgré un imposant 74 minutes de musique, Tarot n’a pas de temps mort, pas plus qu’il ne contient de ce qu’on appelle en bon français, fillers. Assoiffés de melodeath : ne boudez pas votre plaisir par les moult références que risquent de ressurgir lors de la première écoute. Néophytes : Tarot est une excellente entrée en matière qui fait ressortir les meilleurs éléments de tous les groupes cités un peu plus haut.
SATANACHRIST – First Against The Wall
(Indépendant)
Dans mon livre à moi, quand ton logo contient des croix inversées et un symbole d’anarchie, tu gagnes déjà des points. Je sais, c’est niaiseux, ça veut rien dire, mais c’est de même! Mais ce n’est pas la raison qui fait que le duo Satanachrist se retrouve dans cette sélection mensuelle. Non. En fait, sur leur premier disque, First Agains The Wall, la formation est venue me chatouiller les oreilles avec son métal infusé au punk. D-beat, blast beats, black, thrash et crust constituent l’essence de cette offrande qui suinte le DIY. Satanachrist se donne même le droit de placer à certains endroits (Paradox, Feast) des riffs plus mélodiques qui stimuleront les fans de Dissection. Fist Against The Wall risque de passer plus ou moins inaperçu, mais j’aimerais beaucoup faire erreur en affirmant une chose pareille. Vous savez donc ce que vous avez à faire!
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