La boîte vocale chez Boulevard Brutal semble aussi occupée que celle d’un pimp lors de la fin de semaine de la F1 à Montréal. Sauf que chez Boulevard Brutal, on ne reçoit pas de messages au sujet de l’âge de nos péripatéticiennes! Non! Ici, c’est du sérieux! Et non, nous n’avons rien en bas de 18 ans, est-ce clair les pervers?
En revenant du Tim Horton’s lundi matin, je suis tombé sur un message troublant. Après avoir bu mon délicieux café de format camionneur, je me suis mis à écouter cette voix qui me semblait, perplexe sur le message.
Un homme du nom de Jimmy Ouellette me suppliait de le rappeler car il avait un dossier métalloïde, excessivement croustillant pour nous. Mon haleine de café était imbibée sur la portion du bas de mon téléphone tellement je haletais! Encore une fois, un dossier que l’on vous partage, juste ici!
Jimmy Ouellette m’explique candidement que je me dois de le rappeler aujourd’hui même car son métier de… camionneur, fait de lui quelqu’un de très occupé. Il est toujours sur les routes car son travail se veut exigeant.
Je m’empresse de l’appeler et comme par hasard, il est dans un Tim Horton’s. En mon for intérieur, je me dis que je dois absolument m’acheter un 6/49 car autant de similitudes ne peuvent être le fruit du hasard!
Ouellette me raconte qu’il n’a que peu de temps devant lui car il doit repartir sur les autoroutes, question de livrer sa cargaison.
« Il faut que je te raconte ça, mon chum! C’est de la grosse bombe! »
Ce que je m’apprête à entendre me laissera bouche bée…
Je laisse Ouellette délier sa langue, au nom d’un journalisme d’enquête qui promet, comme toujours!
Ouellette s’élance : « La semaine passée, j’étais à Vegas. Tout allait bien, ma cargaison tenait la route. C’est pas évident, je devais livrer mes trucs habituels au Caesar’s Palace, là où joue Céline. À chaque semaine, je dois livrer à cet endroit des caisses de chips Yum Yum, du fromage en crottes, du Red Champagne et une pile de 7 Jours. J’ai même trouvé Claudette l’autre jour, cachée derrière une boite de petates! A devait se geler le pet là-dedans!»
Il continue : « J’avais donc la soirée off. J’avais le choix entre aller au Cirque du Soleil, c’te genre de truc poétique qui ne présente aucun clown. Crisse, un cirque, pas de clown! Ou bien, je pouvais aller dans une convention de motocross. Je me dis que ce n’est pas Guy Laliberté qui allait avoir mon 200 piastres US là-dessus. Donc, je me dirige à l’aréna où leur équipe de hockey va jouer dans quelques mois! »
Je me demande où il veut en venir. Est-il en train de s’égarer, est-ce que Ouellette me racontera une histoire bien banale qui s’est déroulée dans un casino en fin de compte?
Non, et voici le reste : « J’entre pour cette convention. Tsé, chu pas un maniaque de motocross. J’aime bien en faire question d’attirer les chicks un peu mais je me suis rendu compte assez vite que c’étaient juste des tomboys. Les filles qui sont attirées par le motocross en fin de compte, ce sont plus des filles qui aiment les autres, dames… mettons. Mais ce n’est pas le but de notre discussion. »
Je confirme à Ouellette que ce n’est qu’un préjugé et lui propose de venir me rencontrer, question de pouvoir garder le focus. Il me dit que non car il retourne dans son truck bientôt et il continue : «Fait que là, je me dirige vers les stands. Y’en avait partout. Les nouveaux becykes de Yamaha, Kawasaki et les vêtements de Headrush. Toute pour le gars qui se respecte au max! Qu’est-ce tu veux, j’aime ça ce genre de trip de motocross. Faire de la bouette en motocross, un estie de trip! Je t’aurais sliddé ça moi le Rockfest de Montebello! Ça l’air que c’était bouetteux que le crisse? Au moins, de la bouette sur ton corps, ça donne une belle peau! Les festivaliers du Rockfest devaient être très soyeux cette année! Sauf qu’après, tu sens la charogne en estie par exemple.»
Après m’avoir expliqué que lui, il aurait mis du paillis de cèdre partout devant les stages question d’éviter un océan de boue au Rockfest, Ouellette en remet : « Je me dirige vers le kiosque de Monster Drink. J’aime ben ça c’te breuvage-là. Généralement, j’en prends, quoi? 5 ou 6 cacanes par jour? Là, je n’avais qu’une couple de café dans le cass’ ça veut dire qu’il me fallait du jus! À leur kiosque, je vois une figure qui ne m’est pas inconnue. »
Qui était-ce? Il serait trop facile d’inscrire la dame en bleu seule à sa table. C’est pourquoi Ouellette coupe ma joke plate, drette-là : « C’était le gars de Finger Five Punch Drunk! Le chanteur qui pète des coches su’l stage pis qui revient tout le temps après que leur petit drame se soit ramassé sur Blabbermouth. Crisse, c’est l’équivalent de Dominique Michel du métal ça? C’est mon dernier Bye Bye, je le jure! Fais-toi une idée! Reste ou reste pas mais enligne-toi! »
Question de confirmer de qui Monsieur Ouellette me parlait, je lui ai répété que le nom du groupe était bel et bien Five Finger Death Punch et non pas Finger Five Punch Drunk. Il m’a dit : « J’me suis trompé? Qu’est-ce que j’ai dit déjà? »
Je lui remémore ce qu’il venait de me dire il y a à peine 7 secondes… Et il me dit : « Ben là, j’étais pas loin! Anyway, patate ou pomme de terre, Hellman’s ou Miracle Whip? Coors Light ou Bud Light? C’est toute la même affaire en fin de compte! Donc, il était là, dans une convention de motocross! Y’avait son estie de main rouge d’étampée dans face encore. Je lui ai demandé ce qu’il faisait ici au lieu d’être sur scène ailleurs sur Terre, question de piquer une crise, de lâcher son groupe une fois de plus et de faire suer ceux qui ont payé pour voir Finger Brunch Fruit Punch! »
Pas question de remettre le nom du groupe à sa forme originale, je décide de le laisser me parler. Ouellette aboutit : « Il était vraiment seul au kiosque de breuvages Monster. Pas un chat ne venait le voir. Habituellement dans des kiosques de même, tu as tout le temps des téteux qui se prennent les trucs gratos comme des tatouages à coller, des bandanas, tsé? Mais là? Rien! »
Silence.
Je demande à Ouellette si tout va bien, il me confirme qu’il prenait une bouchée de roussette au miel. Oui, ce délicieux beigne en forme de roue de tracteur.
Il mâchouille mais continue : « Je me décide et je vais le rencontrer, y’est tout seul de toute façon! Je me présente. Il est incapable de redire mon nom mais je ne m’en fais pas avec ça. Je lui demande s’il est possible d’avoir une boisson Monster mais qu’avant, je veux prendre un selfie, question d’impressionner mes chums su’ mon Facebook. Pas de trouble qui dit, vu que c’est ben tranquille. On s’installe, je sors mon sourire de photo de Noël et click! C’est fait pis parfait, je pense. Je le remercie, je prends le temps de regarder la photo mais oups! Très oups…»
Quel était le problème? Je laisse Ouellette commenter : « En fouillant dans ma galerie de photos, je vois notre selfie. Il est là mais ça ne me plaît pas! Moody fait un doigt d’honneur, en plein sur la photo! Je lui demande pourquoi il fait ça sur notre photo? Est-ce possible de la reprendre? Tsé, ma mère et mes soeurs vont voir ça! »
La réponse est surprenante : « Moody m’a raconté que le doigt d’honneur, le FUCK YOU comme on dit, est SA marque de commerce. Elle est à lui! Il m’a même avoué qu’il avait l’intention de la commercialiser. Il a fait une demande officielle, il veut faire breveter le doigt du milieu à son nom, barnak! »
Je ne m’attendais pas à cette révélation choc de la part de Ouellette. Je me devais de m’assoir, incertain du contenu de ma vessie.
Ivan Moody de FFDP qui veut faire breveter un geste physique qui date de la nuit des temps? Même les hommes des cavernes devaient s’envoyer paître avec ça. Ouellette m’a raconté ce que Moody lui a avoué, en secret : «Écoute, brother. Gene Simmons a voulu faire la même chose avec le Devil Horn mais il a échoué. Epic mother fuckin’ FAIL! That won’t happen to me! C’était clair qu’il allait échouer. À la base, il le faisait mal. Il faisait le signe de Spider-Man lorsqu’il lance sa toile, you know! Moi, le doigt du milieu, je le fais très bien. Il est long, rapide, effilé et agile. Demande à toutes mes anciennes conquêtes féminines…hey hey! »
Ouellette m’affirme qu’il a bien rigolé sur celle-là. Je lui confirme que c’est une blague déplacée et même, très misogyne. Il continue son histoire, soit parce qu’il est pressé par le temps ou parce qu’il ne comprend pas ce que je viens de lui dire. Ouellette sort de sa torpeur et raconte : « Euh, ça fait que, Moody veut donc prendre possession de ce signe international. Il dit qu’il est celui qui a popularisé ce fabuleux geste et que seulement LUI le fait correctement. Il était sérieux! Il n’est plus avec Five Flavour Drunk Punk, c’est certain car c’est son nouvel objectif de vie et de business. Il m’a dit qu’il allait récolter toutes les sommes qui lui sont dues depuis des années. Que ce soit des photos de Johnny Cash avec le doigt bien visible ou des doigts qui se retrouvent dans des films genre d’Adam Sandler, tout le monde va cracher le magot! Y’est fou, stie!»
Notre vaillant camionneur semblait découragé à l’autre bout de la ligne : « Il se frottait les mains comme Mister Burns! Il a l’appât du gain assez facile mais je lui souhaite bonne chance parce que ce n’est pas demain la fête. Finalement, j’ai pris une canette de Monster qui était sur son kiosque. Elle était tiède mais je m’en foutais, solidement! Je l’ai craquée devant sa face et lui ai dit ceci : Tsé, Ivan, je te souhaite bonne chance avec ton projet. Je sais tout de suite que ton opération est vouée à l’échec et ça me semble être de l’utopie! »
Ouellette m’a avoué qu’il connaissait la définition d’utopie car il est un fan de l’album Utopia Banished de Napalm Death. Au secondaire, il avait cherché le mot dans son Merriam-Webster bilingue, question d’impressionner Sonia Sansoucy, sa voisine de pupitre.
Autre moment de silence… Ouellette a reçu un appel de son patron. Il me revient en s’excusant pour me confirmer ce que le fantastique Ivan Moody lui avait dit. Ça va comme suit :
« Éthiopie? Échec? Comment ça, Mister Smart Ass? »
Ouellette lui a donc dit, en guise de conclusion : « Est-ce que tu crois que Ray Kroc mangeait du McDonald’s à tous les jours? Est-ce que tu crois que Harland Sanders se gavait de Poulet Frit Kentucky à chaque repas? Et est-ce que Dave Thomas s’enfile des burgers à boulette carrée à chaque diner chez Wendy’s? »
Moody semblait dubitatif et il hésitait. Il se grattait le front, écaillant au passage sa célèbre main rouge imprégnée au visage. Il a pensé vigoureusement avant de dire à Ouellette : « Non… ce n’est pas parce que ces hommes ont créé une chaîne de restaurants ou commercialisé quelque chose qu’ils doivent en consommer à chaque jour de leur vie jusqu’à l’éternité. What’s the point, bro? »
Selon ses dires, Ouellette a pris une gorgée, l’a avalée goulûment avant de lancer à Moody : « Justement! Tu viens de le dire! Ils n’en consomment pas à chaque jour de LEURS produits, ce qui est tout à fait, normal. Sauf que toi, en tentant de t’approprier quelque chose qui ne t’appartient pas à la base eh bien, du doigt d’honneur tu risques d’en recevoir à tous les jours et ce, éternellement! Que ce soit sur scène ou dans la rue, tu ne recevras que ce que tu as semé : un beau gros doigt d’honneur de la part de nous tous! Surdose mon chum? Abandonne ça ton idée, right now!»
Moody semblait bouche bée. Pensif, il n’avait plus rien à dire sauf ceci:
« Euh, en passant, on se le refait ce selfie? Buddy? »
Ouellette a décliné l’offre, préférant partir.
Ivan Moody lui a donc susurré: « Hey, dude! By the way, ce sera un dollar pour le Monster Drink! »
De ses deux mains, Ouellette a levé le doigt d’honneur sur chacune de ses deux grosses paluches puissantes.
« Tiens! Chaque majeur vaut un dollar! Et tu peux garder la monnaie, buddy! Tu en auras bien de besoin! »
***
« A posse ad esse non valet consequentia »