Dark Tranquillity : Moments modérés et moments malfaisants

Je me sens toujours fudgé lorsque j’écris sur Dark Tranquillity. Ce groupe a toujours été porté très haut dans mon estime et c’est une formation qui reçoit des écoutes régulières, avec mon épouse. Est-ce que mon écoute est pertinente face à un nouvel album du groupe? Est-ce que je vais le mettre immédiatement en haut de ma liste annuelle par réflexe?

Je ne le sais pas. Pour être franc, j’ai eu une approche différente face à Moment, cette nouvelle galette suédoise. J’ai usé de prudence car Moment est le premier album du groupe sans le guitariste fondateur, Niklas Sundin. Comme on le dit souvent, tu peux changer ton batteur, ton claviériste ou ton guitariste rythmique et le tout va passer comme de la bière dans gorge d’Eric Lapointe.

Mais celui qui a composé tes chansons depuis près de 30 ans… C’est un risque énorme. En y allant avec Christopher Amott, j’ai senti une certaine accalmie. De savoir que cet ancien technicien d’Arch Enemy prenait la relève avec un certain Johan Reinholdz, j’ai ressenti un soulagement en ce qui concerne la relève.

En 2018, j’avais fait une entrevue avec Mikael Stanne et je lui avais demandé si Amott et Reinholdz étaient dans les plans du groupe. Avec prudence, il m’avait fait comprendre que les deux hommes étaient d’habiles musiciens et de vaillants partenaires sur la route. J’ai assisté au meet & greet avec Amorphis et il était évident qu’Amott était à l’aise avec le groupe, les autres formations et le public. Véritable boute-en-train, il se voulait plutôt, farfadet!

De savoir qu’il soit maintenant une part entière du groupe n’est donc pas surprenant. Sur scène avec Dark Tranquillity, il était en pleine possession de ses moyens et en tandem avec Reinholdz, le duo a su démontrer qu’ils n’étaient pas que des musiciens de remplacement.

Justement, ce duo s’est mis à la tâche sur cet album. Amott et Reinholdz se devaient d’ajouter leur touche personnelle dans un univers qui a été modelé, à la base, par Niklas Sundin. En faisant l’écoute de l’album, personne ne sera déstabilisé car l’esprit du Dark Tranquillity contemporain est bel et bien présent. En ne sachant pas que Sundin n’y est plus, tu ne te rends aucunement compte que le groupe propose un nouveau tandem à l’écriture.                         

C’est encore une fusion métallique entre agression mélodique et la déchirure ténébreuse. Moment nous ramène vers des albums de l’époque moderne du groupe, donc si tu attends encore un The Gallery II, tu ne frappes pas à la bonne porte car sur cet album, nous sommes plus près d’Atoma et de Fiction.

Le premier extrait Phantom Days était un bon indicateur pour ce qui est de la parcelle plus croustillante que nous retrouvons sur l’album tandis que l’autre côté de la médaille se retrouve avec un titre plus soporeux comme l’autre extrait, The Dark Unbroken. En présentant les deux pièces, on préparait l’auditeur.

La balance est respectée sur Moment étant donné que des chansons comme Identical to None, Ego Deception et A Drown Out Exit se retrouvent sur le plateau abrasif tandis que Remain in the Unknown, Transient et Standstill proposent une contrebalance avec une approche plus mielleuse.

Virtuoses de la guitare, les solos sur les pièces se veulent fignolés et convaincants. Les ambiances aux claviers sont toujours aussi poignantes et les mélodies vocales de Mikael Stanne sont encore trempées dans le sulfure autant que dans le Pelchat!

Disponible le 20 novembre, sur Century Media.  

http://www.darktranquillity.com/