Entrevue exclusive avec Rocky, bassiste de Voïvod

Photo : Wayne William Archibald

Par Yanick Klimbo Tremblay

Avec Lost Machine, Voïvod propose un album en concert. D’entendre Snake nous parler en français entre les chansons nous offre un côté réconfortant, surtout en cette période covidienne. Pendant que tout est sur pause pour les artistes (et pour un grand pourcentage de la population en général), il est bien d’avoir de la « nouveauté » à se mettre dans les oreilles. Le matin du samedi 31 octobre, je me suis entretenu avec Dominique « Rocky » Laroche, bassiste de Voïvod, juste avant sa récolte de bonbons.

    

Salut Rocky! Bon matin et joyeuse Halloween. Voïvod s’apprête à lancer un album enregistré en spectacle. Qu’est-ce que tu peux nous dire au sujet de cet album?

L’album va s’appeler Lost Machine, comme la chanson. En fin de compte, c’est le show qu’on avait fait à Québec, au Festival d’Été, en 2019. C’est cool d’avoir ce show-là d’enregistré parce que ce soir-là, on était tight! Ce show-là, c’était comme la fin d’un cycle de tournée. Et comme de raison, la pochette a été faite par Away. Francis Perron nous a fait une production qui sonne. C’est lui qui a réalisé The Wake, c’est notre homme pis un gars de notre coin, à moi pis Chewy. Aussi, il y a Felipe Del Casar. Lui, c’est un gars avec qui on travaille depuis un bout. Il va y avoir un documentaire sur Voïvod, produit par Sam Dunn, qui devrait voir le jour à un moment donné. Felipe a filmé le show du Festival de Jazz. On a pris les images du Festival de Jazz avec la musique du Festival d’Été de Québec, pour créer les clips promotionnels qui vont accompagner Lost Machine. C’est tellement bien fait que tu ne vois pas et tu n’entends pas de différence entre la prise vidéo et audio qui n’ont pas la même source. Dans les clips, il y a des images et de l’animation qui sont rajoutés, c’est très… Voïvod!

C’était donc pour ça les caméras lors du Festival de Jazz?

Il y en avait 3 ou 4 qui étaient fixes. Il y en avait d’autres mobiles. C’est particulier parce que pour le show du Festival de Jazz, il y avait un petit problème avec les micros du drum et pour Québec, tout était parfait au niveau du son mais nous n’avions pas les images! Nous autres, on n’utilise pas de métronome. Ça fait que la vitesse peut varier, tout dépendant du pacing du show, sauf que pour le show de Québec et celui de Montréal, c’était assez pareil! C’est pour ça que l’audio de Québec peut-être transposé sur les images de Montréal.

Est-ce que Felipe a commencé à vous parler d’une date pour le documentaire?

Nous n’avons pas eu de mise à jour récente, face à ça. Nos dernières discussions parlaient de la fin de l’année 2020 mais avec l’album en concert, ce sera probablement plus en 2021. La tournée pour The Wake a été intense. On a été capable de se promener partout, on a pu accumuler ben du stock pour offrir aux fans et même avec la COVID, on peut sortir du stock pour garder l’esprit de Voïvod bien vivant. On s’en tire plutôt bien, on un bon team! Toute est en place pour que le groupe reste actif, malgré la situation.

On est en pleine deuxième vague de la COVID. On n’a pas trop le choix d’en parler, même si c’est un irritant, mais je me demandais si cet album était déjà dans les plans de Voïvod ou c’est plutôt une sortie en relation avec la pandémie, pour garder le nom bien vivant?

C’était prévu, c’était dans nos plans mais la COVID a accéléré les choses. Non, la COVID a été difficile pour tous les groupes, metal ou pas. Il a fallu annuler des tournées, repousser des affaires. Juste là, on serait supposé d’être aux States, on devait faire quelques dates en Ontario ou être en train d’arriver du Japon. On avait deux dates de prévues pour Québec, au Capitole, et il faut encore les repousser, à cause des règles sanitaires. On sait que ça va avoir lieu mais on ne sait pas quand car tout change au quotidien.

Photo : Wayne William Archibald

Toi, en dehors de Voïvod, tu joues sur scène avec d’autres artistes québécois. J’imagine que tu as perdu de nombreux shows en 2020. Avec Marjo, par exemple?

Oui, c’est certain. La période des festivals est tellement importante au Québec, il y a beaucoup de chanteurs, chanteuses et groupes qui profitent de cette période pour travailler. C’est certain que j’en fais moins à cause de Voïvod. Marjo est celle avec qui je joue le plus, en parallèle avec Voïvod. Robert « Bob » Champoux est celui qui joue avec Marjo maintenant. C’est son chef d’orchestre. Il me donne l’exclusivité pour jouer avec elle mais quand je pars avec Voïvod, j’ai un remplaçant, un sub. J’avais aussi des gigs avec Justin Boulet, le fils de Gerry. Moi pis Dan Mongrain, on est dans le milieu du rock au Québec. J’ai ma place aussi avec Jonathan Painchaud. Quand je ne peux pas le faire, il y a un autre musicien qui me remplace. Il m’a gardé dans l’équipe, même si je pars en tournée une fois de temps en temps! Mais j’ai pu faire quelques gigs cet été. Je me considère privilégié d’avoir ce genre d’opportunités mais en ce moment, y’a pu rien! Plus récemment, j’ai fait des sessions de studio avec un gars qui se nomme François Babin. C’est un gars qui a fait Star Académie et il a travaillé au Studio Radicart. Francis Perron, le gars du studio, m’a appelé parce qu’il n’y avait pas de bassiste pour le projet de François Babin. Ça me garde actif!

Justement, je voulais te demander. Quand tu as fait le show avec Marjo, aux Francos, tu portais un t-shirt de Voïvod sur scène. Est-ce que c’était un hasard ou un truc prévu?

C’est toujours bon de montrer nos couleurs! Mais c’est surtout que ce t-shirt est celui avec la fleur de lys, retravaillé par Away. C’était celui qui était à la table de merch pour l’ouverture de Metallica, sur les Plaines à Québec. Toute fittait avec la soirée! Tsé, Marjo c’est une figure importante du rock au Québec. De tout le monde avec qui j’ai joué, Marjo est probablement celle qui déménage le plus! Michel Pagliaro aussi. C’est lui le parrain. J’ai fait le DVD de Pag, il a été filmé à l’Impérial de Québec, comme l’enregistrement de Lost Machine. On dirait que ce théâtre me revient souvent dans les pattes! Aussi, je suis un peu patriote, un gros tripeux de la St-Jean. Quand j’étais plus jeune, je descendais sur les plaines pour aller fêter. C’est plus tranquille maintenant, je suis un gars sobre depuis 14 ans. Je carbure au rock n’ roll, à la musique! Porter un t-shirt de son band… On dirait qu’on s’empêche de le faire en tant que musicien… C’est comme, mal vu. Mais tu sais, avant de jouer avec Voïvod, j’étais un fan de Voïvod. Je le suis encore. Forever. J’ai encore de la misère à réaliser que c’est moi qui joue sur The Wake. Je devais prendre du recul pendant les sessions d’enregistrement. Je devais me dire : « Ok, le musicien qui joue sur le disque, il tripe. Le fan lui? ». Je suis capable d’écouter The Wake, comme un fan.

Les réactions ont été positives en ce qui concerne votre concert diffusé sur le web. De votre bord, c’était comment?

C’était le fun et particulier. Une belle aventure! On a fait attention, on a respecté toutes les règles. C’était au studio Radicart, le studio de Francis. On a arrangé le tout pour que ça ressemble à la pochette de Killing Technology. C’était une belle occasion de souligner la fête de Snake et il faut que je souligne que les gars à la caméra devaient avoir chaud dans leur suit de peintres en bâtiment! On prévoit en faire un autre pour le printemps 2021.

Vous, les musiciens, vous avez un point de vue réaliste. Vous êtes en contact avec les agents car on ne planifie pas une tournée deux semaines avant, on parle de mois en avance. Donc, doit-on oublier les concerts pour 2021?

Pour ce qui est de l’hiver et du printemps de 2021, on sent que ce sera la même chose. Tout change de semaine en semaine, de jour en jour. En mai 2021, on devait faire des dates en Italie et aussi, en Scandinavie. Finlande, Suède, Norvège. Une bonne dizaine de jours de shows. On a appris jeudi que ce sera annulé. Le gros festival, celui qui se voulait intéressant car c’était celui qui se voulait payant et qui  nous permettait de pratiquement couvrir tous les frais, car c’est dispendieux là-bas, eh bien tout est annulé! Les plogues ont été tirées, on est trop encore dans la COVID. Tout ce qu’on devait faire est reporté d’un an, au moins.

Ouais, la COVID est difficile. Au moins, est-ce que l’inspiration est toujours présente?

Oui, l’écriture continue. Dan Mongrain écrit de son bord. Moi, je travaille de chez nous aussi. C’est un processus à distance. Y’a du nouveau matériel et ça avance. C’est ben inspirant! On ne peut pas aller au local mais on peut faire nos affaires de notre bord. Away ne peut pas drummer chez eux mais il fait ses tracks avec le logiciel Logic. Tout ça va mener à des maquettes, des démos. On risque d’aller chez Snake, bientôt, pour essayer de nouvelles affaires. Lui, y’est ben sur le bord de la rivière des Mille-Îles! Voïvod reste actif et y’a de belles affaires qui s’en viennent!

Lost Machine, l’album en concert de Voïvod, sera disponible dès le 27 novembre 2020. Un beau cadeau de noël pour ton beau-frère, que tu auras le droit de voir… si vous êtes moins que 10!    

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