Spirit of Rebellion: Retour sur le Cabaret of Death avec The Flaying et Agony (11 septembre 2020)

Le 26 février dernier, je me rendais au Corona de Montréal avec mon fils pour voir Devin Townsend avec Haken en ouverture. Il y avait un autre band aussi, mais je ne me souviens plus du nom. Mais je me souviens que c’est le dernier concert que j’ai pu voir, en mode présentiel.

En arrondissant, je me rends compte que ça fait environ 7 mois que je n’avais pas vu de concert en tant que spectateur, sur place, avec un groupe devant moi qui monte sur scène.

Avec cette période de confinement et les restrictions émises par la Santé Publique, je ne croyais pas pouvoir assister à un autre concert en 2020. Il semble que la volonté de faire et l’analyse approfondie de Maître Didier Samson nous aient permis d’assister à ce qui a été le premier concert de death metal en mode présentiel depuis le confinement.

Est-ce une première québécoise? Canadienne? Nord-Américaine? Ou même mondiale? Peu importe! Mais une chose est certaine, Didier Samson était fier de sa shot après son évènement intitulé « Le Cabaret of Death ».

Son idée se voulait plutôt simple : Proposer à Spirit of Rebellion d’effectuer leur lancement pour leur nouvel album, Time for Global Refusal en plus de permettre à son propre groupe, The Flaying, de célébrer leur dixième anniversaire.

Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas inviter Agony, qui fête les 25 chandelles qui se retrouvent sur leur album Apocalyptic Dawning. La carte se voulait bien remplie pour cette soirée du vendredi 11 septembre. Il ne restait plus qu’à trouver une façon de faire qu’y allait pouvoir emmener une certaine satisfaction à tous.

En entrant dans le D’Auteuil, on se rend compte qu’il y a une vingtaine de tables et autour d’elles, quatre chaises. Nous devions nous promener avec le masque mais dès que notre postérieur se voulait confortable, nous pouvions le retirer. Comme au restaurant.

À l’ouverture du rideau, Agony devenait donc le premier groupe à reprendre contact avec une foule métallique depuis des mois. Un étrange sentiment de satisfaction, de stupéfaction avec tout ce monde assis au lieu d’être bien droit sur nos jambes et une vague d’irréalisme se dégageaient lors des premières notes.

Un brin de nervosité, autant sur scène que dans la foule, était palpable. Le tout s’est rapidement estompé avec les coups de semonces excessivement rapides du nouveau batteur d’Agony, Samuel Santiago. Cet homme à tout faire a maltraité son instrument et une caméra située en haut de la cage des percussions nous permettait de voir les prouesses des percussionnistes et pour être franc, nous avons été gâtés en cibole vendredi soir!

Le death metal d’Agony s’est démontré efficace. Avec un aplomb indéniable, les pionniers ont pioché un peu partout dans leur album et la valse des invités a commencé avec Will de The Flaying qui est venu turluté, suivi par Youri Raymond d’Unhuman qui est venu vociférer quelques lignes avec sa technique de gorge qui se veut excessivement originale et depuis toujours, inimitable!

Pause juste avant The Flaying, il est intéressant de profiter du concept du cabaret. On imagine toujours le cabaret comme un truc feutré, avec une dame à la cigarette longue chanter du jazz, le coude bien enfoncé sur un long piano à queue. Sauf que ce soir, ce sont les métalleux qui avaient le rôle d’emplir la salle et à entendre les accents, on comprenait rapidement qu’il y avait des représentants de tous les coins de la province.

Le rideau se dirige lentement vers notre gauche. Nous voyons la mascotte de The Flaying, décharné, la tête vers le bas. Ce ne sera pas doux avec ce groupe de Québec qui, l’année dernière, nous a offert Angry, Undead, album qui s’est retrouvé en nomination à la GAMIQ et The Flaying est même reparti avec la statuette confirmant que cette galette se voulait la meilleure du lot! Comme la pelle-tracteur qui ramasse la neige sur Charest après une tempête de neige, cette troupe de musiciens de Québec n’a pas chômé et c’était de la technicité.  Je dois avouer que mon regard a été fixé très longuement sur les prouesses du bassiste Seb mais, une fois de plus, nous avions de la mitraille aux percussions avec Michel Bélanger.

Un death metal vigoureux qui nous a permis de faire une quantité excessive de oui oui de la caboche, tout en gardant notre postérieur bien incrusté dans notre chose. Ce n’était pas facile, l’envie de se lever pendant Place du Parvis était bien présente mais le respect des règles nous revenait en tête, assez rapidement.

Ma dernière rencontre avec Spirit of Rebellion remontait au dernier Quebec DeathFest, alors que la troupe de Rimouski ouvrait la scène des Foufs lors de la seconde journée. Fraicheur death métallique qui laisse remonter de fortes émanations de la vieille école, c’est un son qui me satisfait amplement. Vendredi soir, nous n’avions qu’à bien nous retenir sur notre chaise, s’imaginer avec une enclume sur les cuisses, question de ne pas avoir une envie soudaine de se lever pour se brasser la casquette pendant Act of Rebellion, Undisclosed Doctrine ou Sustained Terror.

Même si l’enivrement se voulait accentué par l’alcool, une discipline de fer se voulait bien perceptible dans la foule. Nous étions assis. Spirit of Rebellion a proposé une prestation qui se voulait fidèle à ce que nous voyons du groupe lorsqu’en mode « régularité ». Donc, de la technique, du brassage de caboche et une annihilation complète.

La série de surprises s’est continuée avec un Bob Girard motivé et qui arborait un flamboyant t-shirt de Pleasure to Kill de Kreator. Ancien membre d’Ancestors Revenge et maintenant voix principale pour Dépérir, il est venu gueuler sur A Shot in the Dark. Surprise de taille avec la présence de Jean Beaulieu, chanteur du temps de Gorelust, qui est venu envenimer le tout, à son tour.

Steeven Landry fêtait son anniversaire et nous avons senti que l’enivrement d’un premier concert depuis des lunes, accentué par la joie de se faire chanter des « Bonne Fête » entre les chansons, doublé par le lancement d’un nouvel album, ont failli amener à un certain relâchement. Mais la rapidité de l’équipe et la prise de contrôle de la foule ont fait qu’aucun débordement n’a eu lieu.

Vers 23h30, c’était le temps de mettre un terme à cette soirée plutôt spéciale mais tellement nécessaire. En sortant, certains se demandaient comment un évènement de la sorte pouvait se rentabiliser. Je crois que ce n’est pas une bonne question à se poser. À l’instar de certaines entreprises de divertissement qui n’osent pas tenter ce type d’expérience au nom de la rentabilité, il faut comprendre que Didier Samson et son Rope Dancer Production se sont plutôt payés un « bon trip ».

Et pourquoi le faire?

Pour prouver, justement, que ça se fait, malgré des restrictions.

C’est de cette façon qu’a toujours fonctionné la scène metal, de toute façon : En essayant des choses tout en prenant des risques, calculés ou non!