Napalm Death : Analyse de Throes of Joy in the Jaws of Defeatism

Quand j’ai reçu le nouvel album de Napalm Death, la première chose qui m’a sauté aux yeux, et m’a totalement coupé le souffle, n’est pas la pochette où l’on peut voir une colombe qui aurait été grandement secoué au point d’en perdre l’existence. Non, je m’attendais à ça avec Napalm Death. C’est plutôt la photo promotionnelle du groupe, un classique qui accompagne chaque nouvel album d’une formation.

Sur ce cliché, nous voyons le groupe enveloppé dans une pellicule plastique. Concept intéressant, probablement pour nous démontrer la surconsommation sous la forme des articles enveloppés en format sous vide.

Mais ce qui cloche vraiment, c’est le format en mode trio.

Effectivement, Mitch Harris n’est pas sur la photo. Nous savons tous que Harris n’est plus sur scène avec le groupe (il s’est retiré pour prendre soin d’un membre de sa famille, malade) lors des tournées mais il a tout de même participé à l’album précédent, Apex Predator Easy Meat et il était présent sur les photos promotionnelles du groupe.

Pour Throes of Joy in the Jaws of Defeatism, il est absent des photos. Mais il semblerait qu’il ait participé à quelques pistes sur l’album, selon les dires de Barney Greenway. Connaissant le grand talent de Shane Embury en ce qui concerne la production de riffs magistraux,  j’étais sans inquiétude face au fait que ce nouvel album serait musclé.

Le bassiste de Napalm Death ne fait pas que détruire sa basse, il est capable de composer d’énormes monstres à la guitare et son implication sur cet album se veut essentielle.

Throes of Joy in the Jaws of Defeatism débute avec 4 grosses tapes sur les babines. Quatre pièces qui tombent à pic dans le genre grindcore death de Napalm Death. Aucune surprise, le tout sonne enragé et engagé sur Fuck the Factoid, Backlash Just Because, That Curse of Being in Thrall et Contagion. Des standards, selon le genre!

Première surprise, la pièce Joie De Ne Pas Vivre. Dans un premier temps, c’est pour le titre en français mais ensuite, c’est l’approche musicale. Napalm Death n’a jamais eu peur d’expérimenter et d’aller vers des horizons musicaux plutôt inattendus. Sur cette pièce, on sent l’influence des formations comme Skinny Puppy ou le vieux Ministry. C’est déconstruit, instable et la voix sonne… comme un abus de produits cendreux. Probablement des cigares qui font tousser, solidement.

Cepacol, svp!

Ensuite, Invigorating Church ne reprend pas la balade en mode grindcore. Cette pièce débute de façon atmosphérique, avec des voix qui se rapprochent du chant de gorge. Par la suite, la cadence prend un certain envol tout en restant très lourde, pratiquement doom. Autre preuve que Napalm Death peut expérimenter, sans que notre intérêt ne se perde.

Il faut attendre Zero Gravitas Chamber et Fluxing of the Muscle pour retomber en mode death grindcore. Avec Amoral, la troupe de Barney Greenway nous confirme que l’influence de Killing Joke est encore palpable et cette chanson transpire amplement ce que cette troupe pouvait offrir, jadis.

Pour terminer l’album, la pièce titre et Acting in Gouged Faith nous offrent un dernier élan dans le genre grindcore death métallisé tandis que A Bellyful of Salt and Spleen nous replonge dans un univers cacophonique, expérimental et totalement en relation avec ce qu’un groupe comme Swans pourrait proposer si Michael Gira avait décidé de produire un album en septembre.

En 2020, Napalm Death se veut une formation encore pertinente, la preuve étant cet album qui, malgré quelques expériences sonores, ne nous perd jamais dans un univers d’essais malhabiles. Le groupe sait bien balancer les choses et permet aux amateurs de recevoir leur dose essentielle de grindcore death métallique tout en pouvant goûter à un tout autre menu!

Disponible le 18 septembre, sur Century Media

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