Magnetic Eye Records est un label qui offre des sorties intéressantes et pas à peu près. Une fois de plus, le label nous revient avec un album de leur série Redux. Cette série rend hommage à un album marquant pour le bon public et chaque chanson de cet album (que l’on peut considérer comme un classique) est interprétée par un artiste différent nous venant principalement de la scène doom/sludge/stoner.
Sur cette sortie, c’est l’album Dirt d’Alice in Chains qui se mérite ce traitement. Quand on regarde la liste des groupes qui meublent cette sortie, il se peut que cela donne le vertige. Effectivement, une formation comme Thou ne donne jamais dans la dentelle et de savoir que c’est cette formation qui reprend Them Bones peut être légèrement déstabilisant pour le quarantenaire qui a carburé au grunge pendant les années ’90.
Surprise agréable, Thou offre une version juste assez crasseuse et demeure excessivement fidèle à l’originale. High Priest offre pratiquement un pastiche de Rain When I Die tandis que Low Flying Hawks n’a peut-être pas reçu le mémo qui disait de ne pas trop démantibuler l’originale. Ce groupe a hérité de la pièce Dam that River, chanson vigoureuse qui a un aplomb indéniable.
De retravailler un titre, je veux bien mais quand tu as la responsabilité de le faire pour une chanson excessivement cadencée et que tu la rends d’une platitude exemplaire, c’est là que je n’accroche pas. La version de Dam That River demeure le seul échec de cet album, heureusement!
Khemmis a cette aisance à s’accaparer des titres d’autres artistes et d’en faire… des chansons de Khemmis! Cette année, le groupe de Denver l’a prouvé sur son mini-album, surtout avec sa version de Rainbow in the Dark de Dio. Sur Dirt Redux, leur emprise sur Down in a Hole est personnalisée à point et l’esprit est respecté.
Le trio These Beasts est acidulé sur Sickman, Forming the Void est fuzzé sur Junkhead avec une voix plutôt timide dans le mix et ça sent le hoodie du client de la SQDC sur la version de la chanson Dirt de Somnuri.
Backwoods Payback verse une pinte d’huile dans le moteur de God Smack avec une approche très road trip, -(16)- comprend le principe de la personnalisation sur leur interprétation de Hate to Feel qui se veut juste assez déconstruite et les Suédois de Vokonis remodèlent Angry Chair à leur façon en lui donnant plus de panache. Par contre, l’effet glauque de l’originale est dilué dans leurs émanations trop intenses de stoner.
Il y a même un groupe qui reprend Iron Gland. À la base, cette pièce n’est pas listée sur l’album car c’est plutôt un interlude où Tom Araya de Slayer hurle « I Am the Iron Gland! » pour se jeter dans des onomatopées qui se terminent sur des énonciations de Red Rum.
Magnetic Eyes a utilisé les services de Black Electric pour mettre à jour cette « pièce » qui se veut plus une blague qu’autre chose de sérieux.
Finalement, les deux gros canons de l’album Dirt que sont Would? et Rooster sont bien présents sur cet album. Otolith est responsable de la version de Would? et le tout est retravaillé de façon minimaliste et en mode ralenti. Le groupe propose une section de cordes qui se marie plutôt bien à leur version qui demeure, plutôt frêle au niveau sonore.
On est loin de la version qu’Opeth a déjà proposée.
Et pour ce qui est de Rooster, c’est le groupe Howling Giant qui a totalement saisi le message. Si la version originale se voulait plutôt lourde dans son exécution, celle-ci est pimpante et du type accélérateur dans le fond du plancher.
Agréable à l’écoute, c’est le genre de cadeau à donner à ton beau-frère qui a arrêté de vivre en ’94. Il a cessé d’écouter de la musique quand les enfants sont nés pis que son mariage s’est mis à battre de l’aile, se noyant dans le travail tout en se vautrant dans la porno, pendant le confinement.
Offre-lui ceci en vinyle… mais n’oublie pas d’aller rebrancher sa table-tournante!
Disponible le 18 septembre sur Magnetic Eye Records.