En cette période particulière, on trouve souvent le réconfort dans la musique. Avec le confinement, plusieurs musiciens ont dû mettre une croix sur les pratiques hebdomadaires ou les petits jams improvisés. Il doit être aussi stressant de savoir que ton prochain album est prêt à sortir mais qu’en raison du confinement, tu ne pourras suivre ton parcours habituel pour aller le promouvoir. Avec les deux Jean-François Côté de la formation rimouskoise Spirit of Rebellion, nous avons eu le temps de discuter d’un peu tout ça! Légende : JFB pour le JF à la basse et JFG, pour le JF qui joue de la guitare.
Comment allez-vous, les JF?
Ça va bien, toi?
Oui. La première question que je dois poser et c’est celle que je pose depuis environ 3 mois. Comment s’est déroulé le confinement pour une formation comme la vôtre, qui est habituée de jammer à chaque semaine?
JFG : On est resté tranquille pour un bout. L’album a été fait avant le confinement, il ne manquait que le mixage et le mastering. On a envoyé tout ça à Dan Swanö. On n’a pas pu jammer, on a recommencé de le faire que très récemment. Je dois avouer que les tounes étaient loin!
Déjà que votre chanteur est à Québec, comment s’est modelée votre réunion, en fin de compte? Dans le sens qu’à un moment donné, vous avez dit à Steeven : « Viens à Rimouski, faut jammer! »
JFB : En fait, quand le confinement a commencé, on s’est juste mis à jammer chacun de notre bord. On pratique dans une bâtisse qui est considérée comme commerciale. Il n’y a pas eu beaucoup de cas par ici. Dès que les commerces ont pu ouvrir, on a pu commencer à y aller, tranquillement. Deux ou trois, en respectant le 2 mètres. Lentement, les guitares et ensuite, le drum s’est ajouté. Quand Steeven peut descendre de Québec, là on se fait un vrai jam. En fin de semaine passée, c’était notre premier vrai jam.
Vous en avez parlé il y a quelques secondes, le nouvel album est donc mixé et masterisé par Dan Swanö, un producteur réputé et un musicien reconnu pour sa participation aux groupes comme Edge of Sanity et Bloodbath. J’imagine que ça prend des contacts, il faut lancer une ligne à l’eau et attendre que ça morde!
JFG : En fait, pour Swanö, c’est une idée qu’on avait en tête. On s’est dit : Pourquoi ne pas essayer? On ne savait pas comment lui, il fonctionnait. En allant fouiller sur le site web, de son studio, on s’est rendu compte que c’est très friendly son affaire. Tout était là, les prix, les coûts et un contact courriel. On l’a contacté par courriel et notre horaire fonctionnait avec le sien. Tous les arrangements fonctionnaient avec nous autres. On lui a envoyé des trucs que l’on avait déjà faits, pour montrer un peu comment on sonne. C’est comme ça qu’on a lancé la ligne dans un sens. Le gars y travaille en masse, autant avec des groupes connus que pas connus. De tous les styles, pas juste du metal. La réponse a été positive, on s’est lancé là-dedans!
JFB : On avait déjà commencé à parler avec Christian Donaldson (producteur et guitariste pour Cryptopsy) pour l’album. Il avait fait l’album précédent. On n’avait rien à l’horaire encore avec lui et quand on fait la comparaison avec ce que demandait Swanö, c’était pas mal dans les mêmes prix. On s’est dit : Why not? Ça va nous faire un son particulier, une production différente et juste le fait de pouvoir dire qu’on a travaillé avec ce gars-là, on s’entend que c’est vraiment tripant.
C’est sûr. Quand on starte un band, quand on monte un projet, on a tous des objectifs. On se dit : si un jour je peux travailler avec telle personne, je pourrai dire, devoir accompli. Est-ce que c’était dans votre bucket list?
JFG : Moi oui, en tout cas! Dans le band, on aime tous la musique. On a chacun nos préférences. Moi, dans le death metal suédois, Dan Swanö, c’est une sommité. Il fallait lui lancer la perche, fallait essayer au moins. Il n’a pas fait que du death mélodique, il y en a derrière la cravate! On a écouté une couple de ses trucs et on s’est dit : C’est beau, il est capable d’aller dans cette direction-là! C’est mission accomplie car si ça n’avait pas marché, on aurait sorti l’album quand même. Tout a fonctionné, c’est vraiment un chic type. Il comprend ce que l’on veut et ça va vite. Il connait son affaire!
Le titre de l’album maintenant, Time for Global Refusal. Vous aviez probablement trouvé le titre avant cette folie liée à la COVID-19. Là, avec toute la désobéissance civile et ceux qui remettent en question les recommandations liées à la santé publique, on peut dire que vous tombez pile!
JFB : C’est sûr que l’album a été enregistré en janvier, on ne savait pas que la COVID-19 allait frapper à ce point. Les pièces et les textes ont été composés avant, c’était aucunement prémédité. J’avoue que le timing fait bien les choses. Dans les propos de l’album aussi, sans vouloir dévoiler le punch, les paroles vont prendre une tournure plutôt différente. Ca fitte bien avec tout ce que l’on vit et subit, mettons.
JFG : Je n’étais pas sûr au début mais avec toutes les mardes qui arrivent, les gens qui se bagarrent pour les masques, tout ça prend du sens. Pas mal, même!
Est-ce que l’on peut dire qu’à Rimouski, il y a beaucoup de désobéissance civile, des gens qui ne portent pas le masque, des rassemblements ou des partys sans la distanciation sociale?
JFB : Ce n’est pas si pire. C’est sûr que notre coin n’a pas été touché, beaucoup. Très peu de cas. La menace était là, je pense qu’en général, les gens ont bien écouté les recommandations. Les gens étaient solidaires et ne voulaient pas prendre de risque.
Moi, de mon côté, quand je voyais les noms des collaborateurs pour votre album, comme dan Swanö au mixage et mastering, Alexandre Goulet pour la pochette et Filip Ivanovic pour le lyric video, on s’entend que vous n’y êtes pas allés avec le dos de la cuillère. Vous n’avez pas décidé d’y aller avec un finissant du DEP en graphisme.
JFG : Pour ce qui est de Filip, c’est la magie de Facebook. On a tous des contacts qui ont des contacts qui ont des contacts. Avec les années, on ajoute des gens parce qu’on sait qu’ils ont des affinités avec nous. Quand on va voir des shows à Montréal, on voit souvent Filip. Sans parler de la pluie et du beau temps, on prend tout le temps des nouvelles et on s’informe face aux projets. On voulait faire un lyric vidéo. On savait qu’il en avait déjà fait un pour Purgatoire, on s’est dit qu’on allait le contacter. Tout à cliquer, ça été ben ben simple. Le graphisme était déjà fait par Alexandre Goulet. Ce sont toutes des perches qui ont été tendues et tout a cliqué!
JFB : Tout a fitté. Filip nos a dit que normalement, il n’en fait pas beaucoup. Ce n’est pas quelque chose qu’il fait souvent mais qu’il allait le faire par temps perdu. Mais pour nous, avec la COVID, on en avait du temps! L’album devait sortir en juin, la date a été repoussée. C’est ce qu’on a dit à Filip : On n’est pas trop pressé!
On a parlé de l’enrobage mais maintenant, si on parle de la viande, ce qu’il y a sur l’album. C’est un death metal, vieille école, vous ne vous réinventez pas. Qu’est-ce vous pouvez nous dire au sujet des pièces?
JFB : On avait déjà notre formule. On écoute toutes sortes d’affaires. Des fois, on aimerait ça amener une petite touche mélodique, progressive mais on s’est dit : Non, à la limite on se fera un autre projet, avec un autre nom. Spirit of Rebellion, c’est notre projet death metal. Avec les années, on a réussi à se trouver une bonne formule, autant au niveau composition qu’au niveau de notre style. On sait quel genre de riffs on a besoin, on sait ce qui va fitter avec Spirit of Rebellion autant qu’on sait ce qui ne marchera pas. On met des choses de côté, et on va peut-être utiliser ça à un moment donné pour un autre projet. On garde notre formule, comme elle est depuis des années tout en essayant de la peaufiner et de la pousser un peu plus loin.
JFG : On dit formule mais c’est surtout que l’on sait ce que l’on ne veut pas mettre sur une production de Spirit of Rebellion. Quand on tombe en processus de travail et de composition, ça se fait bien. Ça nous demande chacun du travail, chacun de notre bord. Ensuite, on monte toutes les tounes en local, avec le band. C’est là qu’on réarrange, qu’on essaie autre chose. On peut se ramasser avec 6 ou 7 versions d’une chanson. Sur cet album, on n’a pas laissé trainer. À chaque chanson, on épurait jusqu’à ce que l’on soit satisfait pour que l’on puisse passer à une nouvelle toune.
JFB : il fallait que toute nous plaise, pas de petit : Ah ouin? Genre un riff qui nous agace.
JFG : On est tout le temps critique. À chaque album, on se dit tout le temps : Hey, on aurait dû faire ceci à la place, on aurait dû faire cela aussi! Pour celui-là, c’est assez unanime. On est tous d’accord sur le fait qu’il n’y a rien qui nous dérange dessus. Même formule mais même travail ardu.
C’est votre deuxième avec Steeven?
JFB : Oui, et ça parait aussi.
Il a gagné en confiance?
JFG : Il savait ce qu’il voulait.
JFB : On a plus appris à travailler avec lui, aussi. Je pense que ça parait. Si on regarde l’espèce de maturité de l’album, les paroles coulent encore mieux. Les textes sont bien placés. Il y a une belle maturité. L’album précédent, c’était sa première expérience studio. Là, pour cet album, ça été beaucoup mieux pour lui. La première fois aussi mais il y avait un certain stress, c’était un domaine inconnu pour lui. Autant au niveau de l’écriture des textes que la composition, ça paraissait que l’expérience entrait.
JFG : Steeven a pris du recul face à ce qu’il avait fait sur l’album précédent. Il a eu le temps de penser à ce qu’il voulait faire. Il a pu amener autre chose. Il est perfectionniste. À la limite, même entêté! Mais c’est une belle qualité car il sait où il s’en va avec ça.
JFB : Comme tu le disais, Steeven est à Québec, nous autres à Rimouski. Souvent, on arrive en studio et on n’a pas toute entendu ce qu’il a fait. Moi, je travaille avec lui. Bien souvent, il va placer les voix sur les tounes. Mais il va chanter « en russe ». Il va juste s’enregistrer juste pour me faire part de ses idées vocales. Comment lui il placerait ça. Après, c’est à mon tour de décortiquer tout ça et de lui écrire des textes, selon les patterns qu’il m’a donnés! Quand on arrive en studio, bien souvent, on n’a pas entendu les tounes avec les paroles complètes. C’est tout le temps une surprise pour nous! À date, on a été agréablement surpris!
Donc, merci beaucoup les gars!
JFB : Merci à vous autres!
Spirit of Rebellion fera le lancement de son nouvel album Time for Global Refusal le vendredi 11 septembre 2020. Ce concert spécial aura lieu en mode Cabaret of Death, au D’Auteuil de Québec. Aussi présents sur l’affiche, The Flaying et le retour d’Agony. Les places sont limitées et on s’entend que ce sera le premier VRAI show depuis un méchant boutte!
Billet : Une Reine et un Wilfrid Laurier! Tu trouves ça au www.ledauteuil.ca