Elder : Entrevue avec Nick DiSalvo, chanteur et guitariste

Elder est une formation américaine qui avait l’habitude de se promener, de pays en pays. Toujours sur la route, Elder était le gagne-pain des membres du groupe qui avaient décidé, d’un commun accord de faire d’Elder, leur raison de vivre. En pleine crise de la COVID-19, le groupe lance un nouvel album, Omens. La tournée qui devait suivre est, comme tu t’en doutes, annulée. Que reste-t-il aux membres du groupe? Beaucoup de temps pour promouvoir cet album et j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Nick DiSalvo, guitariste et chanteur d’Elder.

Vous venez de lancer un tout nouvel album, Omens. Il y avait une tournée prévue mais avec tout ce qui se passe avec la COVID-19, tout est sur pause.  En tant que groupe, comment vous débrouillez-vous avec cette situation plutôt particulière?

C’est vrai que ce n’est pas facile mais du côté un peu plus luisant de la chose, nous pouvons nous dire que nous avons un nouvel album qui va réussir à divertir les gens pendant cette période plutôt, statique. Cet album va nous permettre de garder notre pertinence pour nos fans. En même temps, nous savons que nous manquons une belle opportunité de promouvoir ce nouvel album. La tournée est ce qui nous intéresse, ça coule dans nos veines et c’est vital pour nous. C’est essentiel pour un groupe comme Elder de se produire sur scène. Lorsque nous avons appris la nouvelle, nous avons reçu un choc. La déception a suivi, très rapidement. L’attente se voudra excessivement longue avant que la rentabilité pour les groupes qui survivent beaucoup grâce aux tournées puisse revenir à la normale. Ce sera douloureux, pour tout le monde. En attendant, nous allons continuer d’écrire de la musique.

Nous, chez Boulevard Brutal, nous couvrons énormément de metal plus extrême. Nous avons un consensus face à Elder, votre groupe fait l’unanimité dans l’équipe de la rédaction.  Même si cela peut paraitre redondant, peux-tu nous dresser un léger historique de ton groupe, Elder?

Elder a commencé avec moi, Jack Donovan et Matt Couto, à New Bedford, au Massachusetts, aux environ de 2006. Nous étions très jeunes à l’époque, nous devions avoir environ 17 ans. Nous nous connaissions depuis un bout. Moi et Jack, nous nous sommes connus au primaire. Nous avons découvert le doom, le sludge et le stoner vers cette période. Nous avons voulu émuler ces genres musicaux, immédiatement. Nous nous sommes procurés de l’équipement assez rapidement. Nous avions des instruments merdiques, car c’était tout ce que nous pouvions nous offrir. C’est ainsi que nous avons formé Elder. Avec les années, nous avons été capables de garder le groupe bien vivant malgré le collège, les déménagements et même le fait de quitter pour un autre continent. Que ce groupe ait pu survivre relève du miracle. Nous avons tous vieilli, nous avons grandi et avons trouvé des emplois tout en gardant Elder dans nos têtes. Pendant cette période, nous avons découvert d’autres genres musicaux et certaines expériences de la vie ont fait que nous avons changé notre sonorité. En 2015, nous avons décidé qu’Elder devenait notre priorité et que le groupe devenait notre passion, à temps plein. Dès que nous avons lancé Lore, nous avons commencé à tourner le plus possible. Depuis que nous ne mettons que le focus sur Elder, nous n’avons fait que ce processus qui consiste à sortir un album suivi de faire de la tournée, pour ensuite tout répéter! À la base, notre façon de fonctionner demeure ancrée dans le fait que nous sommes passionnés par la musique que nous créons. C’est un bon résumé, je crois!

Ce nouvel album qu’est Omens est tout simplement génial. Je peux l’écouter plusieurs fois par semaine et parfois, il peut jouer trois fois de suite. J’ai le sentiment qu’à chaque fois que j’entends l’album, je peux entendre de nouvelles subtilités que je n’avais pas entendues les fois précédentes. Vous avez probablement passé beaucoup de temps à écrire et à arranger le tout?

Oh merci! Ouais, les arrangements sont plutôt denses sur Omens. Il y a de nombreuses couches sonores et j’ai même de la difficulté à en entendre quelques-unes dans le mix. Nous avons essayé de garder cette production ouverte et bien claire pour l’auditeur, étant donné que nos productions précédentes se veulent moins claires avec tout ce qui se passe dans la production. Personnellement, je crois que c’est un album idéal pour écouter avec des écouteurs. Si vous êtes des maniaques de sonorité, vous pouvez en profiter et découvrir toutes les petites choses incluses dans l’album. J’ai écrit la plupart des pièces de l’album en enregistrant des démos à la maison. C’est ce qui te donne l’option de construire les pièces et d’en disséquer toutes les parties, comme cela te plait. Chaque pièce d’Elder est une œuvre de passion et d’amour, et elles contiennent de nombreuses heures de travail!

Sur Omens, toutes les chansons vont bien ensemble. Nous avons l’impression que c’est un album concept. Je me demandais si vous aviez des chansons en extra, qui n’ont pas été incluses dans l’album?    

Nous avions prévu d’autres interludes qui devaient aller entre les chansons, pour unifier le tout de façon à ce que cela devienne plus, harmonieux. En fin de compte, nous avons manqué de temps et nous n’avons pas pu enregistrer ce que nous avions prévu. Nous avons dû abandonner du matériel qui était prévu à la base, un peu d’extra mais rien qui ne pourrait compromettre l’album. Je suis certain que tout ce matériel pourra se retrouver sur une autre production. De plus, nous avons un peu plus d’une heure de matériel en extra. En gros, c’est le groupe en train d’improviser. Omens, avec ses 55 minutes, c’est une bonne dose de musique pour le commun des mortels mais je dois avouer que je suis un peu déçu que l’on n’ait pas été en mesure de réaliser le plan initial et d’élargir le concept. Peut-être sur le prochain album.

Je n’aime pas vraiment apposer une étiquette sur des groupes, c’est limitatif un peu. J’imagine que vous devez détester en recevoir aussi mais lorsque j’écoutais Omens, j’entendais des similarités avec Kyuss, Pallbearer et Baroness. Mais en même temps, et ça demeure très personnel, j’avais l’impression d’entendre un peu de Sunny Day Real Estate, surtout lors des passages plus planants et « ensoleillés ». J’ai en tête la chanson One Light Retreating. Suis-je dans le champ?   

Beaucoup de gens nous ont fait la remarque que les voix, sur Omens, sont très « emo ». Personnellement, ce n’est pas ce que je perçois. Je ne m’attendais pas à ce genre de commentaire. J’ai vraiment voulu travailler les portions vocales pour les rendre encore plus intéressantes. Je voulais des lignes vocales plus claires et que la voix devienne un instrument, plutôt qu’un élément qui ne fait que se retrouver en arrière-plan. Apparemment, ma façon d’amener les mélodies vocales semble rappeler aux gens la touche « emo ». C’est probablement lié au timbre de ma voix en plus du fait que les pièces sur Omens sont dans des tonalités différentes que ce qu’Elder a l’habitude de proposer. J’ai passé beaucoup de temps à essayer de nouvelles gammes avec ma voix, des dimensions qui n’étaient pas utilisées par le groupe avant. Pour être honnête, les comparaisons ne me dérangent pas. Je n’hais pas Sunny Day Real Estate et j’écoute beaucoup de rock alternatif que la grande majorité des fans d’Elder détesterait! La musique d’Elder doit être émotive, pas « dure ». Donc, tout ça fait du sens pour moi.

L’année dernière, vous avez lancé le mini-album du nom de The Gold & Silver Sessions. Que peux-tu nous dire face à cet enregistrement?   

Les gens du label Blues Funeral nous ont demandé si nous étions intéressés à contribuer à une nouvelle série de vinyles disponibles uniquement par abonnement. Nous avons cru que c’était une bonne opportunité de faire un album différent avec une sonorité qui s’éloigne légèrement de ce qu’Elder peut proposer. Nous avions quelques idées ici et là, des trucs très influencés par le krautrock mais plutôt simples. Nous les avons rehaussées lors de quelques répétitions et en tournée. Lors d’un arrêt à Berlin, nous nous sommes arrêtés chez un ami qui possède un studio. Nous avions une semaine libre et nous sommes restés trois jours à son studio. Une journée pour enregistrer lors de sessions « live », une journée pour enregistrer les ajouts et une pour peaufiner avec les claviers. C’était tout!  Une belle excuse pour sortir de notre zone de confort, c’était vraiment plaisant à faire. Nous voulions faire quelque chose de différent. C’est environ ça.

Lorsque tout reviendra à la normale, à quoi pourra-t-on s’attendre de la part d’Elder pour la fin de 2020 ou début de 2021?

Nous sommes plutôt impatients de présenter le nouveau matériel sur scène. Elder est un groupe de scène, il faut que ce soit lourd et puissant. Jusque-là, nous regardons les nouvelles et nous nous croisons les doigts. En attendant, prenez soin de vous. C’est ce qu’il y a de plus important!

Merci Nick!

Merci à vous!