Unreqvited : Les prouesses face à la détresse

As-tu déjà été dans le bois? Mais vraiment dans le bois, creux et loin. Pas la pinière derrière ton IGA. Dans le bois. C’est loin, encore plus loin que ça. Pas d’électricité, pas d’eau courante. Imagine une cabane dans ce bois, une cabane délabrée qui a vu plusieurs hivers.

Au départ, tu as laissé ta voiture sur le bord du chemin, tu as marché pendant trois longues heures à t’enfarger les guiboles sur des arbres tombés. Des branches tombantes effleuraient ton visage et restaient prises dans ta barbe. Plus tu avances, plus tu entends une voix. Courroucée, elle est à peine perceptible mais tu tends l’oreille.

Tu accélères le pas mais le gémissement est encore flou. Au loin, tu vois la cabane, elle devient plus visible à mesure où tu t’en approches et ce cri devient plus clair. Il y a clairement quelqu’un qui hurle. Ce cri laisse sous-entendre une douleur atroce, un abandon total face à la vie et une fatigue excessive.

C’est le sentiment qui ressort face à mon écoute de cet album d’Unreqvited, le projet d’un musicien d’Ottawa qui œuvre dans le genre black métal dépressif et suicidaire. Axée sur les ambiances glauques et célestes, la proposition musicale de celui qui opère sous le pseudonyme de 鬼 (ce qui voudrait dire « Fantôme ») pourrait se rapprocher légèrement de ce qu’Alcest peut offrir, surtout sur la première portion de l’album.

Avec une pièce comme Pale, on retrouve même du piano tandis que sur Disorder, c’est une guitare acoustique qui nous berce tendrement avant de rechuter dans les méandres. Lorsque les subtilités sont mises de côté, Unreqvited nous remet en mode black metal aux miroitements qui nous catapultent l’angoisse, l’isolement et l’abandon, le tout accentué par cette voix si furibonde. 

Les deux pièces offrent beaucoup plus de scintillement que sur le reste de l’album qui se veut lugubre mais tout de même, teinté d’un léger espoir.

En guise de finale, on plonge dans un univers sinistre, digne du jeu Silent Hill. C’est gris, assombri et anxiogène comme proposition instrumentale avec Transience I – The Ambivalent, plus éclairci avec Transience II – The Gentle Void mais la panique reprend avec Transience III – The Static… comme lorsque ton émetteur-radio se met à gricher, pendant que tu cherches ta fille, Cheryl.

Bref, ce n’est pas un album ensoleillé, et c’est parfait de même!

L’album Mosaic II : La Déteste et la Détresse est disponible depuis quelques semaines.

www.facebook.com/unreqvited/