Scare : se verser des pichets de draft sur la tête comme remède à l’anxiété

Le groupe hardcore Scare a lancé le convaincant Not Dead Yet, Probably en octobre. Le groupe roule sa bosse depuis avec des dates aux quatre coins de la province, mais ce soir, c’est devant sa crowd, à Québec, que le groupe se produira. Et pas avec n’importe qui en plus : le groupe foulera la scène avant Cancer Bats. Rien que ça.

Le Boulevard a jasé avec Phil et Gab, respectivement chanteur et guitariste du band.

 

BB – Pour un groupe de hardcore, jouer avec Cancer Bats c’est quand même une vitrine importante, vous avez hâte?

Gab – C’est pas notre première fois avec eux. On serait allé.e.s les voir anyway [rires]! En plus d’être un band qui nous rejoint tous (ce qui n’arrive pas si souvent), ils sont vraiment chums. Soirée de feu en perspective! Party!

Si les shows de Cancer Bats sont connus pour les prestations énergiques du chanteur Liam Cormier, les shows de Scare sont plusieurs coches au-dessus en intensité. Croyez-nous sur parole. Phil provoque la foule, alimentant le bordel ambiant en s’exposant, lui et l’ensemble du groupe, à une déferlante de fluides (bière sang, sueur, crème à raser?!) de cris et bonnes vieilles taloches fraternelles. Quand on lui rappelle, il rit un peu nerveusement.

Phil – C’est toujours très chaotique, on essaie de faire embarquer le monde, pis moi j’en rajoute avec mon attitude baveuse. J’essaie de ramener la manière très old school du hardcore d’interagir avec la foule. On fait partie de la foule, pis la foule fait partie du show. Ça me dérange pas de me faire cracher dessus pour casser ça, l’espèce de hiérarchie. À la fin, on est tout mouillé, mais on a tout donné. C’est une expérience complète.

Gab – Se faire cracher de la bière d’in yeux pendant un solo, ça reste difficile quand même [rires].

 

BB – Sur scène vous allez présenter les pièces de votre LP paru cet automne. Les thèmes de l’album sont assez sombres, il est beaucoup question d’anxiété et de dépression. Comment ça se vit au sein du groupe?

Comment vous décrivez votre album? Par rapport à ce que vous faisiez avant?

Gab – L’anxiété nous tient en vie : c’est le moteur principal du groupe, mais celle-ci est vraiment canalisée dans le processus de création. On s’en sert comme levier, pour communiquer notre urgence de vivre et la transformer en quelque chose de gratifiant.  Au final ça fait quand même de la musique défoulante et assez le fun.

Phil – Ce que je voulais apporté avec les textes, c’est l’idée que c’est normal d’être down et que c’est parfois difficile d’apprendre à vivre avec cette noirceur qu’on a en nous. Mais il y a toujours un moyen de canaliser cette dualité.

 

BB – Vous avez quand même mi un certain temps pour accoucher de cet album, est-ce que sa création a été aussi difficile que les paroles que vous avez mises dessus?

Gab – On l’a fait dans un contexte de chamboulement. Ça pas été reposant, mais au final on a réussi à tirer le meilleur du processus.

Phil –  On a dû composer une grosse partie de l’album sans Gab (guitare, basse) et Jim (basse) nous a annoncé qu’il quittait le groupe. On ne voulait pas arrêter, alors on a essayé une formule sans bass avec un octaver, mais on trouvait qu’il manquait quelque chose, alors on a travaillé plus fort. En gros, l’album a pris une tournure plus sombre et dépressive une fois l’annonce du départ de Jim.

 

BB – On va prendre deux secondes pour clarifier des trucs que j’ai lu dans vos remerciements de pochette : le violoncelle? Les commotions cérébrales?

Phil – Ouais, y’a du violoncelle sur une track. On aime ça ajouter des instruments qu’on retrouve pas d’habitude sur un album de hardcore.

Gab – Et ç’a crée des collaborations improbables et ça fait souvent des belles rencontres.

Phil – Pis pour les commotions, c’est plus un secret pour l’entourage du groupe que je m’inflige des fois des sérieux coups à la tête [rires nerveux] pendant les shows. Tsé pour que Keith Kouna vienne me voir un soir et me dise «crime, tu feel rock»…

 

Scare c’est ce soir à Québec à La source de la Martinière avec les chums MHEDVED et les toujours d’adon Cancer Bats. Si t’as pas le temps de monter dans le 418 ce soir, écoute Not Dead Yet, Probably, un album de hardcore puissant, truffé de références improbables (Elvis sur une île déserte, un conspirationniste nommé Giorgio, etc) et livré avec une authenticité punk à la fois sauvage et lucide. Tu t’ennuieras pas.

Merci à Gab et à Phil!

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About Jean-Simon Fabien

Journaliste, chroniqueur @CamuzMontreal, clé à molette, fan de stoner-rock et des Maple Leafs du Toronto (mettons...). J'ai mon bac brun dans #RosePatrie aussi