Sepultura: Ils étaient quatre…

Si tu es de ceux qui disent : « Sepul’ sans les Cavalera, c’est de la marde! » eh bien vous devriez arrêter votre lecture ici, car vous ne retrouverez pas de réconfort dans ce billet métallique. C’est certain que ce n’est plus pareil qu’en ‘91, sauf qu’il faut en revenir. Vous savez, Max Cavalera a quitté le groupe il y a 24 ans. C’est pratiquement un quart de siècle…   

Sepultura lancera, le 7 février prochain, son 9e album avec Derrick Green. Est-ce que cet album concept du nom de Quadra va attiser votre rage face à cette version du groupe? Probablement. Allez-vous retrouver le sentier de l’amour envers cette formation brésilienne? On ne sait jamais!

Certains ont continué de suivre le groupe et de nouveaux amateurs se sont greffés à la Sepul Nation, ce qui fait que les Brésiliens ont encore le bassin de fans nécessaire pour poursuivre une carrière. Donc, ceux qui sont demeurés des fidèles du quatuor pourront se délecter amplement car ce nouvel album se veut vraiment intéressant pour Sepultura.

Le concept de cet album tourne autour du nombre 4. De nombreuses choses sont divisées en 4, comme les points cardinaux ou les saisons. Quadra, en tant qu’album est lui aussi divisé en 4 parties.    

Sachant que Quadra sortirait en format vinyle double, cela voulait dire qu’il y aurait 4 faces de lecture. Une idée s’est donc présentée dans la tête d’Andreas Kisser! L’occasion se voulait parfaite pour lui de monter un album qui allait se diviser en quatre portions distinctes mais qui gardent une certaine ligne directrice.

Quatre portions qui comprennent chacune 3 chansons, un grand total de 12 pièces pour cet album. La première portion comprend Isolation, Means to an End et Last Time. Ce premier quart propose le matériel plus abrupt, plus thrash. La partie suivante propose Capital Enslavement, Ali et Raging Void. C’est celle qui correspond à la dimension plus percussive de Sepultura, celle où l’on retrouve leur fibre plus folklorique avec des tamtams qui nous rappellent Roots.

La troisième phase est la plus intéressante. Nous retrouvons le groupe dans une sphère métallique qui se veut plus expérimentale et progressive avec Guardians of Earth, l’instrumentale The Pentagram et Autem. L’album ferme ses livres avec Quadra, Agony of Defeat et Fear; Pain; Chaos; Suffering et nous allonge des chansons plus mélodieuses et quelques passages acoustiques.

Cette façon de travailler s’est avérée difficile pour les quatre musiciens. La tâche se voulait titanesque et il semble que le réalisateur de l’album Jens Bogren ait poussé les musiciens pour qu’ils puissent livrer une performance hors du commun. Sa touche européenne est palpable tout au long de l’album mais c’est surtout dans la portion progressive de Quadra que nous pouvons ressentir les subtilités avec des ajouts de voix célestes et épiques en plus de quelques parties musicales classiques.

Le trio thrash metal qui ouvre l’album est efficace et précis. Andreas Kisser est encore un as dans l’exécution et Eloy Casagrande produit un jeu fluide au niveau des percussions. Lors de la portion plus folklorique, c’est lors de la chanson Raging Void que l’on remarque la justesse dans la voix de Derrick Green. Il alterne entre son grain plus acerbe et sa voix claire, ce qui nous permet d’apprécier grandement sa versatilité.   

Avec son introduction en mode flamenco, Guardians of Earth se métamorphose à plusieurs reprises pour nous faire visiter plusieurs horizons musicaux. Les progressions s’imbriquent parfaitement, nous permettant d’en apprécier sa perspicacité et la richesse qui en découle. Agony of Defeat est la pièce qui ressort complètement du lot. Avec des cordes, des voix célestes en accompagnement et un Derrick Green qui s’exécute en mode multi-niveaux, cette chanson est juste bien cadencée entre les progressions naturelles, le metal et les atmosphères épiques.   

La finale est proposée avec Fear; Pain; Chaos; Suffering, où Sepultura a invité Emmily Barreto de Far From Alaska, une formation qui n’a aucun lien avec le metal. Groupe du Brésil qui œuvre dans un domaine plus pop-rock, nous n’avons aucunement l’impression qu’Emmily provienne d’une sphère musicale différente, étant donné que sa voix se moule à la perfection à cette chanson.

Donc, si vous vous êtes rendus jusqu’ici au niveau de la lecture, c’est probablement que le Sepultura de 2020 se veut encore pertinent pour vous. Avec mes écoutes de Quadra, ma conclusion serait la suivante : ce disque n’aurait jamais pu se faire avec la présence de Max Cavalera et que le Sepultura des années ’80 et ’90 est toujours vivant avec Soulfly.  

De mon côté, les deux groupes m’offrent une certaine satisfaction et de voir Andreas Kisser s’épanouir totalement sur un album comme Quadra m’aide encore (et toujours!) à tourner la page face à cette saga… ce que certains devraient faire aussi!

https://www.sepultura.com.br/

Photo : Marcos Hermes