At the Gates : Entrevue avec le chanteur, Tomas Lindberg

Lors du passage en formule doublée pour Amon Amarth, moi et mon fils Renaud avons eu l’opportunité de passer une bonne partie de la fin de l’après-midi avec les quatre groupes présents sur l’affiche. Nous avons fait des entrevues et voici la troisième du lot, celle avec le chanteur d’At the Gates, Tomas Lindberg. Il nous a accueillis dans l’autobus de tournée du groupe. Il arrivait de prendre une marche et il semblait bien content de recevoir un peu de visite. Après avoir offert un Coca-Cola à Renaud, il m’a demandé si je désirais une bière! Demande donc à un cheval s’il veut de l’avoine! Il m’a laissé accès au réfrigérateur et je me suis choisi une Cold, de la microbrasserie Trve Brewing, du Colorado. Crack! C’est ouvert. On commence!  

L’autre matin, mon père me demandait ce que j’écoutais dans mon iPod. Je lui ai dit que j’écoutais du At the Gates car je voulais relaxer. Est-ce que tu entends souvent ce genre de commentaire face à ta musique?

Si les gens écoutent beaucoup notre musique pour relaxer. Hum…  Pas très souvent, je dois l’avouer. Encore moins par un enfant, hahha! Il y a des gens qui me racontent qu’ils écoutent notre musique lorsqu’ils s’entrainent au gym ou lorsqu’ils courent. Mais pour moi, lorsque j’étais légèrement plus vieux que toi, j’avais une routine du soir plutôt particulière. Je m’endormais en écoutant du death metal. Je peux comprendre le concept.  Est-ce que ça te permet de te sentir mieux, de te relaxer et de te sentir plus calme?

Oui, c’est ça.

Donc, pour nous, c’est bien d’entendre ça. Certains vont apprécier le metal pour laisser passer la colère et se défouler. Mais si pour toi, c’est une façon de te relaxer, c’est tout simplement génial.

Quel âge avais-tu lorsque tu as commencé à écouter de la musique metal?

Ça dépend. Si je considère un groupe comme KISS, j’avais 7 ans environ. Mais ce n’est pas un groupe metal, c’est plus hard rock. C’est à 11 ans que j’ai découvert Judas Priest et Iron Maiden. Je viens, et c’est la même chose pour ton père, de cette époque d’avant l’internet. Nous devions aller dans un magasin de disques pour acheter un album. Nous devions l’amener à la maison, l’écouter et en tirer nos propres conclusions. Maintenant, tout peut se faire en ligne. Essayer de nouveaux groupes, c’est plus facile!

En plus d’être un journaliste metal, mon père est aussi un enseignant. Est-ce vrai que toi aussi, tu es un enseignant?

C’est effectivement vrai. Quand je suis à la maison, je travaille comme enseignant. Lorsque je suis en tournée avec At the Gates, comme en ce moment au Canada et aux États-Unis, je suis encore en train de travailler. J’ai ce que l’on appelle une tâche de 20%. Tout se fait en ligne, par internet. Lorsque mes élèves ont des examens ou des dissertations, ils me les envoient par internet. De mon côté, je les corrige ici, dans notre autobus de tournée. Donc, je travaille beaucoup car en plus de chanter sur scène, je dois aussi effectuer de la correction et ce, à tous les jours. Parfois, les autres membres sortent pour faire la fête mais moi, je dois rester dans l’autobus pour corriger! C’est bien, j’adore ça. Toi, tu ne veux pas devenir un enseignant?

Non.

T’occuper d’enfants bruyants?

Oh non!

J’aime vraiment l’enseignement car je peux voir le progrès de mes élèves, leurs forces et leurs faiblesses. Comme enseignant, on peut faire la différence et c’est un sentiment fantastique.

YKT : (Question à Renaud) Aimerais-tu avoir Tomas comme professeur?

Renaud : Peut-être. Ce serait bizarre…

De toute façon, à ton âge, tous les professeurs sont mauvais! Et ton père doit te dire d’écouter ce que les profs te disent?

Renaud : Oui, tout le temps! Ma prochaine question parle de l’un de mes groupes préférés, Voïvod. Vous avez fait un split avec eux. Que peux-tu me dire sur ce projet?

Hum. Nous sommes à Montréal, au Québec. Au Canada. C’est la place de Voïvod, je dois faire attention à ce que je vais répondre! Hahha! À la base, c’est un groupe que je respecte totalement. C’est le premier groupe qui a décidé de faire les choses autrement. Ce que Voïvod propose, c’est toujours différent. Ils ne suivent aucune mode ou tendances. À leurs débuts, à l’époque du speed et du thrash metal, ce groupe m’inspirait beaucoup. Et de quelle façon? Ils m’ont démontré que tout était possible. Qu’il n’y avait pas de règles à suivre, ni de conventions dictées par l’industrie musicale. Je suis un fan du groupe et lorsqu’on nous a proposé de faire un vinyle avec eux, c’était un honneur pour At the Gates.  Tu sais, nous sommes trois dans le groupe à avoir des tatouages de Voïvod!

Est-ce que c’était difficile de travailler sur votre dernier album étant donné que vous aviez perdu votre guitariste, Anders Björler?

C’était plus de travail. Un travail, je dirais… plus difficile, pour le reste du groupe. Lorsque vous prenez le temps de lire qui a écrit quoi sur les vieux albums d’At the Gates, vous vous rendez compte que c’est notre bassiste Jonas Björler qui écrivait la moitié des chansons. On croit souvent que c’est le guitariste soliste qui écrit la plupart des chansons mais ce n’est pas le cas dans tous les groupes. Anders et Jonas sont des frères-jumeaux. Ils se partageaient le travail dans le groupe. Chacun écrivait sa moitié, c’était du 50/50! Donc, avec le départ d’Anders, nous savions déjà que ce n’était pas une catastrophe en tant que tel mais Jonas allait devoir travailler en double. C’était certain que le tout serait plus difficile mais nous avons pris le tout comme un défi, mais un défi amusant. Tu sais, c’était comme retourner à l’école lors de la rentrée scolaire : nous devions travailler encore plus fort et ce, à chaque jour. Mais c’était le fun! Le résultat est plus que satisfaisant, nous en sommes très fiers.

Même si tu chantes dans un groupe death metal, tu ne parles pas de zombies, de monstres et de tueries. Qu’est-ce qui t’inspire lorsque tu écris des paroles?

Nous sommes des amateurs de musique. Nous aimons de nombreux genres, pas seulement le metal. Certains membres du groupe ont des racines bien prises dans le punk rock. Étant donné que chaque membre du groupe a grandi en écoutant des styles musicaux différents, nous n’avons pas une seule ligne à suivre. Comme je te le disais pour Voïvod tout à heure, j’aime bien faire ce qui est inattendu, tu vois? Avec ce qui se passe sur la Terre, les catastrophes et la politique, les sujets ne manquent pas. C’est très facile de trouver de l’inspiration étant donné qu’il se passe de nombreuses choses sur Terre. Ce sont des choses négatives, malheureusement. Je lis beaucoup, beaucoup de livres. Même la littérature m’inspire. Si l’un de mes groupes préférés chante au sujet de zombies qui mangent des humains ou d’un massacre, ça ne me dérange pas mais il faut que ce soit bien écrit! Je suis capable d’apprécier. Mais pour moi, lorsque j’écris des paroles de chansons, il faut que ce soit un challenge, que ça demande une bonne dose de réflexion. C’est quelque chose qui demande plus de travail mais qui se veut gratifiant à la fin.

Sur votre dernier album, la première chanson a un titre qui est en allemand. Sur At War With Reality, il y a une chanson avec un titre en espagnol. Aimerais-tu essayer un titre en français pour le prochain album?

Wow! Tu sais, j’ai déjà eu des cours d’allemand à l’école. Même chose pour l’anglais. Jamais pour l’espagnol et c’est le même constat pour le français. La langue française est très difficile, remplie de particularités. Elle se veut très difficile à apprendre. D’avoir un titre en français? Ce n’est pas impossible. Les deux titres dont tu parles, il n’y a aucune des paroles qui ont été écrites par moi. Avec Der Widerstand, qui se traduirait par La Résistance, elle est instrumentale. Avec El Altar del Dios Desconocido, qui se traduirait pas l’Autel du Dieu Inconnu, ce sont des paroles qui viennent de l’auteur Ernesto Sabato. Ce sont des titres inspirés par des livres. Ce sont deux pièces qui se veulent des introductions. Il n’y a qu’El Altar del Dios Desconocido qui possède une narration. Ce sont des pièces qui proposent des atmosphères car elles proposent une autre langue. Lorsque nous jouons dans des pays hispanophones et que nous laissons jouer l’intro El Altar del Dios Desconocido, les gens deviennent totalement fous! Ils comprennent mieux le texte que nous! Mais pour ce qui est du français? Je ne sais pas. C’est une langue excessivement difficile. Peut-être que sur le prochain album, je serai inspiré par un texte de Baudelaire! 

Je n’ai plus de question!

Ah oui? Mais en tout cas, tu avais d’excellentes questions.

Merci Tomas!

Merci à vous. Et la bière?

YKT : Elle était parfaite!

http://atthegates.se/