Depuis le dernier concert du groupe à Montréal, je suis en mode redécouverte face à Amon Amarth. Mon fils m’accompagnait lors de ce concert et il a passé en entrevue tous les groupes lors de cette visite. Lui, il allait voir Grand Magus. En sortant de là, il avait un t-shirt d’Amon Amarth, une couple de picks et une soif face à la découverte du groupe.
Le lendemain matin, je lui remplissais son iPod avec tous les albums du groupe. En ressortant cette collection, je me suis remis en mode Amon Amarth. Je plie du linge, je me clanche The Crusher. Je fais de la correction de tests de maths, j’écoute Versus the World. Je lave la vaisselle, je mets de l’eau partout car je propulse ma lavette bien haute au plafond en écoutant Once Sent from the Golden Hall!
Je me rends compte que ce sont tous des albums qui ont excessivement bien vieilli et qui ont passé le test du temps. Très bien même.
Oui, il reste qu’Amon Amarth est souvent perçu comme les AC/DC du death metal mélodique, étant donné les similitudes qui existent entre les albums. Mais il y a une différence audible entre les premières productions du groupe et les plus récentes. Le son est plus peaufiné et harmonieux. Certains les relèguent au rang de « vendus » car ils ont délaissé le côté brut des débuts pour y aller avec des mélodies plus cristallines, depuis le milieu des années 2000 avec l’album Fate of Norns.
D’autres décrient la gimmick viking, la présence d’un drakkar sur scène sur certaines tournées. Il y a aussi les combats entre guerriers qui se retrouvent lors des prestations d’Amon Amarth,depuis que le groupe est en position de fermer les soirées.
Mais moi, de mon bord, j’ai un amour inconditionnel pour ce groupe. C’est une passion virulente, un truc indélébile. Comme le disait René Martel : « Un amour qui ne veut pas mourir! » et depuis peu, je commence à mieux le comprendre et capable d’identifier la genèse.
Pour bien comprendre, il faut se reporter au mois de septembre 2001. Plus précisément, lors des évènements qui ont changé notre société moderne avec ce qui s’est passé à New York le 11 septembre.
Après les attentats, les avions sont demeurés cloués au sol. Inquiétude générale, changements drastiques et mesures sécuritaires additionnelles dans les aéroports; nous étions tous dans les limbes. Les formations annulaient les tournées, les concerts prévus étaient soient déplacés à une date ultérieure ou tout simplement noyés dans notre esprit.
Une question demeurait : À quel moment le tout allait reprendre la normale?
Lueurs d’espoir! Des tournées réussissent à demeurer sur leurs pattes poilues. Il y a celle de The Haunted et Witchery qui tient la route. Un concert est même présenté aux Foufs. De plus, une visite surprise d’Enslaved avec Electric Wizard a eu lieu en décembre, une semaine avant noël. On retient notre souffle car la venue de Slayer au Metropolis était toujours prévue!
Prévu le 20 novembre 2001, l’Ultimate Blasphemy Tour devait s’arrêter aux Foufounes de Montréal. Cette tournée nord-américaine proposait Marduk avec, en ouverture, les groupes Amon Amarth et Diabolic. Pour cet arrêt montréalais, le promoteur de l’époque, BCI, avait pris la peine d’ajouter les formations québécoises Soul of Darkness et Blinded By Faith.
Comme de raison, la tournée a été reportée.
Avec une nouvelle date qu’était le 20 janvier 2002, nous avions tous poussé un soupir de soulagement car nous sentions que l’activité métallique reprenait. Nous attendions d’un pied ferme la venue de cette tournée et de plus, nous avions prévus une bastonnade épique car Soul of Darkness était un groupe qui comprenait une couple de mes chummys et de plus, le 20 janvier est mon anniversaire.
Ce serait donc, épique! Nous avions l’impression d’être secouru par une horde de combattants suédois qui venaient nous tendre le bras en hurlant : « Le metal ne se laissera pas faire par le terrorisme. Nous vaincrons, par Odin! »
Coup de théâtre! Marduk et Diabolic n’y seront pas! Les deux formations n’ont pas obtenu la paperasse nécessaire pour pouvoir participer à l’évènement. Les temps sont difficiles et nous en avons, une fois de plus, la preuve.
Question de minimiser la peine des amateurs de Marduk, on leur offre un remboursement de 8$ à la porte. Un remboursement complet est disponible mais la majorité décide de prendre le 8$ et d’y aller avec deux Labatt 50 en retour.
Amon Amarth en était à leur première visite à Montréal. En promotion pour The Crusher, il serait excessivement cucul de dire que les gens présents dans la foule ont eu un immense « crush » pour la horde vikingesque.
Le groupe se retrouvait en tête du concert. Des pièces de Once Sent from the Golden Hall et The Crusher ont été jouées. La foule était en pamoison face aux prouesses du groupe. Cette première rencontre, dans ce froid hivernal québécois, se voulait mémorable.
Deux rappels et un pit monstrueux, il ne restait plus rien par la suite…
C’est à ce moment précis que ma passion pour Amon Amarth a pris forme. Comme de véritables déprédateurs, ils avaient réussi à se faufiler jusqu’ici pour offrir l’anéantissement total. En cette période tumultueuse sur le globe, il y avait de nombreuses remises en questions et on cherchait de nouvelles stratégies face à ce qui allait suivre dans le domaine musical.
En ayant quelques groupes européens en visite, ceci nous a redonné cette vitalité nécessaire pour passer au travers mais c’est surtout la rigueur imposée par Amon Amarth qui a su passer le test du temps.
La fougue développée lors de cette soirée colossale s’est perpétuée avec les années, nous laissant un groupe qui a su implanter ses standards de qualité, depuis tout ce temps.
Sachant que le groupe voyageait dans des conditions plutôt extrêmes en plein cœur de l’hiver est venu accentuer cette image de guerriers d’Amon Amarth. Ce sauvetage réussi, face à cette période anémique du domaine métallique sur scène, est rempli d’une reconnaissance indéniable, de ma part.