-Salut Zach, c’est le Boulevard pour l’entrevue.
-Cool man, écoute, je vais me déplacer un peu, parce qu’il y a du bruit ici, je suis au gym.
C’est le genre de réponse que tu souhaites toujours te faire donner par un gars qui joue du deathcore, mais en vain. Fak, on est allé se chercher un billet de loto les boys du HQ. Pis non, on lui a pas demandé s’il benchait plus que les boys de Dyscarnate.
Donc, on a joint Zach Householder qui joue de la guitare dans Whitechapel. Le groupe qui roule sa bosse depuis plus de dix ans lance à la fin du mois The Valley un album concept sur l’enfance du chanteur Phil Bozeman. Les quelques extraits à avoir été coulés sur le web ont plu aux fans de la première heure, mais le guitariste suggère de ne rien prendre pour acquis, car ce prochain album est très diversifié.
Entrevue avec un vétéran du deathcore
Zach, t’es pas un membre fondateur de Whitechapel, mais t’es là depuis 2007. T’es arrivé dans le groupe à une époque où la scène et l’industrie étaient pas mal différentes. C’est quoi que t’observes comme changements?
À moins de vivre la tête dans le sable, je pense que tout le monde s’entend pour dire que l’industrie ne va pas bien. On est dans une époque qui veut de la quantité pas de la qualité. Les standards diminuent tout le temps et pratiquement n’importe qui peut devenir célèbre avec une chanson, du jour au lendemain.
Tu parles des soundcloud trappers là?
Non man, c’est malheureusement le cas dans le métal aussi. Comme il est de plus en plus difficile de monétiser sa musique avec les sites de streaming, les compagnies de disque coupent dans les budgets d’enregistrement, de vidéos et de tournées, etc. Bref tout le monde coupent dans les coûts, les diffuseurs et les promoteurs aussi ce qui fait que pas mal de groupes sont maintenant obligés de jouer dans salle de marde.
C’est vrai que les gros promoteurs font de moins en moins de shows en salles… on dirait que l’industrie a aujourd’hui une approche tout pour les festivals… as tu remarqué ça?
Ah man, les festivals… c’t’une esti d’arnaque. Il faut que les bands arrêtent d’accepter ça. Tout le monde doit arriver tôt pour les soundchecks, mais les plus gros bands sont pognés pour rester jusqu’à la fin de la journée pour déloader. Je comprends que tout le monde doit être payé pour sa musique, mais ça, ça n’aide vraiment personne dans l’industrie.
Je suis persuadé que si un promoteur offre un bon package, dans une bonne salle, avec un nombre limité de groupe, pis du bon son, que le public va suivre man. Je le crois fermement.
Penses-tu que comme vous êtes des vétérans de la scène ça vous rend plus sélectifs pour les shows?
Il y a davantage d’obstacles, plus de contraintes qu’avant pour nous. Quand on part en tournée, il y a un stress maintenant qui n’était pas là au début. On n’est ni en vacances, ni sur le party. Il faut être prêt à tout parce que sur la route, tu veux pas te faire prendre les culottes à terre avec un imprévu. Et on gagne notre vie avec ça aussi, ça aide à prendre des décisions.
Ce côté professionnel, comment vous vivez avec?
Je dirais pas que le fait de vivre de la musique enlève de la magie, parce que c’est pas tout à fait ça que je ressens, mais c’est sûr qu’on est maintenant des professionnels de la musique et que donc, c’est un travail. Alors, ouais, y’a du stress qui vient avec ça autant en studio qu’en tournée.
Si on revient maintenant sur The Valley qui sort d’ici trois semaines, que peux-tu nous en dire?
On a voulu garder le cap en continuant à se pousser et à ne pas se prendre pour acquis. Tu sais, le deathcore peut être un genre assez rigide, mais on veut donner l’exemple que c’est okay de ne pas vouloir faire du surplace.
T’sais, quand on jam, on ne le fait pas dans le but de faire du deathcore et je pense que les fans comprennent ça. Évidemment qu’il y a des éléments de ce style dans notre musique, mais on est tellement pas là. Et je le dis pas méchamment en pointant des groupes qui se dédient à ce style-là, non. Mais nous on est ailleurs et on veut faire évoluer notre son.
Mais The Valley sera pas pour tout le monde. Y’a de tout là-d’ssus man, «it’s all over the place».
En attendant The Valley, oubliez pas de bien vous étirez avant de faire vos séries au gym.