Même s’il n’a hélas pas beaucoup été là pour toi, sur Boulevard Brutal cette année, mononc’ Kristof t’a fait un beau petit palmarès pareil. D’abord parce qu’on ne peut pas dire non à Sebbrutal, et parce que l’exercice de réfléchir à tout ce qu’on a écouté depuis janvier, c’est vraiment plaisant pour n’importe quel mélomane se respectant. ‘Fait que voilà 10 albums qui ont pas mal joué dans mes oreilles + 5 shows parmi les plus heavy que j’ai vus cette année, parce que tu le mérites bien, mon p’tit câline. Rien de bien propre, bien évidemment. Du gras, du brun, du crade et de l’épeurant.
6 6 6
Mes 10 meilleurs albums
JOHN CARPENTER – Anthology
Non, mais t’sais, tu penses qu’à 69 ans, ce vintage et hirsute réalisateur, ne sait plus rocker? Détrompe-toi mon chum. Après deux albums de musique originale, on tombe dans les reprises, alors que l’artiste et son fils Cody (aux claviers) tripent toujours avec le filleul du premier, Daniel Davies (fils du guitariste de The Kinks), à la six cordes. Sur cette compilation de « succès souvenirs », on nous offre une belle sélection de thèmes issus de la filmographie aussi fantastique qu’horrifique du maître, que le trio a récemment réenregistré. Un spoiler : ça sonne en ta’. Souvent, le résultat lorgne du côté du rock progressif, avec un penchant assumé vers l’électro glauque (du clavier mur à mur, des mélodies inquiétantes). Parfois, on pense à la Goblin ou à King Crimson, lorsque ce n’est pas carrément blues hard rock. Avec ce disque, ça sera l’Halloween à l’année dans ton salon, avec Christine, Snake Plissken, Starman, Jack Burton et toutes les autres, chose. Obéis, achète (le LP est très classe).
DEAD CROSS – Dead Cross
Parce que ça faisait longtemps que tu avais entendu le grand Mike Patton – a-t-il vraiment besoin de présentation? – fâché de même dans son micro, yo. En plus, le fait qu’il renoue avec son vieux pote de Fantômas Dave Lombardo (ben oui, le premier batteur de Slayer) est fort réjouissant en soit. Un genre d’hardcore bien crade et solidement méchant, avec du grattage de corde bien croustillant par des gars de The Locust/Retox. Fuck oui, mon ami. Une gracieuseté d’Ipecac Recordings, bien sûr; man, la magnifique pochette luit dans le noir! Tu vas même pouvoir aller écouter leur cool cover de Bauhaus dans ton garde-robe si ça te tente.
FLOATING WIDGET – The Sounds of Earth EP
Non, mais ça fait-tu assez du bien d’entendre le bon Vincent Peake, l’homme fort du rock au Québec, rocker sa vie avec son band de stoner? Un beau petit 5-tounes, bien dégorgée, sortie en cassette et en vinyle, sans prévenir : on parle de plus de 12 ans après leur premier album, Praise to the Riff Monolith (sur lequel, Peake était non pas à la basse et au chant comme ici, mais plutôt derrière la batterie). Tu l’attendais pas celui-là, hein? Tellement une belle surprise. En plus, y’a l’ami Snake de Voïvod qui vient faire son tour sur une chanson (Spiderzilla). Fais-toi donc plaisir, écoute Albatross (Nobody Loves an), ça devrait régler ton cas.

ELDER – Reflections of a Floating World
Du beau petit doom, juste assez velouté, voir même boisé, avec des franges pis toute. J’ignore comment j’ai fait pour ne pas acheter de billet à temps pour le show à l’Esco – qui a fini par afficher complet – de ce Bostonnais trio, qui nous rappelle par moment le meilleur de Baroness, et même le plus propre de Kylesa. Lumineux, chaleureux et souvent épique, ça ferait une bien belle soundtrack pour un road trip intergalactique, si je n’avais pas l’album en vinyle – un magnifique double aux couleurs psychédéliques. Genre que ça serait parfait dans le 8-pistes du Faucon Millenium, pendant que tu te sèmes des flottes de tie-fighters dans l’ombre d’Alderaan (ben oui, moi aussi m’en peux pu jusqu’au prochain Star Wars, que veux-tu).
MONOLORD – Rust
Eille, t’étais sûrement pas au Turbo Haüs l’an dernier quand Monolord nous a toute fait fondre la face en même temps, hein? On était genre 12. Si les pièces de Vænir (2015) et surtout Empress Rising (2014) ont fait frémir ton caleçon, sache que la demi-douzaine de brûlots doom composant Rust est tout aussi fuzzée et que risque fort bien de te faire bander, l’gros. Metal Zone, ampli Orange, pas l’temps d’niaiser. T’sais quand ça fait vibrer ta cage thoracique comme si, pendant une grosse hostie de tempête, Tony Iommi passait la gratte non pas sur ton asphalte, mais plutôt DANS TA FACE? Pareil. Y’à même des petits bouts acoustiques et des salves de claviers planants, pour que tu puisses te coller sur ta blonde. Parfait que je te dis, mon p’tit chéri.

DOPETHRONE – 1312 EP
Mon band de sludge préféré, vient justement de sortir leur dernier EP en vinyle, les 3 petites ritournelles pleines de cymbales n’étant initialement apparues qu’en format digital l’an dernier. Toujours en territoire connu ici (sauf peut-être Shot Down, plus rapide qu’à l’habitude), avec des pièces qui transpirent l’occulte et les pactes pas nets, des vocalises poisseuses se gueulant la langue sortie, des échantillons de films pas recommandables. Bref, du gros fun sale. En plus, on retrouve un beau pentagramme engravé sur la face B. Sammi Curr adorerait, pas de doute.
AIAUASCA – Rise of the Molecule
Tu t’ennuyais toi’ssi d’entendre Carl Borman fesser ben fort sur un kit? Tu devrais te pogner les MP3 de RotM tu suite. Borman, que tu as pu voir et entendre avec Downtrodden, Tumbleweed Dealer et surtout Dopethrone, livre ici une belle performance de tonitruant vargeage, au sein de ce quatuor doom-sludge pas piqué des vers. Croquant, lourd, lent, gras et malveillant, comme un crocodile s’enfonçant dans’ swompe, près à bouffer n’importe qui n’importe quand. En plus, la pochette est magique, tout en tons de gris et noir, comme ton âme au plus profond du désespoir tard tard le soir.
CANNABIS CORPSE – Left Hand Pass
« LandPhil » Hall, bassiste de Municipal Waste (!) et guitariste d’Iron Reagan a un band de death metal, avec son batteur de frère jumeau. Bien que le nom rigolo laisse présager un groupe parodique, leur death est sérieusement solide, même si les gars s’amusent clairement avec les pochettes et les titres des chansons. Guttural et brutal comme s’est pas permis, nos potes fumeux de pot t’offrent une méchante belle puff de death, qui n’a rien à envier à ce que font les (ir)révérencieux de chez Bloodbath ou Gruesome. À consommer sans modération. P.S. En cassette, c’est encore meilleur.
MUNICIPAL WASTE – Slime and Punishment
Valeur sûre du nouveau thrash depuis déjà un moment, MW a su réussir à se réinventer en ajoutant 6 cordes à son arc, soit une guit’ de plus. Tu aurais pu être déçu, comme une portion du band a, comme, tellement assuré au sein du trop fort Iron Reagan. Mais rassure-toi, c’est pas du tout le cas. Avec leur classique steak blé d’Inde patates (qui remplit les moshpit), ça rentre et ça sonne en tabarnac’.

POWER TRIP – Nightmare Logic
Par où commencer? Des rythmiques entêtées, du gros crisse de criage d’enfants pas sages, des riffs joyeusement corrosifs… y’a même des putains de beaux solos tellement mutants, qui rendraient Kerry King fier comme un pape. Qu’est-ce que tu veux de plus? Gratuit à l’achat de l’album, un beau mal de cou, mon homme – tu vas tellement headbanger, t’as pas idée. Pareil comme en 1987.
6 6 6
Mes 10 meilleurs shows
SOULFLY [NAILBOMB] + CANNABIS CORPSE + NOISEM + LODY KONG
Foufounes Électriques [20 octobre 2017]
La famille avant tout, comme on dit. Voir les fils Cavalera jammer ensemble au sein de leur très cool band sludge-thrash Lody Kong, sous le regard fier de leur mère. Et les deux jumeaux Hall qui s’amuser ferme avec leur Cannabis Corpse. Pour finir par se faire enfin blaster par les bombes industrielles en mode thrash punk du cultissime et unique album de Nailbomb (Point Blank), par un ensemble père-fils, ça n’a pas de prix.
SACRED REICH + CANCERIC + ASHES OF EDEN
Foufounes Électriques [22 septembre 2017]
Même si ce fut fuckin’ fun de voir enfin D.R.I. pendant la fin de semaine de ma fête, la palme du meilleur band thrash que j’ai coché cette année sur la « petite-liste-des-groupes-qu’il-me-reste-encore-à-voir-live » revient à Sacred Reich. Leur cover d’Iron Man troue le cul. Le pire étant que je n’avais jadis jamais trop écouté leurs disques, étrangement. Une belle grosse claque dans’ face qu’ils m’ont donnée en septembre, les gars de Phoenix, en Arizona. Ah puis Canceric, ils ont fort bien fait ça!
POWER TRIP + IRON REAGAN + WILD SIDE + CELL
Foufounes Électriques [8 mars 2017]
Comme plusieurs, j’avais bien hâte de revoir Iron Reagan (leur show avec Napalm Death et Voivod il y a une couple d’années fut magistral). Sans drummer, ils ont pu avoir l’aide in extremis de 4 batteurs différents, afin de pouvoir livrer leur set. Quand même inédit. J’n’avais jamais vu ça auparavant. Une sacrée belle soirée, même si, mon épouse et moi avons dû quitter avant même que Power Trip ne commencer à jouer (RE : parents + banlieusards).
CATTLE DECAPITATION + REVOCATION + ARTIFICIAL BRAIN + FULL OF HELL + APES
Foufounes Électriques [1er novembre 2017]
J’ai eu du fun à entendre et voir le court, mais bâti chanteur d’Articicial Brain (projet de Dan Gargiulo, guitariste de Revocation) faire des katas de robot, entre deux couinements gutturaux. Il y aurait fallu que je me donne la peine d’écouter Full of Hell avant le show pour pleinement apprécier leur performance. La véhémente virtuosité de David Davidson, leader de Revocation, m’a encore une fois soufflé. Même chose pour ces virages à 180 degrés du tout puissant Cattle Decapitation, une machine de guerre au tech death grind fort bien huilé. P.S. 5 bands c’est trop, vous avez-tu compris? Pas eu le choix de sauter un band. Non, je ne suis pas trop vieux; c’est pas un festival, sacrament.
APOCALYPTICA
Théâtre St-Denis [13 septembre 2017]
Et même si j’avais vu une fois de plus Metallica pas très longtemps avant (et pu jaser de films d’horreur avec Kirk – ça te tente-tu que je te raconte ça?), je dois avouer que les Suédois d’Apocalyptica ont su livrer la marchandise en ta’, alors que la bande à Lars m’avait laissé un peu sur mon appétit. Le setlist était solide en maudit (on a même eu Harvester of Sorrow, yo), en aurait dit que les slows (et les titres les moins heavy du Black Album) ont été composés pour être joué par ces gars-là. Un excellent show, même si ce n’était pas aux Foufounes Électriques. #Humour
P.S. Reste que je me suis quand même ennuyé de notre marathon métal estival qu’est Heavy Montréal, et ce, même si les deux têtes d’affiche de l’historique show du Stade Olympique de 1992 sont passés rocker notre piste de Formule 1 cet été (méchante marche, hein?). L’été n’est juste pas pareil sans cette convention de métalleux, où on rigole (et on picole) un bon coup en bonne compagnie, tant sur la scène, en coulisse que dans le pit. Horns up, santé et tout le brutal que vous voulez!