Benighted : Entrevue exclusive avec le chanteur Julien Truchan

La France est frappée durement par la COVID-19. Le nombre de personnes infectées se veut ahurissant. Il est toujours impressionnant de voir que certaines personnalités, comme Tom Hanks et la dame qui joue Raquel Murillo dans Casa de Papel, aient contracté ce virus. En jasant avec Julien Truchan, chanteur de Benighted, on se rend compte que la COVID-19 est aussi brutale que leur dernier album, Obscene Repressed.  Et il en sait quelque chose! Entretien exclusif avec le gueulard de Benighted, Julien Truchan.

 Dans un premier temps, avec cette situation mondiale plutôt particulière avec la COVID-19, nous pouvons dire que vous avez été atteints de plein fouet! Que peux-tu nous dire face à ton combat contre ce virus?

J’ai effectivement passé un sale moment avec ce virus que j’ai contracté dans le service COVID où je suis allé aider en tant qu’infirmier. Une semaine de température entre 39° et 41°, maux de tête, infection des poumons, perte du goût et de l’odorat… un vrai bonheur! Ah ah! Je ne suis pas encore complètement remis car cet épisode m’a beaucoup fatigué mais je retourne au travail dès demain et ça devrait aller.

J’écoute le nouvel album depuis quelques jours et je dois avouer qu’il est parfait pour faire de la course! Je me pose encore la question suivante : Qu’est-ce que l’on entend comme grignotement, au début de la chanson titre?

Ah ah! Merci! En fait il s’agit de bruits de mastication et de lèvres normalement à peine perceptibles qu’on appelle bruits ASMR. Ces bruits représentent l’appétit sexuel de l’enfant pour sa mère dans le concept d’Obscene Repressed.

Je dois avouer qu’en regardant les titres des pièces qui se retrouvent sur Obscene Repressed, je voyais des trucs auxquels je m’attendais. Sauf, pour le titre Mom, I Love You the Wrong Way. Que peux-tu nous dire face à ce titre un peu plus spécial?

Oui, c’est un titre un peu surprenant mais qui en dit tellement long sur le concept de l’album et les pulsions œdipiennes de l’enfant psychotique dont il parle. Cette histoire m’a été inspirée d’un patient. Tout le nouvel album raconte la vie d’un enfant avec une fente palatine, non opérée, qui porte des bandages sur la bouche à la maison car sa mère trouve son visage très repoussant et en même temps, elle est très protectrice avec lui. Il va rapidement développer des symptômes de psychose comme des délires construits, du morcellement, des hallucinations, accusant son père qu’il hait de l’avoir fait à cette image pour qu’il ne puisse jamais être avec sa mère. Il hait aussi tout ce qu’il entend derrière la porte de ses parents, développe des pulsions sexuelles inadaptées… Jusqu’à ce qu’un jour, alors qu’il n’en peut plus de l’ambivalence de sa mère et de la maltraitance de son père, il va secrètement se découper les lèvres avec le rasoir de ce dernier dans un élan symbolique et les mettre dans un plat cuisiné pour sa mère, car celle-ci refuse toujours qu’il l’embrasse. Elle ne comprendra ce qu’elle a mangé que lorsqu’il enlèvera les bandages de son visage et qu’il aura enfin pu « retourner dans maman en partie » Haha!

Comment Jamey Jasta de Hatebreed s’est-il retrouvé sur la pièce Implore the Negative?

Je suis un grand fan de Hatebreed depuis des années, et j’avais entendu qu’il avait parlé de nous dans un de ses podcasts et notamment, de notre clip pour Leatherface, de l’album Necrobreed. J’en ai donc déduit qu’il devait bien aimer ce qu’on faisait. Quand on a écrit Implore The Negative, l’esprit hardcore que dégage ce morceau m’a immédiatement inspiré d’inviter quelqu’un avec une putain de voix dans ce registre pour le pousser au maximum de son efficacité et son originalité! J’ai bien sûr pensé à Jamey et tenté le coup! J’ai écrit à un contact de Nuclear Blast qui m’a dit qu’il adorerait voir une telle collaboration mais que Jamey est un mec tellement occupé qu’il y avait peu de chance qu’il puisse, mais qu’il lui faisait suivre mon mail. Deux semaines plus tard, je recevais un mail de ce contact avec Jamey en copie qui me disait qu’il était partant et qu’il nous laissait gérer tous les deux! Et quand j’ai reçu ses parties voix, c’est vraiment là que j’y ai cru! Ah ah! Et avec sa participation, ce morceau est devenu un hymne à la brutalité.

Il est intéressant de voir qu’une pièce comme Undivided Dismemberment possède un titre en anglais mais les paroles demeurent en français. Par la passé, Benighted a déjà proposé ce même concept mais aussi, des chansons en français avec des titres en français. Comment expliquer ce doublé linguistique?

Il s’agit juste de surprendre et privilégier l’efficacité, des morceaux m’inspirent plus à l’écriture en français mais le refrain lui sonne mieux en anglais comme c’est le cas pour ce titre! Du coup, je m’accorde une totale liberté d’utiliser les différentes langues comme je le veux du moment que c’est efficace.

Nous pouvons entendre des gémissements féminins lors des premières mesures de The Starving Beast. Que peux-tu nous dire au sujet de cette pièce et quelle est « cette bête affamée »?

J’adore ce morceau où mon ami Grimo de Cytotoxin fait un guest aussi à la voix! Quand il a enregistré ses parties, je lui ai dit que je ne lui expliquerai qu’après ce dont parle réellement le morceau qui est écrit comme des Romains jetés aux lions dans l’arène qui seraient « les bêtes affamées » pour le coup. En l’occurrence, le morceau parle du jeune garçon qui a placé tous ses jouets et peluches autour de lui pour se faire un public pendant qu’il se masturbe en pensant à sa mère! C’est romantique, non? La bête affamée est en fait son pénis… Ah ah! Quand tu sais ça et que tu relis le texte, c’est impossible de repenser aux Romains et aux lions! Grimo a beaucoup ri quand je lui ai dit la vérité!

Nouvel album et la pédale est toujours au plancher. En regardant la liste des musiciens qui ont pris part à Benighted, c’est à se demander s’ils n’ont pas été usés à la corde! Comment peux-tu expliquer un roulement de personnel aussi intense?

Benighted demande énormément d’énergie et de temps, car nous ne vivons pas de notre musique et avons tous des jobs à plein temps et des familles pour la plupart. C’est un rythme très dur à suivre car entre les tournées, les concerts le weekend, les voyages fatigants et le travail, tu n’as jamais le temps de te reposer. Le line-up actuel est, je pense, le plus efficace de l’histoire du groupe! On n’a jamais été une telle machine de guerre sur scène et on a entre autres, dans nos rangs, Manu à la guitare qui compose absolument tout dans Benighted et notre batteur Kevin, qui est un des meilleurs batteurs d’extrême du monde.

En ce moment, le circuit des tournées est au neutre. Quels seront les plans de Benighted pour la fin de 2020 et au pire, pour 2021?

On est en train de monter une tournée européenne pour octobre, même si on ne sait pas si les choses se seront arrangées d’ici là. On croise les doigts. On a déjà deux tournées qui ont été annulées et tous les festivals d’été qui étaient prévus pour la promotion du nouvel album. C’est clairement frustrant de sortir un album dans ces conditions et on va se donner deux fois plus quand on va remonter sur scène.

Merci beaucoup pour ton temps!

Merci à toi Yanick! Hâte de revenir tourner au Canada! Ça fait déjà 5 ans et c’est déjà beaucoup trop!

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