Woodwolf? Écoute ça boss

Fred Moffet et Alex Boutin forment le duo de rock psyché Woodwolf. Originaires de Québec, les gars ont fignolé de manière indépendante un convaincant premier LP, Golden Road, paru en juin dernier. Trempé dans le blues, le grunge et dans les sonorités des années 70, les Doors en particulier, ce premier album fait bonne figure dans ma rétrospective de l’année.

En véritable grower, Golden Road est un album judicieusement équilibré. Entre les chansons directes et sans détour et les pièces plus expansives, que le groupe prend le temps de bien installer, on ne se sent toutefois jamais trimbalé d’un bout à l’autre du spectre.

Mais ce qui ne ment pas dès la première écoute, c’est l’authenticité des gars. Au chant et à la Sratocaster, Fred est en mission. On l’entend déployer l’étendue de son talent, notamment sur le brûlot blues rock Stop Staring At My Door, et sur la pièce suivante, la très grungy Let Me Taste You.   

À la batterie, Alex a un style minimaliste – eille ma gang de fans de blast beat, je le dis ici au sens positif – appuyant la guitare, mais sans pour autant prendre tout le plancher. Ça donne à Woodwolf une certaine légèreté malgré la force de frappe de la guitare et de la voix.

Ensemble, Alex et Fred se complètent à merveille. Ils sont respectivement l’air et le feu et c’est au contact de ces éléments que le brasier s’enflamme. Pour un exemple clair de cette démonstration, voir Coldest Days.

J’ai jasé plus tôt dans l’année avec les gars dans un café branchouille de Québec où clairement, les trois, on n’avait rien à voir avec la clientèle.

J’ai été fasciné d’entendre Fred parler de la recherche de son tone de guit, mais aussi de son éthique de travail en général. Faire de la musique pour lui, c’est plus qu’un hobby, c’est un état d’esprit, un ligne de vie. On l’entend dans sa voix, dans ses doigts qui frappent les cordes de sa guitare, dans ses paroles…

I’m crying and I’m dying in a desperate way.

Desperate Way est un poignant exemple de tout ce qui fait le talent de Fred. Mais lors de notre rencontre, il était loin de s’asseoir sur ses lauriers. Le gars était déjà en train de parler de ses exercices de voix ou encore de la nouvelle manière dont il voulait pincer les cordes de sa guit pour plus de définition.

Pour Fred, geeker out sur son rig, ce n’est pas l’important. Tout part de lui. Et c’est cette authenticité qui donne une franche claque au visage quand on écoute Golden Road.

Cette impression s’intensifie plus on avance dans l’album (malheureusement, les deux premières chansons sont oubliables) et ça culmine avec le triptyque tripatif Who Cares, Desperate Way et Golden Road : Chapter 4.

On va de crescendo en crescendo, les riffs sont puissants et Fred assène le coup final avec sa décisive livraison.

Et là je repense aux propos de Fred qui parlait des Doors. Jim Morrison et ses potes savaient finir leurs albums avec une toune en progression, vers une finale ultime, épique. C’est exactement comme ça que se conclut Golden Road.

En bref, le premier album de Woodwolf est un exercice à la fois doux et puissant, tant musicalement que textuellement, mais ça ne l’empêche pas d’être un album qu’on écoute soit en hochant de la tête ou les yeux fermés, comme si c’était un mantra.

Dans tous les cas, c’est bon, c’est d’ici et c’est pur. Checkez ça.

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About Jean-Simon Fabien

Journaliste, chroniqueur @CamuzMontreal, clé à molette, fan de stoner-rock et des Maple Leafs du Toronto (mettons...). J'ai mon bac brun dans #RosePatrie aussi