Small Victories, la biographie de FAITH NO MORE, meilleur band de l’univers

fan de metal

Lorsqu’il ne te parle pas de préoccupations métalliques, Kristof G. t’invite dans les coulisses des tribulations journalistiques d’un fan de métal perspicace et autodidacte, qui te balance toujours son infectieux enthousiasme dans ta face.

 

Il y a quelques semaines, lorsque j’ai reçu dans mon inbox le communiqué annonçant la sortie imminente de Small Victories : The True Story of Faith No More, la biographie de mon groupe préféré de tous les temps, j’étais aussi énervé qu’un testeur de chez Ubisoft apprenant sur Kotaku l’arrivée d’une nouvelle console rétro. Genre. Bien que j’avais vu passer la nouvelle une couple de mois plus tôt sur les réseaux sociaux, là, c’était du concret, yo. Le band qui a fait de moi le mélomane que je suis aujourd’hui. Le band qui a toujours métissé tous les genres pour créer une espèce de ‘métalternatif’ avant-gardiste, parfois pop, souvent punché, toujours novateur.

Qui plus est, je pouvais faire la demande pour une promo, en format physique, en vue d’en faire une critique. Oh yeah. Depuis une demi-douzaine d’années, trop rares sont les cadeaux : étant donné qu’il n’a plus grand-chose de gratos dans le merveilleux monde des médias (qui est hélas sur le respirateur artificiel), c’était comme Noël. Parce qu’on est plusieurs à faire ça depuis un bout sans paye[1] et que les copies promotionnelles (avec les billets de show), c’était un peu comme nos avantages sociaux. M’enfin.

‘Fait que, en attendant que le facteur m’apporte enfin le bouquin biographique de mon p’tit FNM chéri, je dévorai les 378 pages que compte le livre en format PDF sur mon téléphone. Une couple de semaines plus tard, j’en sais maintenant plus sur la californienne formation, qui en influença des légions (de KoRn à Slipknot, en passant par System of a Down et beaucoup trop d’autres).

 

Nos plus jeunes lecteurs avaient peut-être quitté l’Île Sainte-Hélène le samedi 8 août 2015, lorsque FNM a fermé cette lourde journée, ne les connaissant ni d’Ève ni d’Adam. Cependant, ceux dans la quarantaine se souviennent probablement de leur tout premier – et pas mal seul vrai – hit, la pièce rap métallique Epic, dont le coloré clip a beaucoup tourné à Musique Plus en 1990, avant que l’album dont il était tiré (The Real Thing) n’atteigne la 11e position du palmarès Billboard. Jusqu’à leur hiatus (1998-2009), le succès du l’inclassable groupe fut décroissant, hélas. Peu importe, car la qualité de leurs albums y était, tout comment leurs (vrais) fans.

Une biographie, on le sait, ça s’adresse d’abord et avant tout au fan du band ou de l’artiste. Or, comme FNM est devenu un band culte avec le temps, alors que des tonnes d’artistes citèrent le groupe comme inspiration, celle-ci – la bien titrée Small Victories, en hommage à une excellente chanson tirée de leur meilleur album – peut s’avérer être d’autant plus intéressante.

Saviez-vous que Courtney Love (ben oui, l’ex de Kurt Cobain de Nirvana et la leader de Hole) fut un temps la chanteuse de FNM? Il est aussi abondamment question de leur temps avec le premier vrai chanteur Chuck Mosley (oui, celui qui prête sa voix à leur autre classique, We Care a Lot) et leurs retrouvailles en 2016, un an avant de trépasser. Avant de recruter le chanteur de Mr.Bungle (Mike Patton), les gars avaient d’abord demandé à leur pote Chris Cornell (R.I.P.) étonnamment. D’ailleurs, que dire de cette tournée de plusieurs mois au début 1990 avec Soundgarden justement, alors que Voïvod était en tête d’affiche ?

 

On peut y lire quelques unes des conneries que les gars ont dit aux médias, lors de leur grandiloquente tournée avec Guns n’Roses et Metallica (oui, la même qui a généré une émeute au stade olympique)… du bonbon. D’ailleurs, il est aussi question des raisons derrière le congédiement (par fax, ouch !) de Jim Martin, quelques temps après la sortie de l’excellent album Angel Dust (1992).

En 1993, en quête d’un nouveau guitariste, Justin Broadrick (Napalm Death, Godflesh, Jesu) fut pressenti, avant qu’ils jamment avec Kevin Walker de Killing Joke, avant que Trey Spruance de Mr. Bungle ne vienne à la rescousse pour enregistrer King for a Day, Fool for a Lifetime (1995). On en apprend aussi plus sur les déboires personnels du claviériste Roddy Bottum, qui ont rendu ardus l’enregistrement de ce dernier.

Sont également dissertés un beau paquet de sujets, tel que l’immense succès du groupe à l’international (en particulier en Angleterre et au Chili), leurs relations avec leur étiquette de disque, leur séparation et, évidement, leur réunion. De l’étrange, du marrant, du rock et de l’émouvant.

 

L’auteur du livre, Adrian Harte, basé à Nyon en Suisse, est un gars de comm’ œuvrant dans l’industrie sportive depuis un bon moment, en plus d’être l’homme derrière le ‘fan’ site web FNM 2.0 (newfaithnomore.com), lancé en 2009. J’ai pu l’interroger récemment sur la genèse du projet. « J’ai eu l’idée à la fin 2015, pour ensuite monter une proposition et commencer à approcher des éditeurs au début 2017 ; j’ai signé avec Jawbone Press en juin 2017 ».

Rapidement, il démarra la rédaction, qui dura 8 mois. Il parle « de milliers d’heures de recherches sur internet et dans des archives de journaux, d’une centaine d’entrevues pour autant de photos, 50 chapitres, 140 000 mots et trop peu de sommeil !».

Avant de se rendre à San Francisco pour passer deux semaines avec plusieurs membres du groupe, Harte avait accumulé une quarantaine d’heures d’entrevues téléphoniques. Et au final, il alla se terrer « deux semaines tout seul en campagne près de Annecy en France pour terminer le tout en mars dernier ». Bref, un travail aussi minutieux que colossal.

Bien que Patton déclina l’invitation à participer au bouquin, Harte put interviewer en personne à San Francisco le guitariste Jon Hudson, ainsi que la section rythmique du groupe, soit Bill Gould (bassiste) et Mike Bordin (batteur), avec qui il avait également pu s’entretenir à maintes reprises via les ondes téléphoniques.

Avec Bottum (claviériste), ça s’est également passé au téléphone (et par courriel), alors qu’il put rencontrer Matt Wallace (producteur des 4 premiers albums de FNM) à Los Angeles. Sans oublier, une quarantaine d’autres entrevues avec des gens issus de l’entourage du groupe : on parle de managers, d’exécutifs de labels et autres réalisateurs de clips. Exhaustif, comme on dit.

Lors de la lecture de Small Victories, on sent que c’est réellement le fruit d’une passion sans bornes, pour un groupe unique et hors norme, où démarche artistique rime plus souvent qu’autrement avec transgression non-morne et pop schizophrénique. Faith Yes More (‘scusez là).

P.S. Si vous êtes gentils, un jour je vous raconterai mes rencontres avec Patton, Spruance et surtout Gould (à qui j’ai payé à souper!), ainsi que mes jasettes avec Wallace, Mosley et Greg Werckman, gérant de Patton. Fan de FNM un jour, cinglé pour toujours.

 

PHOTOS : KRISTOF G. [Heavy Montreal 2015]


[1] Si j’avais été payé 10 cennes à chaque mot rédigé pour des médias numériques, j’aurais pu me payer une belle DeLorean, l’gros. Or, chez la majorité des blogueurs de la planète net, on carbure à la passion comme des abeilles pour leur miel, bénévoles devant l’éternel, communiant à l’autel du Dieu culturel. Amen.

About Kristof G.

Lorsqu’il ne te parle pas de préoccupations métalliques, Kristof G. t’invite dans les coulisses des tribulations journalistiques d’un fan de métal perspicace et autodidacte, s’ayant médiatiquement taillé une petite place, en balançant son infectieux enthousiasme dans ta face.