Sebastian Bach versus YOB?

Lorsqu’il ne te parle pas de préoccupations métalliques, Kristof G. t’invite dans les coulisses des tribulations journalistiques d’un fan de métal perspicace et autodidacte, s’étant médiatiquement taillé une petite place, en balançant son infectieux enthousiasme dans ta face.

Ben oui, chose. Des fois, la vie nous met face à toutes sortes de choix. Le même soir, soit le 2 juillet 2018, Sebastian Bach et Yob, seront dans deux petites salles de Montréal. Aller voir un chanteur ‘glam métal’ déchu ou une pointure du doom-sludge? Un énième dérivé de Pentagram en mode Sabbath ou l’émérite ex-vocaliste de Skid Row? Choisir quel pouilleux (comme on disait jadis dans mon patelin béni des Dieux)? Ça dépend du métalleux.

Pour plusieurs, aucune hésitation, bing, bang, trois clics ou un passage dans un petit magasin de disque (i.e. au Soundcentral) et c’est réglé. Pour ma part, c’est un choix plutôt déchirant. Je sais pertinemment que les deux shows seront très fun pour le mélomane trippeux de métal que je suis. Ah oui? Je vais toute t’expliquer ça drette là, mon gars.

Aujourd’hui, ce qui me fait le plus headbanger, c’est encore et toujours le thrash metal (celui d’antan et d’aujourd’hui), le bon vieux death bien dégorgé (le show d’Obituary, ça a torché en maudit), ainsi que le doom/sludge pas joli-joli. Comme celui de Dopethrone, Weedeater, Eyehategod, Zoroaster et Yob, justement, oui.

La dernière fois que j’ai vu Yob en show, c’était en mars 2015, un vendredi, avec Enslaved et toute une panoplie d’amis pas toujours polis. Vous vous doutez qu’on avait passé une sacré belle soirée. Avant de se faire râper la face à grands coups de death-prog par les pros scandinaves, les ‘Ricains de chez Yob nous avaient solidement fuzzé les tympans, avec beaucoup trop de pédales de distorsion (c’est un compliment). Et le pire, c’est qu’ils étaient juste trois.

Mené par le chanteur-guitariste Mike Scheidt depuis 1996, il était accompagné (depuis un petit bout déjà) par Aaron Rieseberg (basse) et Travis Foster (batterie). La voix de Scheidt, parfois clean, souvent ténébreuse, lorgnant avec le death. Des riffs toujours hypnotisants. Tout ce fuzz. Même si leur dernier single ne m’a rien fait (trop doux et gentil), ça devrait varger en maudit. Oh oui.

D’autre part, j’ai pas mal aimé, jadis, ce sous-genre qu’on appelait glam ou hair metal. À dix-douze ans, avant de tomber dans le grunge et le métal lourd des Sepultura et Pantera, je me suis fait les dents sur plusieurs troupes de gars, plus souvent qu’autrement maquillés comme des drag queens, avec des cheveux bourrés de spray net, qui se faisant aller la moumoute sur Sunset Strip à Los Angeles (qui rime Sœur Angèle). Ainsi, j’ai beaucoup écouté le hard rock métallique des Def Leppard, Guns n’ Roses et Mötley Crüe – oui, j’avais commandé au Club Columbia des cassettes de Bon Jovi et Poison aussi.

Pour ensuite ajouter à ma collection des albums de Warrant, des White (Great White, White Lion, Whitesnake) et des AAA (Aerosmith, Alice Cooper, Alice in Chains – oui-oui, la bande à feu-Layne Staley a commencé glam). Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui on trippe autant sur Steel Panther (qui a débuté en tant que glam metal cover band). Ils ont un beau petit givrage sucré qui goûte la gomme baloune, la barbe à papa et la tarte aux cerises, comme dans le temps du Combat des Clips à Musique Plus.

Vous vous doutez que j’ai aussi, évidemment, trippé brièvement sur Skid Row, arrivé sur la scène avec son album éponyme en 1989, qui incluait les puissantes power ballades 18 and Life, Youth Gone Wild et I Remember. Faut savoir que la bande à Sebastian Bach a tourné et fait le party avec ces dégénérés de Pantera qui, doit-on le rappeler, donnait initialement dans le glam (avant d’alourdir leur son peu après l’arrivée de Phil Anselmo dans leurs rangs). Vous n’avez qu’à visionner à nouveau le Vulgar Video (1993) de Pantera pour voir les deux groupes faire tout plein de niaiseries. Ce n’était pas trop longtemps après la sortie de l’album Slave to the Grind (1991) de Skid Row, qui était une coche plus lourd, comme en témoigne la solide pièce titre.

Hélas, le filiforme frontman fut renvoyé de Skid Row en 1996 – oui, toi, fin observateur, c’est bien l’année de formation de Yob (quel hasard inutile, hein?). Les langues sales diront que Bach n’a rien sorti d’intéressant depuis. Et on pourrait leur donner raison. Et ce, même si on retrouve ici et là des featuring des gars de Guns n’Roses, avec qui Bach a maintes fois tourné. Perso, lorsque j’ai dû critiquer son album Kicking & Screaming (2011) pour le défunt hebdo Hour, je me souviens avoir beaucoup ri des photos du beau Bach dans la pochette, pendant que je souffrais en écoutant les titres hard rock peu inspirés qui se succédaient en se ressemblant (P.S. Je n’avais pas été très gentil).

Cependant, lorsqu’il est passé à Heavy Montreal en 2016, pour jouer en après-midi devant quelques poignées de nostalgiques et/ou curieux, on est plusieurs à être resté surpris. Le gars peut encore fort bien chanter. Et il nous a prouvé qu’il prenait toujours son pied en sacrament en le faisant. Ces temps-ci, il joue avec l’ex-guitariste de Vince Neil Brent Woods, alors que son batteur (Bobby Jarzombek; Halford, Riot, Fates Warning) et son bassiste (Rob de Luca, qui a brièvement tourné avec Helmet et UFO) le suivent depuis 2005.

Juste pour en rajouter une couche, ces deux shows-là sont un lundi, maudit. Qu’est-ce que ça peut bien foutre, tu dis ? Eh bien, d’abord, un show de lundi, ça a l’habitude de te scrapper une semaine ben comme il faut, mon ami. Mardi matin, je serai déçu d’avoir manqué l’un des deux shows, vraisemblablement. Après avoir fermé la quotidienne et matinale sonnerie, je vais être au raaaaaaleeeeeenti de m’être couché tard pour un lundi (non, papa n’a plus 20 ans, sapristi), avec la bouche qui goûte encore le fond de houblon, en regrettant probablement mon choix, en voyant des potes partager sur Facebook leur bonheur en forme de photos de show. Comme à chaque putain de fois où y’a deux spectacles cool en même temps. Inévitablement, je n’en sortirai pas gagnant.

Anyway, j’ai même pas eu à choisir finalement, j’avais dit oui à mon épouse, pour faire acheter des billets pour Bach par une pote qui est fan fini du gars, en oubliant de vérifier notre agenda, où j’inscris toujours les dates de shows intéressants. Ça m’apprendra. Reste que ça devrait être très fun de revoir Bach sur la petite scène des Foufounes Électriques. En espérant que je puisse accrocher le blondinet vocaliste pour lui faire encrer mon LP de Skid Row vintage. On s’en reparle*.

PHOTOS : KRISTOF G.

*Et ce, si je ne prends pas quelques jours de congé pour aller pêcher cette semaine-là avec des chums dans le fin fond du Saguenay… ce qui risque fort bien d’arriver, comme c’est le genre d’offre qui peut difficilement refuser. On pourra toujours écouter au chalet le dernier Yob et du vieux Skid Row dans le vieux radio, yo. Anyway, juste avant je serai allé voir Voïvod jouer à la maison (ils seront à Jonquière en musique le 29 juin), fait que, t’sais.

About Kristof G.

Lorsqu’il ne te parle pas de préoccupations métalliques, Kristof G. t’invite dans les coulisses des tribulations journalistiques d’un fan de métal perspicace et autodidacte, s’ayant médiatiquement taillé une petite place, en balançant son infectieux enthousiasme dans ta face.