Avec The Spark That Moves, Cancer Bats réactive l’urgence punk de Hail Destroyer et présente son matériel le plus compact en 10 ans. On constate, avec cette formule vitaminée, que le quatuor n’a jamais cessé de gagner en assurance côté exécution, la section rythmique de plus en plus costaude, les riffs de Scott Middleton toujours plus tranchants et les prouesses de Cormier au chant n’ont tout simplement jamais été aussi impressionnantes.
On savait que Cancer Bats amorçait ce printemps une tournée pour souligner les 10 ans de Hail Destroyer, son fracassant deuxième album, paru en 2008. Ce qu’on ne savait pas, c’est que le groupe allait lancer un nouvel album juste avant que ne s’amorce en Europe cette tournée anniversaire.
Au Boulevard, on les aime les chums de Cancer Bats et particulièrement son frontman, Liam Cormier, infatigable chanteur du quatuor torontois. L’occasion était bonne pour le contacter pour parler du show et de l’album à quelques dix jours du passage du groupe au Pouzza Fest.
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Salut Liam? C’est JS du Boulevard Brutal!
LC : Hey, salut, man, ça ?
C’est clair, toi?
LC : Je suis pas mal pumped pour vrai. On est à Amsterdam et on monte sur scène dans pas long pour le premier show de la tournée Hail Destroyer, ça va être malade.
Avec cette entrée en matière teintée d’enthousiasme, le bon Liam, s’excuse aussitôt que l’entrevue ne pourra pas durer plus de 20 minutes, lui qui est si généreux et bavard à l’habitude. Rassures-toi Liam, si tu savais comme c’est rare les artistes qui restent attentifs lors de phoner pour plus de 6 minutes.
Alors, ce nouvel album Liam? Pourquoi l’avoir sorti sans annonce et sans promotion?
LC : Ça c’est fait un peu naturellement, tu vois. On savait qu’on allait faire cette tournée pour les dix ans de Hail Destroyer et au fur et à mesure où on avançait avec nos jams et nos compositions, on s’est dit qu’on pourrait faire les choses différemment et amener le nouvel album avec nous en tournée, pour que ça soit comme une surprise pour les gens. Comme c’est aussi notre premier album qu’on sort de manière indépendante, on était plus flexible pour le faire comme ça.
Mais vous êtes un groupe bien implanté quand même, vous ne deviez pas penser quand même que la sortie de l’album allait rester un secret bien gardé?
LC : Pour être franc, on ne s’attendait pas à rien en particulier, mais là on est clairement en mesure de dire qu’on profite de la rumeur positive entourant l’album. Nos concerts en Grande-Bretagne sont sold out et ça regarde dans ce sens-là pour le reste de la tournée européenne. Ça nous rempli d’énergie positive, mais comme je te disais, c’était vraiment pas ça le plan.
On remarque à l’écoute de The Spark That Moves qu’il baigne dans une énergie similaire à celle de Hail Destroyer, est-ce que c’était voulu de faire concorder la tournée anniversaire avec une parution plus ancrée dans le punk, avec des compositions plus compactes et directes?
LC : C’est arrivé de manière subconsciente je te dirais. Évidemment, on était en préparation de la tournée anniversaire pour Hail Destroyer et au début on se demandait comment on complèterait la setlist pour le show. On va se le dire, il y a sur cet album quelques unes des chansons qu’on a encore le plus de plaisir à jouer et qui ont le plus d’impact sur le public, alors naturellement, en écrivant des chansons en gardant en tête qui on est sur scène et ce qu’on aime jouer à quatre, ça nous a permis de nous concentrer sur cet aspect de notre son, sans nécessairement se répéter.
Tu dis que les pièces de Hail Destroyer ont un bon impact sur votre crowd, vous êtes attentif à ça?
LC : Il faut oui, mais pour The Spark That Moves, on l’a aussi créé dans un moment de break de tournée, alors on a pris de temps de sonder nos proches et nos amis pour leur demander ce qu’ils pensaient des pièces et c’est revenu souvent dans ce feedback que notre côté punk était de retour après quelques albums qui puisaient dans d’autres influences.
Ça veut dire que vous ne jouez pas les hits de Dead Set On Living et de Searching For Zero?
LC : Ah non, inquiètes-toi pas, tu vas l’entendre Bricks And Mortar et Searching for Zero est encore un album qu’on aime beaucoup.
Tu dis que vous avez composé l’album durant une pause de concerts, comment l’expérience se compare-t-elle au processus de vos albums précédents?
LC : Bin la première chose, c’est que Mike [Peter, le batteur] habite maintenant à Winnipeg et que Scott [MIddleton, le guitariste] ne sont plus aussi présent pour des jams à Toronto. Alors le travail de composition a souvent commencé avec moi au drum et Jaye, le bassiste, à la guitare. Mais ce qui est vraiment cool c’est que malgré ça, la magie de Cancer Bats, et ce qui nous unit depuis le départ, continue d’opérer quand on se retrouve les quatre.
C’est comme du changement dans la continuité finalement?
LC : Si tu veux. Moi je pense que c’est surtout parce qu’on est très connecté sur ce qu’on veut atteindre comme son en tant que groupe et qu’on n’est pas prêt à dénaturer l’énergie des débuts.
Sur le plans des textes, est-ce que c’est la même chose? Les thèmes des paroles évoluent, mais es-tu inspiré par de nouveaux trucs?
LC : C’est clair man. J’écris sur ce que je vis et pour écrire il faut que je vive un brin. C’est pour ça que la dernière pause a été intéressant. Et quand je dis vivre des trucs, je ne parle pas juste de trucs intenses. Je puise beaucoup d’inspiration en roulant sur ma moto à Toronto, man.
Justement Liam, tu parles de ta ville natale, Toronto, quand vous avez commencé en 2005, la scène était très différente avec Alexisonfire au sommet de sa carrière… vous êtes maintenant les vétérans d’une scène qui a changé pas mal… quelles sont tes observations là dessus?
Ah man, la scène punk et hardcore de Toronto se porte bien mon gars. Tu dis qu’on est des vétérans, peut-être… mais je connais pas mal tous les kids qui gravitent dans la scène depuis un bout. Je pense au gars de METZ qui ont un succès incroyable avec Sub Pop pis toute… je les connais du temps où leur son était vraiment différent, mais ils n’ont jamais été snobé ou rejeté, il y a de la place pour tout le monde. Et Toronto man, c’est tellement une cool ville, diversifiée et ouverte… c’est un bon terreau pour la musique man.
Liam semble soudainement pressé… il ajoute…
LC : Eh man, je monte sur scène dans pas long, j’ai du temps pour une autre question…
Ça tombe bien, il m’en reste juste une… tu seras au Pouzza dans pas très longtemps… La vie de festival favorise souvent les contacts et les amitiés, as-tu des souvenirs à partager de tournées qui passent par Montréal?
LC : Ah man, pour le prochain Pouzza, je suis vraiment excité de renouer avec Anti-Flag, c’est un groupe que j’ai tellement écouté et on a développé de quoi de vraiment cool avec eux. Sinon, Red Fang sont instantanément devenu des chums quand on les a rencontré la première fois. On a même fait une tournée avec eux et c’était vraiment super. Les rencontres dans les festivals, c’est vraiment, après jouer, l’autre moitié du fun.
Pour nous aussi c’est le fun et avec un groupe aussi généreux que Cancer Bats, la prestation est presque toujours assortie à une rencontre franche, authentique et enthousiaste.
Merci Liam, bon show.
LC : [en français] Salut, on se voit à Montréal.