Le Best Ov 2017 de Jean-François Rivard

jean françois rivard

Par Jean-François Rivard

Déjà? C’est la fin de 2017? J’ai encore des albums de 2016 que je n’ai pas complètement usés et des Pères Noël Choco-Guimauve toujours emballés. Encore une fois, je suis étonné que Le Boulevard Brutal me donne la chance de partager les albums qui m’ont accompagné cette année. Je dois être un acte charitable du temps des fêtes, un nom dans leur Guignolé du metal ou tout simplement une façon d’obtenir un crédit d’impôt pour une caisse de Pabst à leur party de Noël. Loin d’être un érudit, je ne suis qu’un amateur. Une petite guidoune de musique ayant un penchant pour les gros riffs costaux et les ambiances sombres et ténébreuses.

Comme chaque année, je n’ai qu’effleuré la pointe de l’iceberg de tout ce qui a vu le jour dans le metal en 2017. Je profite aussi de cette fin d’année pour parcourir les best ov de chacun afin d’y découvrir les albums manqués pendant le gouffre qu’est le mois de janvier. Mais avant de lever le voile de mes albums, puis-je partager d’autres mes moments marquants de 2017?

 

Cult of Luna et Julie Christmas — Mariner au Corona

Épique, onirique et puissant. Dans les meilleurs concerts de ma vie, je suis encore hanté. Et en bonus, Whores. faisait la première partie…

Woods of Ypres

Ben oui toi,  connaissais pas, je les ai découverts cette année. Ils sont venus me chercher jusque dans la moelle et la fin tragique du chanteur quelques mois avant la sortie du dernier album est désolante . Leurs albums ont été un gros carburant pour moi cette année. Vaut mieux tard que jamais.

John Carpenter au M Telus

Le disciple que je suis a vu et entendu son maître. Rien d’exceptionnel comme concert au M Telus (pourquoi n’ont-il pas gardé le nom Métropolis misère), mais les projections dynamiques d’extraits de ses films qui accompagnaient les pièces m’ont donnée envie de revisiter certains de ces films oubliés. Quel réalisateur dans la soixantaine peut revisiter l’ensemble de sa carrière sur une scène en interprétant les thèmes qu’il a composés?

Ceci étant dit, Let’s get down to business. Mon tendre Top 10 de 2017

 

10. REBEL WIZARD — Triumph of Gloom

rebel wizard

J’adore Bandcamp, j’adore cette communauté où les mélomanes partagent leurs goûts et découvertes. J’adore Bandcamp, car j’achète à des artistes… Pour certaines personnes, cette dernière phrase ne fait aucun sens. Oui, j’achète de la musique, des albums, des CD, des vinyles, des tounes à .99$ en mp3 sur des plateformes de vente… Je donne mon argent à l’artiste et non à un abonnement aux services de streaming où les corporations font leurs choux gras sur le dos des créateurs.

Sur ce, Bandcamp m’a fait découvrir un One Man Band. Un artiste qui ironiquement étiquette son genre comme Negative Metal. Un DIY australien que j’affectionne particulièrement. Mélodique et mélancolique, ça sonne le cul comme les débuts de Darkthrone. Hommage à cette production de l’époque qui a créé le genre? Long Live The Negative Metal

9. WOLVES IN THE THRONE ROOM — Thrice Woven

WOLVES IN THE THRONE ROOM — Thrice Woven

Mes petits loups. Oui, c’est un band que j’adore. J’avais tellement hâte à un nouvel album après l’incroyable Celestial Lineage de 2011, mais au lieu de pondre un nouvel album aux guitares atmosphériques sur fond de blast beat, ils nous ont surpris avec Celestite en 2014, un album instrumental planant composé que de synthétiseurs. Plusieurs ont crié sacrilège tandis que moi j’ai admiré l’audace et de plus, cet album pourrait être une fichue de belle trame sonore. Mais reste que cette année, mes loups sont revenus avec le mordant et les crocs qui me manquaient. Les frères Weaver ont retrouvé leurs guitares et leurs beats.  On reste dans un black metal atmosphérique propre à eux et toujours comme thèmes les forces de la nature qui régissent notre univers. Fires Roar in the Palace of the Moon est la pièce à savourer. Pis le vinyle est or transparent.

8. THE CRAWLING — Anatomy of Lost

THE CRAWLING — Anatomy of Lost

Ce premier album du trio Irlandais death/doom n’a pas fait l’unanimité, mais que je l’ai écouté en boucle pendant un bon mois. Rien n’est réinventé, l’album est très clean dans sa production, une belle voix gutturale, des bons riffs qui mélangent du trémolo black avec une pincée de goth. Un rappel à My Dying Bride à certains moments. Un beau hit accessible avec Acid on my Skin. Bref du gros fun. Anatomy of Lost n’a aucune pièce que j’ai envie de sauter, il me tient du début à la fin. Épuré et mélodique, cet album est comme du metal méditatif parfait pour les dimanches pluvieux en famille.

7. LEFT BEHIND — Blessed by the Burn

left behind

« Béni par la brûlure » est arrivé en fin de course de 2017, mais je l’ai chauffé en peu de temps. Metalcore sludgy?… Whatever. Pour moi c’est grossièrement Pantera et Nails que tu mets dans un blender. Une décharge violente groovy. C’est un autre album où on sent le plaisir du band à mélanger les genres. Pas autant déstabilisant que Code Orange, mais dans certaine pièce on passe du metalcore à du groove et on tombe dans le stoner, oh oui du stoner. C’est méchant et fâché comme j’aime.  C’est un album complet qui est arrivé comme un cheveu sur la fesse. Il aura sa place sous le sapin dans mon temps des fêtes.

6. PARADISE LOST — Medusa

paradise lost medusa

J’étais où les vingt dernières années? Les amateurs de metal sont une famille. Je profite donc de ce lien sacré pour vous faire une confidence et c’est gros. J’ai découvert le Paradis Perdu cette année. Incroyable, non ?  Oui, j’accepte vos dons. Je remets en question mon entourage proche, un complot bien orchestré pour me cacher ce band tout ce temps. Je dois cette prise de conscience à la pièce The Longest Winter. Étant un gros fan nostalgique de Type O Negative, je me suis surpris à crier «Peter?» du au rythme et vocal de Nick Holmes dans cette pièce. Et la suite a fait  boule de neige. Medusa en repeat, plonger dans le back catalogue, un autre moment de découverte du passé et du présent. Incroyable de découvrir des vétérans.

5. CLOAK — To Venomous Depths

cloak

Les comparaisons sont de mise entre Cloak et Tribulation. Similitudes dans le style et dans le son. Et c’est quoi le son? Quand on parcourt la toile, on les classe dans le black metal? Ça, je ne comprends pas. La raison est-elle que Tribulation se garnissent le visage d’un maquillage corpse paint atténué et qu’ils ont des envolées trémolo dans certains moments de leurs pièces? Pour moi, Tribulation et Cloak c’est du hard rock Dracula. Bref, quelle découverte l’année dernière que Tribulation. Avant l’arrivée de leur prochain album, le Boulevard me conseille ce band, Cloak. Un ti hors d’oeuvre qui s’accorde bien avec le plat principal qu’on attend. C’est comme regarder des matchs de la CFL avant que la saison de la NFL commence. Mais quelle surprise, à défaut de me faire lancer des roches, je dois vous avouer que je préfère le premier album de Cloak au premier de Tribulation. Cloak c’est de la NFL. Reste que les Tribuleux reviennent sous peu avec un quatrième album que j’attends avec impatience. On s’en reparle aux playoffs.

4. CODE ORANGE — Forever

code orange

J’ai manqué le show à La Sala Rossa! J’ai manqué le show à La Sala Rossa! C’est l’album le plus fascinant de l’année. Fascinant parce qu’il est le plus difficile à décrire (mais quel cliché pour s’en sortir dans une revue d’année). On s’y reconnait dans tout, mais on s’y perd à la fois. Tu penses te faire donner un claque sur la joue gauche et tu reçois un coup de genou dans les reins. Si lourd que tu te surprends à te faire caresser le cou avec Bleeding in the Blur. Cet album est rempli de contradictions et de grandes inspirations. Code Orange semble ne pas vouloir être étiqueté à un genre et ils y arrivent pour mon plus grand plaisir. Rassembleur.

3. TOMBS — The Great Annihilation

tombs review

Je suis «TOMBé » (petite blague phonétique et graphique de fin d’année) sous le charme de leur EP All Empire Falls l’année dernière. Je ne m’attendais pas à un album cette année en peu de temps. Les gars de Brooklyn avaient surement de beaux placements de collés pour nous sortir un bel album aussi rapidement. C’est black, c’est rock, c’est goth, c’est doom, c’est lourd et mélodique.  Si vous êtes un quadragénaire ayant carburé avec l’alternatif des années 80 (note: alternatif à cette époque est le vrai terme) et le metal, The Great Annihilation est du pâté chinois…gratiné. Ça réchauffe l’ado vieillissant.

2. GET THE SHOT — Infinite Punishment

get the shot

Je ne me rappelle plus comment « Prend une balle ou un shooter » est venu à mes oreilles. Si c’est le Boulevard, je les remercie. Ce band Crossover-Slayerish-Core-Whatever est à deux heures trente en voiture de chez moi. C’est un coup de coeur. Je me dois de clarifier quelque chose tout de suite: Oui, Get the Shot vient du terroir et j’en suis vraiment fier, mais sa place dans ma sélection ne vient pas d’une volonté de promouvoir ou de donner une tite tape sur l’épaule parce que c’est local. Peu importe sa provenance, ça donne des coups de pieds sur les fesses. J’adore ce band et leur dernier album. Point.  Enragé, des riffs à te déplacer une vertèbre, une production que j’aimerais avoir si j’avais un band. Bruyant et pertinent. Je ne comprends pas pourquoi je n’en entends pas parler autant. Et le vinyle d’Infinite Punishment est rouge.

1. POWER TRIP – Nightmare Logic

Pour mon numéro un, ma description sera brève, car cet album fait l’unanimité et je ne vais pas répéter tout ce qui a été écrit à son sujet dans l’ensemble des Best Ov de cette année. En parcourant les blogues et sites dédiés au metal, un buzz approchait du nom de Power Trip. L’extrait lancé avant sa sortie fut Executioner’s Tax. J’ai plongé tout de suite, go précommande iTunes. Impatient et impulsif comme je le suis, je me procure l’album précédent question de faire connaissance avec ce band de Dallas. Beaucoup de plaisir avec Manifest Decimation, j’aime le band et j’enfile ma tuque des Cowboys. Un jeudi soir à minuit et une, mon cellulaire étendu sur la table de chevet émet une alerte : « Votre précommande de Nightmare Logic est disponible »… Mais quel incroyable vendredi ! J’ai fait des détours en voiture pour continuer d’écouter cet album. J’ai raté mes arrêts de métro parce que j’étais trop investi à analyser les riffs. J’entrainais mon poignet pour tenter de jouer le riff sec et mitrailleur de la pièce Nightmare Logic. Pendant deux mois, j’avais hâte de quitter le travail pour me le mettre dans les oreilles. Un album qui te fait croire que tu as réduit sa qualité en mp3 parce que tu l’as trop écouté. Ben c’est mon numéro un.

Mais qu’entends-je ? Power Trip en spectacle au Foufounes? L’ultime test. Engouement, fébrilité, mais une peur que mon investissement émotif soit déçu et que je jette cet album suite à un spectacle médiocre. Mais Fucking NON! Méchant show, bonheur et soulagement. Pour terminer, comme j’ai usé le mp3, je me suis procuré le vinyle… il est magnifique. Une édition avec un vinyle blanc-bleu, comme un Blizzard de chez Dairy Queen à la vanille et bleuet.

Mention spéciale

Cult of Luna – Live at La Gaîté Lyrique: Paris

Il faut bien donner suite à ses idées. Autre que sa date de sortie, il n’y a rien de nouveau sous la lune, c’est un live. Mais le besoin de pallier et revivre les émotions vécues du show de Mariner au Corona était essentiel. Et qui peut me critiquer d’inclure du Cult of Luna dans mon Best OV. La qualité d’enregistrement est impeccable et la dernière pièce Dark City Dead Man sublime.  Et si t’as un bon cinéma maison, le show est disponible sur YouTube. Mais sans Julie.

 

Alors voilà. Bon temps des fêtes et je vous souhaite pour 2018 un arrêt complet de streamer de la musique et engraisser des corporations qui s’enrichissent sur le dos des artistes, je vous souhaite d’acheter des albums et d’embrasser les bands.