Par Pascal Doyon
Dans la première partie, j’ai discuté de ma découverte du guerrier viking metal que mon ami et moi-même avons surnommé Gustafsson. Je dis découverte, mais c’est comme une épiphanie en fait, comme si Odin avait décidé de nous remercier pour notre dévouement pour le viking metal.
Si vous avez lu la première partie, vous vous rappellerez que j’ai mentionné qu’on l’avait appelé Gustafsson lors d’un show de Ensiferum. En fait, le nom était ressorti là, mais il n’était pas encore adopté officiellement. Je l’appelais Olaf pendant un certain temps, mais ce nom a été abandonné parce qu’il ressemblait trop à un personnage d’un jeu vidéo qui me faisait pisser la même foutue sauce piquante qu’ils foutent sur les ailes de poulet au McKibbin’s.
Bon OK, je fais du name dropping: je parle de League of legends.
En tout cas, là, je ne parle pas de ça, je vous raconte mes ptits marins d’eau douce comment qu’un homme passe d’un simple mortel à une légende.
Quand tu veux une légende, il doit y avoir des Russes
Je ne vais pas souvent voir des shows au Petit Café Campus tout simplement parce qu’y’en a pas beaucoup qui se font là, mais cette journée-là, on allait voir Heidevolk et Arkona. Il y avait aussi Helsott qui jouait et The Dreadcrew Of Oddwood.
Je suis dehors, en face du Petit Café Campus et j’attends mon ami qui vient m’y rejoindre. Pendant que je gosse sur mon cellulaire (je devais regarder des vidéos de chatons, je m’en souviens pas, mais c’est un détail hein), je vois soudainement le fier berserker qui s’amène. Non je parle pas de mon ami ici.
Et là, comme lorsque vous croisez quelqu’un dans un endroit où il y a juste vous deux, vous n’avez pas vraiment le choix d’établir un contact visuel. Mais dans notre cas, le choix était présent. Le contact a quand même eu lieu.
VRA COMME CHU LÀ! Il me salue d’un hochement de tête. Je lui réponds pareillement. Il entre dans la place.
L’excitation s’empare de moi. Et là je sais ce que vous pensez mes petits cochons. Non, pas ce genre d’excitation là, mon chapiteau n’est pas levé. Je le trouve ben beau, mais les dieux ont faits de moi un être hétérosexuel, faque calmez vos tits.
Je parle d’une sorte d’excitation de groupie, un peu comme votre grand-mère qui tripait dont sur les Beatles ou Paul Daraîche. Pas la même catégorie, mais je veux ratisser large pour que vous compreniez ce que je vivais. Le genre de « OMG OMG OMG » si tu vois ce que je veux dire.
En tout cas, mon ami se pointe finalement et on entre dans le Petit Café Campus. Je lui annonce que le « gars avec la corne à boire est là pis il m’a même salué d’un signe de tête », ce qui cause un « Oooh shit » bien sentit. Bon, pour ceux qui ne sont jamais allés là, le Petit Café Campus, c’est pas ben gros comme place. Avec le booth de vente et le bar, en plus d’avoir mis des rideaux noirs pour faire un «backstage» et la scène en tant que telle, mettons que tu te piles sur les pieds assez vite.
On fait le tour de la place, je me pogne un hoodie de Arkona, une bière, et on écoute les bands. Je me souviens vaguement de la performance de The Dreadcrew of Oddwood, ce qui est plus ou moins bon signe. J’ai pas trouvé ça mauvais parce que sinon je m’en souviendrais, mais ça ne m’a pas marqué plus qui faut. Bref.
Arrive Helsott, un band qui «fit» dans le thème de la soirée païenne avec un son brutal, mais avec une touche mélodique grâce à la flûtiste. Je trouve ça bon, la foule est bien réchauffée. Le fils de Thor semble apprécier aussi, mais jusque là, on l’observait pas vraiment alors je peux pas vraiment dire ça de façon certaine comme Isaac Newton pis la théorie de la gravité.
On arrive-tu aux Russes?
Petit détail important: Jusque là, y’a eu quelques circle pits et un petit moshpit, mais rien pour me faire peur. Il y avait des tables avec du monde qui écoutait le show assis avec quelques bières. Pour une raison quelconque, le staff du Petit Café Campus n’avait pas jugé bon de les enlever. Grave erreur.
La table en face de nous était occupée par un couple (assis sur les bancs, évidemment) et quelques bouteilles de bière. Entre Helsott et Heidevolk, le couple discutait (comme tout le monde) et à un certain moment donné la fille se lève, sans doute pour aller aux toilettes. Ben non je l’ai pas suivi, je suis pas creepy dans cette catégorie-là, faque je sais pas si elle est allée là ou si elle est sortie prendre de l’air.
En tout cas, c’est tant mieux pour elle, parce qu’elle aurait peut-être été blessée par la révélation enfin de la Légende.
Heidevolk arrive sur scène, et le moshpit débute. Et quel moshpit.
Gustafsson a poussé un mécréant, mais comme il est Thor (ou son fils), il ne connait pas sa force contre des humains. Le mécréant s’écrase sur la table, et le pauvre gars qui était assis sur le banc. Oh man.
J’ai déjà vu du monde voler dans la vie, mais lui, il aurait eu la médaille de bronze au saut en longueur. Et voir sa face surprise de se retrouver à terre, c’était priceless. Et ce n’est pas tout.
Gustafsson va voir le gars et s’excuse, lui proposant de lui payer une bière et l’aide à se relever. Le gars est abasourdi par l’expérience qu’il vient de vivre, de toute évidence. La table renversée, la vitre cassée (heureusement personne de blessé!) et les deux tabourets qui semblent avoir été expulsés de notre dimension font de la scène une place épique. Pour vrai j’ai pas revu les tabourets, je crois vraiment qu’ils sont présentement en train de flotter avec les cadavres des Jotunns ou whatever.
Bref, un gars vient balayer les décombres avec 3-4 personnes qui éclairent le plancher avec leurs cellulaires. La fille revient entre temps et elle lève les bras comme pour dire « Qu’est-ce qui est arrivé? »
Et c’est là, mes amis, que Gustafsson est devenu une légende. Pendant l’entracte entre Heidevolk et Arkona, on s’est mis à lui inventer une vie. Le pourfendeur de géant, le destructeur de table, le dieu qui se déguise en homme. Le nom Gustafsson fut définitivement adopté à ce moment-là. On se disait que Gustafsson ne voyageait pas en transport en commun, il arrivait dans un éclair sur place, un peu comme Superman se change dans une cabine de téléphone. Gustafsson, de sa simple présence, pouvait rendre les femmes enceintes. Qu’il venait nous protéger du Mal avec sa corne à boire.
On lui a inventé une sale vie pour vrai. Mais ça nous a marqués à vie.
Ah pis le show? Arkona, si t’as jamais vu ça mon p’tit bum, tu dois le faire une fois dans ta vie. J’ai rarement vu un front(wo)man aussi énergique que ça. Ça vaut la peine je te jure. Pis les gars de Heidevolk sont vraiment très nice. Quand on est sorti (on est parti un peu avant parce que c’était un mercredi soir et on travaillait tôt le lendemain), les gars de Heidevolk étaient dehors et on a jasé un peu avec eux. Ils en revenaient pas de voir autant de monde un mercredi soir dans un show, ils s’attendaient à voir une salle vide. Et ils nous ont donné des stickers. Pis ils sont partis avec leurs bouteilles de Jack Daniels (une par membre).
Gustafsson, on ne l’a pas revu ce soir-là. Mais sa légende grandissait. On a raconté le show à plein de monde. Je pense que je l’ai raconté à mes collègues au moins deux fois sinon plus.
La légende grandissait oui, mais on n’était pas encore à l’apogée. Oh que non capitaine. Dans la prochaine et dernière partie, je vais vous raconter le seul contact divin que j’ai eu dans ma vie, pis j’inclus les cours d’enseignement religieux que j’avais au primaire et secondaire. Non, pas de prêtres impliqués. Non, je vais vous parler de ma rencontre avec Gustafsson.