*La sélection correspond aux choix de votre humble serviteur et ne représente pas nécessairement celle du staff de Boulevard Brutal.
Ironiquement, le mois le plus court de l’année peut parfois sembler interminable. Pas toujours facile, ce maudit creux de début d’année. Heureusement, l’abondance de sorties métal de qualité a pu compenser afin de passer au travers…
WITHERFALL – Nocturnes & Requiems
(Indépendant)
Suite à leur départ du groupe White Wizzard en 2013, le chanteur Joseph Michael et le guitariste virtuose Jake Dreyer (Iced Earth) se sont investis avec leur projet Witherfall. En résulte leur tout premier album, Nocturnes & Requiems, un titre quasi prémonitoire que le batteur, feu Adam Sagan, tristement décédé en décembre dernier, avait lui-même proposé. Il n’aura donc jamais eu l’occasion d’être témoin de la sortie de l’album. Triste, d’autant plus que ce Nocturnes & Requiems s’avère un superbe album de métal progressif. Les guitares de Dreyer défoncent comme un tank, Michael est en parfaite maîtrise de ses cordes vocales et la batterie est on ne peut plus tight. La qualité d’écriture est au rendez-vous et on a droit, un peu comme Malmsteen, Baker et même Angra le faisaient, à de brèves citations tirées ou inspirées du répertoire de la musique classique. Toujours est-il que Witherfall transpire le métal hurlant et a tout pour plaire à celles et ceux qui s’intéressent à King Diamond, Opeth, Dream Theater, Ihsahn, Queen, Savatage, Marty Friedman et j’en passe.
HENRY KANE – Den Förstörda Människans Rike
(Transcending Obscurity Records)
Vous vous demandiez quel effet ça pouvait avoir, se faire masser avec un marteau-piqueur? Vous obtiendrez réponse à l’écoute de Den Förstörda Människans Rike, premier album de Henry Kane. Il s’agit d’un projet initié par le Suédois Jonny Pettersson, notamment membre de Wombbath. Henry Kane est un personnage tiré de la série de films Poltergeist et c’est à partir de ce inquiétant personnage que Petterson a choisi de nommer son projet death/crust. Les guitares grondent comme celles d’Entombed ou Dismember et la musique fesse avec un death/crust où les blast beats et d-beats effrénés risquent de vous causer une commotion cérébrale. C’est violent, c’est crotté, c’est bon!
IMMOLATION – Atonement
(Nuclear Blast)
Avec ses premières notes dissonantes, on sent qu’Immolation ne va pas être tendre. Et ça se confirme quelques instants plus tard, lorsque la batterie et la distorsion s’en mêlent. Ramenant leur logo d’origine sur la couverture de cet enregistrement, les musiciens d’Immolation ne reculent pas pour autant 25 ans derrière quant à la musique. En fait, Immolation poursuit ni plus ni moins dans la même direction. Pas de surprises donc, mais il n’en demeure pas moins que les pièces qui composent ce sombre Atonement s’avèrent franchement réussies. Personnellement, cet album me semble plus intéressant que le précédent Kingdom of Conspiracy. Il se situe davantage dans la veine de Majesty and Decay. D’ailleurs Thrown To The Fire risque de vous faire penser à A Glorious Epoch.
POWER TRIP – Nightmare Logic
(Southern Lord Recordings)
S’étant fait remarquer en 2013 avec Manifest Decimation, le groupe thrash/crossover Power Trip confirme sa pertinence. Non seulement ça, Nightmare Logic est un disque qui démontre qu’il est encore possible de pondre des riffs efficaces et accrocheurs, même lorsque l’on suit les traces de Cro-Mags, Slayer ou D.R.I. Les fans de Toxic Holocaust trouveront également leur compte et seront peut-être enchantés de savoir que Joel Grind a mis la main à la pâte lors du matriçage de cet album, parfait dans le genre.
PESTIFER – Execration Diatribes
(RDL Records/Lavadome)
Un peu comme l’avait fait le groupe Blasphemer en janvier, le trio portugais Pestifer parvient à conserver l’esprit du death metal old school, sans nécessairement tomber dans le piège du pastiche. Avec Execration Diatribes, la production semble avoir été faite au goût du jour, mais l’écriture respecte le genre dans la tradition des légendaires Morbid Angel ou encore Deicide et Krisiun. Encore une fois, il n’y a pas de révolution musicale ici, mais impossible de bouder son plaisir.
BENIGHTED – Necrobreed
(Season of Mist)
Les français de Benighted font mal. Très mal. Et leur combinaison de grindcore et de death metal brutal n’aura jamais été aussi bien rendue que sur Necrobreed. Je ne sais pas ce que les musiciens ont avalé avant de se lancer dans l’enregistrement de ce 8e album, mais c’est extrêmement précis. Je sais qu’on peut tricher avec du triggering et repousser les limites de la précision grâce aux avancées des enregistrements numériques, mais la réalisation conserve tout de même une impression naturelle dans son exécution. Tant mieux pour Benighted, qui, en plus des qualités techniques de ce Necrobreed, produit des riffs monstrueux.
SINISTER – Syncretism
(Massacre Records)
Bien que je demeure encore et toujours convaincu que Diabolical Summoning (1993) est l’un des plus grands albums death metal de son époque, je n’ai jamais été fidèle au groupe danois Sinister. En fait, je n’accroche pas à la plupart de la douzaine de disques parus en 25 ans. J’avoue avoir même baisser les bras à la suite des derniers albums, dont le seul membre original demeure le chanteur Aad Kloosterwaard, qui était jadis batteur au sein de la formation. Bref, un article sur Syncretism m’a convaincu de laisser une autre chance au band et, face au constat auquel j’ai dû me faire une raison, je vais devoir garder l’oeil ouvert la prochaine fois. En effet, Syncretism est ce que le groupe a fait de mieux depuis un sacré bail. C’est pas juste «moins pire», c’est véritablement bien foutu! Le style des compositions évoque pas mal Cannibal Corpse, et si le début de Domiance Acquisition fait tiquer car il s’agit d’une copie carbone de Stripped, Raped and Strangled, on oublie vite cette bévue lorsque l’on considère l’ensemble du résultat de ce disque foutrement efficace. Chapeau aussi au groupe qui a mis à jour ces séquenceurs orchestraux, ce qui augmente largement la qualité de production.
IRON REAGAN – Crossover Ministry
(Relapse)
On dirait que le projet crossover dans lequel sont impliqués deux membres de Municipal Waste, le chanteur Tony Foresta et le guitariste Land Phil, semble prendre le dessus. Difficile de s’en plaindre, surtout lorsque Iron Reagan lance un album de la trempe de Crossover Ministry. Évidemment, impossible de ne pas avoir le nom de D.R.I. sur le bout de la langue lorsqu’on entend la musique du quintette de Richmond. Quoi qu’on peut aussi avoir en tête Suicidal Tendencies (flagrant sur Megachurch), dont les influences paraissent tout aussi bien ancrées au sein du groupe, qui nous fait bien rigoler avec une pièce – et surtout un clip – comme Fuck The Neighbors. Du gros fun sale.
OVERKILL – The Grinding Wheel
(Nuclear Blast)
Au risque de me répéter, réglons une affaire de ce pas : Overkill ne se réinvente pas. Les thrashers appliquent plus ou moins la même formule depuis plus de trois décennies. Je dirais même que leurs derniers enregistrements, si l’on ne s’attarde pas trop à ceux-ci, peuvent sembler du pareil au même au premier abord. Soit. Malgré tout, une fois plus familier avec le matériel, on se laisse prendre au jeu et il devient très difficile de ne pas se laisser emporter. C’est encore le cas avec The Grinding Wheel. Bien que certaines des pièces sont alourdies par leur durée, on retrouve toujours un refrain accrocheur, un bridge étonnant et des solos funs. Qu’est-ce que vous voulez que j’vous dise!
SOEN – Lykaia
(UDR)
En attendant les nouveaux albums de SOAD et Tool, c’est-à-dire peut-être jamais dans le cas d’un des deux groupes mentionnés, il est possible de mettre son mal en patience ou compenser avec Lykaia du groupe Soen. La formation, parmi laquelle on retrouve l’ancien batteur d’Opeth (Martin Lopez), propose un solide nouvel effort, malgré les similarités évidentes avec les formations citées. Avec un sens aiguisé vers les structures plus «pop», si l’on peut s’exprimer ainsi, Soen propose à mon avis, des chansons beaucoup mieux construites et du même coup, plus efficaces et accrocheuses que par le passé. Misant de toute évidence sur la sensibilité de la voix de Joel Ekelöf et sur ses lignes mélodiques, la musique manifeste plus souvent qu’à son tour une fondation assez heavy.
Vous pouvez également découvrir mes écoutes métalliques partagées sur instagram, en recherchant le mot-clic #metalcoolique, vous abreuver sur Métalcoolique ou encore m’écouter chaque semaine sur la balado Métalcoolique.