*La sélection correspond aux choix de votre humble serviteur et ne représente pas nécessairement celle du staff de Boulevard Brutal.
1- VEKTOR – Terminal Redux
(Earache Records)
Ouf! Les thrashers américains évoluent avec une fulgurance qui défie les lois de la physique. Si ce quatuor – dont l’une des influences majeures est Voïvod (ça se ressent d’ailleurs jusque dans leur logo) – démontrait un fort potentiel sur Black Future et prouvait qu’il avait encore bien des choses à dire sur Outer Isolation, sachez qu’il atteint les plus hauts sommets sur le phénoménal Terminal Redux. Vektor est un groupe en pleine possession de ses moyens, tant au niveau de l’exécution que de la créativité. En effet, la bande ne se contente pas que de reproduire un thrash aux sonorités d’antan. En fait, il s’agit peut-être bien du plus bel exemple de l’évolution du genre à ce jour. Les musiciens de cette formation de grand calibre repoussent les limites du genre avec un album concept bien ficelé, des idées musicales fortes, des éléments progressifs stimulants et une technique de jeu sans failles.
2- KATATONIA – The Fall of Hearts
(Peaceville Records)
Je fais mon mea culpa. Ce n’est pas probablement pas le premier que j’exerce ici… Encore moins le dernier! C’est que, je n’avais pas été impressionné par le premier extrait de ce nouvel album livré par Katatonia. J’avais l’impression que les suédois s’adoucissaient encore davantage, mais j’avais encore plus le sentiment qu’ils étaient sur le pilote automatique. Bon d’accord, vous ne retrouverez pas de grande révolution musicale avec The Fall of Hearts, mais je suis content d’affirmer que je me suis trompé. The Fall of Hearts est, selon moi, l’enregistrement le plus stimulant du groupe depuis Viva Emptiness. Ça faisait un bon moment que je ne m’étais pas senti aussi interpellé par les compositions de Katatonia. Bien sûr, le métal demeure un aspect timide de l’ensemble, mais lorsqu’il se manifeste, c’est du solide (Passer). La production hyper léchée ne nuit pas, mais il semble y avoir un regain d’inspiration au sein de la formation qu’on accueille à bras ouverts. Derrière la simplicité des titres se trouvent des arrangements où les détails comptent, tandis que Katatonia nous surprend avec quelques mélodies et changements d ‘accords intéressants au détour. Avec la présence du mellotron et de certaines progressions musicales, difficile de ne pas déceler les influences communes entre le groupe, Opeth et Steven Wilson. On retrouve aussi quelques riffs dont la rythmique n’est pas sans rappeler Tool (Takeover, Residual).
3- DEATH ANGEL – The Evil Divide
(Nuclear Blast) /
FLOTSAM AND JETSAM – Flotsam and Jetsam
(AFM Records)
Eh bien! Si on m’avait dit un jour que j’allais autant apprécier des albums des ces deux groupes thrash! Mise en contexte. Death Angel et Flotsam & Jetsam sont deux bands pour lesquels j’apprécie certains disques, mais je n’ai jamais été le plus grand ni de l’un ou l’autre. Il faut dire que ces groupes ont tout de même évolué dans l’ombre de plus grosses pointures et que leur discographie respective s’avère très inégale. Or, voilà qu’à une semaine d’intervalle, les deux formations débarquent en grand pompe avec de solides enregistrements. Vraiment, je ne pensais jamais faire autant rouler ces deux disques au cours des derniers jours. Dans le cas Death Angel, il s’agit, en ce qui me concerne, de leur disque le plus stimulant en carrière. Leur single Lost peut faire penser à Only d’Anthrax, mais la chanson est accrocheuse et beaucoup plus poignante. Le chanteur Mark Osegueda y offre une livraison digne d’un certain Dio. Les gars de Death Angel nous garochent leurs meilleurs riffs et des solos franchement excitants! Quant à Flotsam and Jetsam, difficile de ne pas faire de rapprochement avec Overkill. Les sonorités et le vocal y sont similaires, mais c’est à prendre comme un compliment. La chanson Iron Maiden qui rend hommage au légendaire groupe du même nom est très fun. Autrement, Flotsam and Jetsam apporte son lot de chansons très heavy avec plusieurs riffs lourds. Certains ramènent même à du bon vieux Pantera (Smoking Gun). Bref, on peut voir cela comme un juste retour du balancier pour Death Angel et Flotsam and Jetsam, tandis que certains géants du thrash n’arrivent qu’à pondre des énièmes ré-éditions plutôt inutiles et des tonnes de produits dérivés dont on finit par se contre-câlisser…
4- VAINAJA – Verenvalaja
(Svart Records)
Le folklore est souvent au cœur des albums de métal issus de la Finlande. C’est une fois de plus le cas avec le ténébreux et ô combien satisfaisant Verenvalaja. Ce second disque offert par le groupe de death/doom métal Vainaja s’inspire donc d’un bouquin écrit par un certain Wilhelm Waenaa. On rapporte que ce dernier aurait été le leader d’un culte qui rependait la terreur dans la Finlande rurale du 19e siècle. Ai-je besoin de vous préciser que ce sentiment de terreur est parfaitement traduit par Vainaja. Riffs d’une pesanteur suffocante dominent les six titres que composent Verenvajaja. L’album n’est toutefois pas dépourvu de quelques passages plus mélodiques, apportant un certain équilibre musical à cet opus assez sombre. Incantations, orgue, interludes orchestraux et effets sonores sont également au rendez-vous pour une expérience immersive encore plus inquiétante. Tremblez, simples mortels. Tremblez!
5- SEKTEMTUM – Panacea
(Osmose Productions)
La scène métallique en France est très effervescente ces dernières années. On a droit a beaucoup de matériel de qualité. Notamment en ce qui a trait au black métal. Le fin connaisseur Steve Dallaire en faisait part juste ici. Je pense que vous pouvez ajouter Sektemtum à la liste des groupes à retenir. Panacea s’amorce avec un riff de black dévastateur, mais la formation constitué de plusieurs membre de Doctor Livingstone, défie de nombreuses conventions du métal. Essentiellement inclassable, Panacea est un album incorporant ici et là des éléments de post, de punk, de synth wave (218′), de crust… Sektemtum ne se gêne pas pour inclure au passage quelques hymnes accrocheurs en guise de refrains. En fait, le groupe fait ce dont il a envie en ne se souciant pas des étiquettes, ni de règles « non écrites » auxquelles peuvent parfois tenir les puristes endurcis les plus extrêmes. Ce je-m’en-foutisme assumé est donc une attitude qui, de toute évidence, porte fruit dans leur cas.
6- GORGUTS – Pleiades’ Dust
(Season of Mist)
Après un retour remarqué et fort apprécié en 2013, Gorguts permet à ses fans d’avoir du nouveau à se mettre sous la dent avec cet EP constitué d’une composition totalisant 33 minutes. Fidèle à ses habitudes Luc Lemay combine sur ce Pleiades’ Dust cérébralité et brutalité. Dans la continuité du disque précédent, et toujours entouré de Colin Marston et Kevin Hufnagel (Patrice Hamelin se retrouve désormais derrière la batterie), la production de Pleiades’ Dust s’avère impeccable. L’équilibre entre chacune des parties et la profondeur du mix impressionnent. Musicalement, Lemay et sa bande proposent des échanges texturés et la balance entre sections éthérées et riffs pesants est très bien équilibrée. Les fans de Colored Sands doivent jubiler depuis la sortie de ce nouvel effort. Si vous n’avez pas encore pris le temps d’en faire l’écoute, vous devriez remédier à la chose sans plus attendre.
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Pas métal, mais pas banal
Permettez-moi cette déviation musicale. D’abord parce que la parution est éditée par un label qui propose un catalogue majoritairement métal. Mais aussi puisque plusieurs métalleux semblent ouverts à ce genre de titres.
PERTURBATOR – The Uncanny Valley
(Blood Music)
Perturbator (James Kent) est un artiste parisien qui domine la nouvelle vague de dark/synth wave faisant de plus en plus fureur ces dernières années. Permettant de replonger les nostalgiques pourris tels que votre humble serviteur dans un vortex spatio-temporel ramenant directement au cœur des années 1980, le compositeur (qui aurait été guitariste dans certains groupes black métal si on se fie à Wikipedia) débarque avec son album le plus abouti à ce jour. Bien qu’il soit fort entraînant, The Uncanny Valley est probablement son album le plus sombre. Du moins, sur plusieurs des titres où les mélodies laissent davantage le sentiment d’un univers pessimiste. Amateurs de John Carpenter, Giorgio Moroder, Gost (un contemporain de Perturbator qui se retrouve aussi sur Blood Music) ou encore des trames sonores de It Follows, Turbo Kid et Drive, ne boudez pas votre plaisir.
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