Critique : Wintersun – Time I

Les attentes étaient colossales. Il faut reconnaître que le travail de l’équipe de promotion derrière le band a été impeccable, puisqu’ils sont parvenus à créer un buzz démesuré. Pour ma part, la campagne de teasers de teasers (oui, la répétition est voulue) a fini par sérieusement m’agacer, alors qu’on nous larguait que de ridicules micro-extraits dans les vidéos où il ne se passait rien de très intéressant.

http://youtu.be/3uXY5sV84wk

À partir de l’instant où certains journalistes privilégiés ont pu écouter l’album, nombreux sont ceux qui ont commencé à crier au génie. Depuis, la surenchère de superlatifs et de critiques dithyrambiques au sujet de Time I se propage telle une virulente épidémie.

Et c’est là qu’il faut intervenir avec un « Woh les moteurs! » bien senti, car je considère que cette nouvelle offrande de Wintersun jouit d’un aveuglement critique spectaculaire. Je comprends que huit ans d’attente, c’est long en crucifix, mais je crois que ça ne devrait pas affecter autant le jugement. Et ce n’est pas parce qu’un projet se veut ambitieux qu’il devient systématiquement un chef d’oeuvre. Depuis des semaines, les fans sont tellement conditionnés à recevoir le plus grand des albums métal, que j’irais jusqu’à soupçonner qu’ils ne se donnent pas le droit d’être déçus. Pourtant, avec un peu de recul, il ne faut pas oublier que tout cet engouement découle en partie d’une stratégie de marketing rondement menée.

Si vous êtes pressés et n’avez pas le temps de vous lancer dans l’intégralité de ce texte, voici mon verdict grossier : J’avais passé une pré-commande du vinyle et tout compte fait, bien que j’aie chialé au départ, je suis finalement content qu’il soit en rupture de stock. J’ai pu annuler ma commande. Voilà, c’est dit.

Injuste je suis? Possible. Je crois toutefois qu’ici « l’immensité » de l’oeuvre qu’on cherche tant à nous vendre n’est qu’une habile illusion, puisqu’en fait, au-delà de la durée de certains titres, les structures sont sommes toutes assez simples et parfois même ennuyeuses. C’est plutôt la multitude de couches sonores qui constituent les arrangements qui demandent à l’auditeur un certain effort d’écoute. Un effort qui nous fait réaliser au final que tout ce bling-bling s’apparent davantage à un exercice masturbatoire qu’à un travail méticuleux au service de la musique. Dans ce premier chapitre (il y aura un Time II un m’ment d’né), rien – en terme de mélodies ou même de riffs – ne surpasse le premier opus éponyme du groupe. Rien. Ce nouveau disque est certes ambitieux, mais l’ensemble est avant tout magistralement (et inutilement) pompeux. En toute franchise, aucun des titres ne m’apparaît mémorable et la production est si proprette, que ça manque affreusement de mordant.

Maintenant, n’allez pas croire que je considère Time I comme un ratage complet. C’est seulement que ce chapitre musical n’a finalement rien de très excitant. À mon humble avis, l’enrobage mégalo camoufle des compositions plus faibles que ce à quoi le groupe nous avait jadis convié. Je dois admettre que Sons of Winters and Stars a des envolées et une finale épiques assez efficaces. Légèrement cheesy, mais efficace. Quant à Land of Snow and Sorrow, elle s’avère plutôt banale et l’instrumentale qui suit, Dakness and Frost, ne possède rien de particulier. Misant très fort sur l’apport orchestral (gracieuseté de séquenceurs), on jurerait par moment être dans un film produit par Michael Bay. Bonjour la subtilité! Il va sans dire que le jeu des musiciens est irréprochable et que certains passages sont réussis, mais je ne vois pas ce qu’il y a de si renversant. Et ce n’est pas parce que les gars semblent dans un trip asiatique (entendre l’intro When Time Fades Away) qu’ils réinventent quoi que ce soit. D’ailleurs, si vous voulez du bon métal à saveur orientale, penchez-vous plutôt sur le cas de Chtonic.

Quand j’ai entendu le remarquable Wintersun paru en 2004 pour la première fois, j’avais envie de sauter partout et de sortir dans la rue pour faire écouter l’album aux passants tellement ça suscitait le ravissement chez moi. Cette fois, avec toutes les meilleures intentions du monde (j’vous jure), je constate après quelques écoutes déjà que je ne retrouverai pas cet état d’esprit…

J’aurais envie de retrancher un beau gros 8 (années d’attente) au total de 10 pour exprimer ma déception, mais une note de 2 serait trop injuste. En revanche, je considère que Time I ne mérite guère plus qu’un 5 sur 10.

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