Une histoire de Vincent Peake (deuxième partie)

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Lorsqu’il ne te parle pas de préoccupations métalliques, Kristof G. t’invite dans les coulisses des tribulations journalistiques d’un fan de métal perspicace et autodidacte, s’ayant médiatiquement taillé une place, en balançant son infectieux enthousiasme dans ta face.

[La fois où] j’ai performé du Motörhead avec un emblématique rockeur d’ici… en suit de mari (yé !) – DEUXIÈME PARTIE

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Eille, se faire confirmer que Sabbath Café (avec Vincent Peake et Denis Lepage de B.A.R.F.) allait jouer à notre mariage PRÉCISÉMENT LE SOIR DU DERNIER SHOW MONTRÉALAIS DE BLACK SABBATH = ça n’a pas de prix (si t’as pas lu la première partie, clique ici). Ça ne s’invente pas. Plus que parfait, comme qu’y disent. Car, pour mon couple (et nos potes), la musique live avec de grosses guitares bien saturées fait partie de notre mode de vie, et ce, même si on est maintenant parents d’une jeune et formidable enfant. Histoire de faire vivre un concert « (ba)rock » à ceux et celles qui n’ont pas trop l’habitude et/ou la chance de voir et entendre de quoi du genre, le groupe aurait joué juste après souper.

En effet, vous avez lu juste : l’utilisation d’un temps de verbe de type conditionnel n’est pas fortuite, malheureusement. Hélas, ledit concert n’a pu avoir lieu. En avril 2016, on dût devancer d’une semaine notre événement pour la pire raison possible : la vendeuse de l’établissement avait oublié de nous dire que la date choisie tombait pendant le week-end annuel de l’événement Bières et Saveurs et que c’est normalement l’apocalypse à Chambly durant ce festival. Ouin. Première tuile, Mike « DJ Brace » Topf, un émérite pote platiniste (qui devait venir de NYC pour joliment égratigner du vinyle lors du cocktail suivant la cérémonie) n’était plus disponible. Le champion mondial du DMC célébrerait le premier anniversaire de son propre mariage. Maudit timing. OK.

Du côté de Vincent, pas de conflit d’horaire. Mmmmmm, en fait, pas exactement : il serait en show avec Floating Widget à Québec la veille, en plus de devoir aller chanter du Beatles dans un brunch familial le lendemain. Oui, toujours très busy, l’ami, comme on dit. Vincent a même tenté de faire changer la date de son show de Floating dans la vieille capitale, auprès des deux groupes impliqués et de la salle (quand on vous a dit que c’était un être d’une infinie bonté, ce n’était pas pour niaiser). Pas de bol : pas possible. On devrait donc faire sans soundcheck, trop serré. OK. Ça devrait aller. Il faudrait demander aux gars de Metal Legends, le groupe qui fermerait notre soirée, pour que Sabbath Café puisse utiliser leur matériel (batterie et amplis). Comme le quintette inclut deux amis de longue date, je me disais que ça fonctionnerait sûrement.

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C’est alors que sonna le glas, exit Sabbath Café : Vincent m’annonça que Denis serait avec B.A.R.F. le même soir au Metal Corn Fest de St-Jean Baptiste (qui fut ironiquement annulé au quelques semaines avant notre événement). DAMN. « J’avais hâte de faire ma 1ère gig de mariage », de m’avouer Vincent. Après vérifications, pas possible de trouver un remplaçant à Denis non plus. Donc, comment rescaper la présence de Vincent, tant on tenait à ce qu’il soit avec nous ce soir-là, autant au niveau amical que pour tout ce qu’il représente du côté musical.

Le plan B auquel on a rapidement pensé fut de lui demander pour un DJ set hard rock, et  ce, même si on aurait évidemment préféré l’avoir en performance. De toute façon, impossible de trouver un autre groupe que Sabbath Café qui serait apprécié de tous, jeunes et moins jeunes. Aussi bien en faire notre deuil rapidement, qu’on a alors pensé. Sachez que l’idée d’avoir Vincent en disc jockey ne fut pas lancée par dépit, loin de là. Comme notre homme faisait régulièrement le DJ au Barraca, on savait qu’il ferait de l’excellent boulot, d’autant plus que le mandat (du rock 70 jusqu’au métal au vitriol des années 80) lui allait à merveille, tel que me l’avaient préalablement confirmé toutes nos jasettes coulées dans le rock. Il accepta sans se faire tordre le bras et on lui arrangeât transport et logis à Chambly (au usé mais sympathique Motel Mon Repos, où les mariés et plusieurs de leurs proches iraient faire dodo).

Fin juillet, lors de la mini-tournée québécoise pré-Heavy Montréal, lors de leur show à Ste-Thérèse (au bar billard alterno Le Montecristo), on commençait à être pas mal énervés, ma douce et moi, tel que discuté avec Vincent et Mo ce soir-là. Que ce soit devant de grandes foules en extérieur, dans un Metropolis bondé ou devant une centaine de fans en délire dans un petit bar de région, Groovy en show, c’est toujours dans le tapis comme ce n’est pas permis. À chaque fois, les gars font ça comme des pros et Vincent confirme son statut d’imparable frontman de feu. L’un des plus grand et des plus sincères qui nous a été donné de voir en concert, doté d’une répartie et d’une passion à toute épreuve. Ils ont foutu le feu au Montecristo pis c’était l’fun en sacrament.

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Évidemment, on n’allait pas abandonner complètement le projet d’avoir Vincent sur scène pour jouer un peu de rock live, avec tous ces instruments de destruction massive (de tympans) à portée de main. Surtout que les gars de Metal Legends avaient dans leur set list quelques chansons que Vincent connaissait très bien. On pense notamment à Paranoid de Black Sabbath, ainsi qu’à la solide Ace of Spades de Motörhead, que Groovy reprenait fréquemment sur scène (comme au Metropolis durant les Francos ‘16 avec nulle autre que Lisa Leblanc, show que j’ai également manqué suite à une fâcheuse absence de stationnement au centre ville… non, je n’ai hélas pas pu voir la toast géante non plus).

Vous comprendrez donc que je n’avais tout simplement pas le choix de lui demander s’il accepterait de performer Ace (basse et voix) avec les gars de Metal Legends, qui étaient déjà vendus et excités à l’idée de jouer avec un artiste de la trempe de Vincent. Ce dernier répondit rapidement par l’affirmative, avec un petit bémol : « dis au gars de la chanter, je vais le backer vocalement et jouer de la basse; j’aurai pas le temps de l’apprendre par cœur, même si je la connais pas mal ». T’aurais dit tu préférais les accompagner au gazou que j’aurais sauté de joie Vincent, t’sais.

Début août, à quelques semaines de l’événement, Vincent et Mo, alors en vacances aux Iles de la Madeleine, eurent vent que leur immeuble avait été incendié. Apprendre ça en écoutant les nouvelles à la télé dans ta chambre d’hôtel, c’est assez ordinaire merci. Un appel à tous sur Facebook plus tard, ils purent presque instantanément trouver de l’aide pour se loger entre deux tournées, ainsi que pour entreposer leurs choses jusqu’à ce que leur immeuble soit à nouveau habitable (notre rive sud n’était pas très pratique pour ce couple d’urbains non-motorisés).

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Le fait que leur appartement fut le seul qui n’ait pas été touché du tout, ni par l’eau ni par les flammes, tient du miracle. Ça doit être le karma. Sauf qu’on comprenait que notre DJ n’aurait pas trop accès à sa musique… pas l’idéal pour monter un set de rock. Pas de troub’, on ferait avec ce qu’il avait dans son laptop. Comme si on n’avait pas eu assez d’embûches (ajoutez y les souliers de la mariée perdus dans la male, le couturier pour la robe qui ferma boutique, etc.), notre photographe annula sa présence à deux mois d’avis, pour cause de gros orteil amputé (sans niaiser !).

Afin de cadrer avec notre thématique « fan de musique qui décape », on conçut ou dénicha plusieurs produits dérivés et autres items pour notre « merch/photo booth », aussi appelé  comptoir de souvenir à saveur événementielle. Notamment, en plus de quelques macarons (et d’auditifs bouchons, pour protéger les chastes oreilles pendant la métallique prestation), t-shirts de show (!) et autres accessoires pour photos marrantes, on dût (obligatoire) faire produire des picks (ou plectre) à l’effigie de notre événement, notre logo étant justement un médiator (!!) arborant l’éclair de Taking Care of Business (backing band d’Elvis) et les initiales des mariés avec la typo d’AC/DC. Au niveau fournisseur, on s’est arrêtés sur Clayton Custom, qui a bossé notamment pour Madonna, Foo Fighters et Tenacious D. De la suite dans les idées, hein ?

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On en a même fait faire deux sortes, soit une centaine en format guitare, avec le logo de Metal Legends au verso, pour autant en format basse, avec un visuel symbolisant Vincent : une photo de mon cru, captée lors du passage de Grimskunk à Heavy Montréal en 2011. Vincent Pick… euh Peake (excusez-la, trop facile!) a tellement aimé le design que c’est sa photo de profil Facebook depuis que je lui ai envoyé (NDLR : déjà plus de deux mois, au moment où je rédige ces ligne, à la mi-septembre!). Je vais pouvoir ajouter à mon CV « designer de pick et de photo de profil Facebook personnel de Vincent Peake depuis 2016 »!

Dans notre programme souvenir, parmi les biographies des artistes performant au « festival » MCB ~ CG, celle de Vincent, peu subtilement nommé DJ LA POINTE DU PICK, se lisait comme suit :

2_6_2011heavymtl_vincentpeake_grimskunk_gifLe plus grand rockeur de l’histoire du rock alternatif québécois. Bar none. On pourrait même enlever le mot alternatif. Ayant joué avec les plus grands de la scène, il est toujours aussi actif, et ce, même après plus de trois décennies d’activité. Au-dessus de 30 ans de rock. Du métal au folk, en passant par le punk, le krautrock, le rock n’ roll et le progressif, ce gars-là — l’un des plus modeste, approchable, généreux et authentique qui soit — a tellement touché à tout, c’est fou.

 Y’a même joué avec les p’tits gars de Jonquière (vous savez ceux qui fond du métal interstellaire?), en plus de fonder et de tenir à bout de bras cette fameuse clique de Longueuil (qui jasent de boisson, de toasts et de fourmis, genre) et de joindre ces vieux routiers qui sentent la mouffette (au figuré, évidemment). Presque 50 balais (17 dans son cœur) et toujours mû d’une inébranlable passion pour l’art mélodique. Même si son agenda est mieux rempli que celui d’un ministre, il trouve toujours du temps pour aider un pote ou un collègue au nom du rock. Un homme inspirant. Merci pour tout. Vraiment.

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Évidemment, ceux qui se sont donné la peine de lire les 12 pages dudit programme (remis à leur arrivée dans la salle avant le souper) ont pu deviner de qui il était question. Lire entre les lignes, comme qu’y disent. Comme (presque) tout finit par s’arranger comme des astres qui vont  s’aligner à un mom’d’né : le brunch familial de Vincent fut reporté, alors que Josée, notre maquilleuse d’un jour (une amie de longue date, qui allait à la même école secondaire que moi), allait donner un lift à Mo et Vincent, avant la prestation surprise de ce dernier.

Le fait que Josée se trouvait également à être la copine d’un des collègues de Vincent, Joseph « Joe Evil » Burnett de Grimskunk, ne faisait qu’ajouter au fun de l’entreprise. Les deux paires allaient souper au rez de chaussée de l’établissement, avant que j’aille les chercher pour qu’ils viennent tripper avec nous à l’étage.

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Évidemment, je me suis fait un plaisir pour rendre l’entrée en salle de Vincent on ne peut plus remarquée, en l’introduisant comme il le fallait à l’aide d’un porte-voix, juste avant que Metal Legends ne nous interprète le segment « valse à trois temps » d’Orion de Metallica, pour la première danse. Ensuite, DJ Peake nous a offert un bon 120 minute de rock ininterrompu, qui sut faire bouger pas mal de monde. Finir le set par Tribal Convictions de Voïvod était une parfaite transition pour la décharge de décibel qui suivrait.

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Au menu, les plus grands succès du métal classique et du thrash, sans oublier des incontournables, comme la susmentionnée Ace of Spades. Je n’ai pu m’empêcher de monter brièvement sur scène pour gueuler joyeusement les mots « the Ace of Spade, the Ace of Spades » durant le passage de Vincent sur les planches. Juste pour avoir le bonheur de dire qu’on a déjà joué ensemble, t’sais. Moment inoubliable, tout comme cette épique journée.

Être le marié veut aussi dire devoir/vouloir jaser avec tout le monde. Et qui dit jaser, qui plus est, en état d’ébriété (il va sans dire), dit aussi perdre la notion du temps (clairement à cause de Doc et sa DeLorean, qu’on avait booké pour l’arrivée de la mariée… sans déconner!). Ainsi, dans le feu de l’action, j’ai comme oublié de remonter voir le deuxième set de Metal Legends, qui passaient en mode Maiden, avec des changements de costume pis toute (n’ayant trouvé personne pour personnifier Eddy la momie, période Powerslave, j’ai finalement décidé de ne pas enfiler son costume, comme je l’avais fait au Théâtre Fairmount en novembre 2015).

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D’ailleurs, lorsque le groupe commença à jouer la pièce Iron Maiden (tirée de l’album éponyme, 1980), Vincent est spontanément remonté sur scène pour la chanter avec le band. Du gros fun dont je n’ai hélas pu être témoin. Pas grave. Vincent m’apprit ensuite que Groovy la jouait live à leurs débuts et qu’il eut beaucoup de fun à jouer avec les pros de chez Metal Legends. Nice.

Une douzaine de survivants finirent ça de l’autre côté de la rue, soit au rudimentaire bar Mon Repos, à jouer au pool (Vincent se trouvait étonnamment efficace) en buvant des grosse quilles de Laurentide comme au Saguenay, tout en demandant du Slayer et du Def Leppard au barman jusqu’à trop tard. Drôle, comme au resto le lendemain pour déjeuner, alors que les mariés leurs amis (incluant Vincent et Mo) revenaient tranquillement à la vie en jasant… de musique, bien évidemment.

Que ce soit du show de Prophets of Rage (le super-groupe composé de membres de RATM, Public Enemy et Cypress Hill venait de passer au Centre Bell), de la biographie de Mötley Crüe (The Dirt, qui explique trop bien ce que signifie « sex, drugs and rock n’ roll ») et autres sujets connexes. Avant de quitter Chambly, Vincent et Mo nous ont même aidé à paqueter tout ce qui restait de la soirée (déco, accessoires, etc.), confirmant à tous les instants une gentillesse incommensurable dont on sera pour toujours reconnaissant.

Bref, de cet époustouflant et unique événement, je garderais éternellement des souvenirs plus qu’excellents ― Bill & Ted auraient tellement trippé! Post-événement, m’a fait sourire cet extrait de message que m’a envoyé Vincent :

« j’ai jammé avec Grim hier et les picks sont parfaits!!

Quel beau cadeau, pour vrai! ».

Non, c’est toi Vincent qui m’a fait le cadeau de me considérer comme un chum, de venir tripper avec ma femme, notre gang et moi lors de cette journée remplie de love et de fun. Merci pour le rock, l’électricité, l’enthousiasme et la générosité. En mon nom, au nom des nôtres et assurément de tous les trippeux d’ici et d’ailleurs qui ont déjà eu le privilège de rocker en ta compagnie, horns way up, l’ami.  \m/

Kristof G.

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PHOTOS : MORENA LAGRANDEUR (la première d’un couple trop content lors du show de Sabbath), KRISTOF G. et OLIVIER TÉOLI + KARINE LANGELIER (photographes officiels de MCB/CG).

 

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Lorsqu’il ne te parle pas de préoccupations métalliques, Kristof G. t’invite dans les coulisses des tribulations journalistiques d’un fan de métal perspicace et autodidacte, s’ayant médiatiquement taillé une petite place, en balançant son infectieux enthousiasme dans ta face.

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