Vade Retro Satana!!! Critique de The Wild Hunt – Watain

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S’il y a un groupe qui sème la controverse ces temps-ci, c’est bien Watain. Et non, je ne parle pas de l’odeur de sang et de pourriture qui se dégage lors de leurs prestations. On le sait tous, ça pue encore plus qu’au Festival du cochon de Sainte-Perpétue. En fait, The Wild Hunt, cinquième album de la formation suédoise, ne fait pas que des heureux dans le clan des «puristes» du black métal. Il y aurait quelques points que j’aimerais clarifier à ce sujet d’ailleurs. Tsé lors des premiers balbutiements du black, à l’époque des premiers albums de Mayhem, Burzum, Darkthrone et cie, le drum sonnait comme une boîte de carton, sans parler de la sonorité des guitares. Tu n’es pas obligé de partager mon avis, mais ce son était la plupart du temps dû au manque de budget et non dans l’intention elle-même. Alors il est normal aujourd’hui que si un groupe tel Watain possède le budget nécessaire pour avoir un son convenable, il va le faire.

Un autre point, et encore une fois vous pouvez être en désaccord, mais il me semble que l’anti-conformisme est une valeur importante du mouvement sataniste. Alors pourquoi un groupe serait-il toujours obligé de se restreindre au son dicté par les soi-disant «puristes»? Et pourquoi ne serait-il pas possible d’essayer des trucs et tenter d’innover au lieu de recréer la même recette encore et encore? Erik Danielsson, leader de Watain, maintient en entrevue qu’il ne fera jamais le même album, et c’est le cas pour The Wild Hunt. Sauf que sur cette galette, il ne s’est imposé aucune contrainte, quitte à se mettre quelques fans à dos.

Un album différent, certes, tout en demeurant du black métal. Ce n’est pas demain la veille que Watain va jouer au Stade Olympique avec des grosses têtes de cochons gonflables au plafond. Oublie ça. La première moitié de l’album le confirme d’ailleurs. Après la lugubre intro intitulée Night Vision, la pièce De Profundis fesse dans le tas. Du gros métal noir sale. Black Flames March, All That May Bleed et The Child Must Die oscillent entre le thrash et le black, toujours avec la voix ténébreuse de Danielsson. Nous sommes en terrain plutôt connu.

Mais attention, c’est là que les choses se compliquent pour certains. La chanson They Rode On est une ballade. Vade Retro Satana câlisse!!! Une ballade sur un album de Watain? Ben oui toé. Une vraie de vraie. Et elle se veut assez joufflue pour se comparer à Nothing Else Matters de Metallica. Danielsson utilise sa voix naturelle (et agréable) tout au long de la chanson et les solos sont gonflés d’émotion comme ceux de Steve Rothery de Marillion ou David Gilmour de Pink Floyd. La toune dure 8:43, alors si tu penses que Watain a fait ça pour passer à la radio, tu fais fausse route mon ami.

Ensuite, les suédois y vont à fond la caisse dans l’expérimentation. Sleepless Evil débute avec des blast beats bien assurés, cependant l’utilisation d’un piano en milieu de chanson étonne. La pièce-titre quant à elle se veut le compagnon de They Rode On, toutefois avec une sonorité plus noire. Le refrain me fait penser à du chant grégorien et une guitare flamenco conclut le tout. Une vibe industrielle se fait sentir dans le début et la fin de Outlaw, la pièce la plus chaotique du disque. Très intense. Ignem Veni Mittere quant à elle est instrumentale et rappelle un peu ce que Watain avait fait sur Lawless Darkness. Ça se termine avec la longue et épique Holocaust Dawn, qui se veut un ramassis de tout ce que tu as entendu sur The Wild Hunt. Excellent.

Erik Danielsson et sa troupe ont opté pour une démarche artistique et je souligne ce courage. En plus, c’est réussi, n’en déplaise à certains fans. Ils auraient certainement pu s’asseoir sur leurs lauriers et pondre un Lawless Darkness 2, je suis certain que ça aurait fait la job quand même. Peut-être la prochaine fois… En passant, The Wild Hunt ne s’apprécie pas dès la première écoute, il faut prendre le temps de le digérer. Même si j’étais au courant que Watain prenait une tangente différente sur ce disque, je n’étais vraiment pas certain du résultat lorsque je me suis plogué ça dans les oreilles la première fois. Un must, mais pour un public averti et surtout ouvert d’esprit.

Cote de Steve: 8.5 têtes de cochons gonflables sur 10

https://twitter.com/stevedallaire

There are 3 comments

  1. Le Best OV 2013 de Steve Dallaire | Boulevard Brutal

    […] Erik Danielsson et sa troupe ont opté pour une démarche artistique et je souligne ce courage. En plus, c’est réussi, n’en déplaise à certains fans. Ils auraient certainement pu s’asseoir sur leurs lauriers et pondre un Lawless Darkness 2, je suis certain que ça aurait fait la job quand même. Peut-être la prochaine fois… Critique de l’album […]

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