Entrevue avec Joe Duplantier de GOJIRA

Le cinquième album de Gojira, que j’ai d’ailleurs critiqué il n’y a pas très longtemps, est sorti le 25 juin dernier. Depuis, les gars du groupe font la promotion de l’Enfant Sauvage sans relâche. Évidement, qui dit nouvel album dit tournée. Le quatuor de Français s’amène donc en Amérique du Nord à partir du 1er août et s’arrêtera au Heavy MTL le 12. J’ai eu la chance de m’entretenir au téléphone durant une quinzaine de minutes avec le chanteur/guitariste du groupe, Joe Duplantier. Plusieurs sujets ont été abordés et je vous propose donc un résumé de notre conversation.

Pourquoi avoir choisi l’Enfant Sauvage comme titre d’album?

Premièrement parce qu’il faut bien trouver un titre, mais c’est un truc qui s’est passé petit à petit. Il y avait un morceau qu’on a appelé l’Enfant Sauvage. Quand on compose, on a des titres de travail. Ça peut être n’importe quoi. Il peut y avoir un morceau qui s’appelle Robert et un autre qui s’appelle vendredi 13 parce qu’il a été composé un vendredi 13. Après, quand les morceaux sont finis, on leur donne des titres définitifs en fonction des paroles et tout, et celui-là s’appelait l’Enfant Sauvage dès le début parce que c’était l’idée à travers la chanson du mythe de l’enfant sauvage, un enfant qui est abandonné bébé dans la forêt et qui grandit sans l’influence de la société, des institutions, de l’école, des parents, des notions de bien ou et de mal et d’identité. Le titre ne peut pas se traduire vraiment en « Wild child » ou « feral child ». Tout ça, ça ne marchait pas. L’Enfant Sauvage était vraiment le titre qui marchait au final. On s’est dit pourquoi pas. On est Français alors pourquoi ne pas donner un titre en français. C’est aussi devenu le titre de l’album parce que c’est ce qui résumait le mieux le message de l’album.

En parlant de la langue française, est-ce qu’il arrive qu’on vous reproche d’écrire vos chansons en anglais?

Pas vraiment reprocher, mais il y a des gens qui nous demandent: « Vous êtes Français, pourquoi vous n’écrivez pas en français? », mais avant d’être Français on est des êtres humains sur une planète avec une communauté d’êtres humains de la même espèce qui vivent dans tous les pays du monde et l’anglais c’est encore pour l’instant la langue universelle de la communication. Pour nous c’est naturel de chanter en anglais depuis le tout début.

 

Quelle est la réaction du public face à l’Enfant Sauvage? Êtes-vous satisfaits des critiques?

Oui! Les critiques sont mitigées. Il y a des critiques positives et des critiques négatives, mais plutôt positives quand même. On a une très bonne réaction de ceux qui nous supportent depuis le début, de nos fans. Il y a aussi certaines personnes qui n’aimaient pas Gojira avant et qui maintenant commencent à aimer avec cet album; des vrais métalleux, des amateurs de métal hardcore. C’est un album qui a une bonne réception du public, je pense.

 

Vous partez en tournée le mois prochain et vous allez vous arrêter à Montréal. Avez-vous hâte de venir jouer au Heavy MTL?

Oui on est très contents de venir jouer à Montréal. C’est toujours un plaisir. On est venus pas mal de fois déjà et on est toujours reçus par une super équipe de gens passionnés et motivés. Il y a une certaine « vibe » différente à cause de l’esprit Québécois qui défend la langue française et qui veut se détacher de l’américanisation. Il y a une identité forte, un peu comme le Pays basque d’où je viens en France donc on aime beaucoup jouer à Montréal.

 

Penses-tu avoir le temps d’aller voir jouer d’autres groupes pendant le festival?

Oui, si on a un petit « break » avec la promotion parce qu’on a fait beaucoup de promotion en Europe pour cet album, mais on commence tout juste à en faire en Amérique du Nord donc je pense que je vais être très occupé avec les interviews ce jour-là, et j’espère d’ailleurs parce que quand il y a beaucoup de promos c’est bien pour nous, mais j’espère aussi pouvoir aller voir des groupes. J’adore découvrir des nouveaux groupes.

 

Est-ce qu’il y a un groupe en particulier que tu voudrais vraiment voir performer?

Deftones. J’ai vraiment envie de voir ce qu’ils proposent sur scène en ce moment.

 

Quels sont les plans de Gojira pour le futur?

De la tournée pendant 2 ans, et peut-être même 3 ans si l’album marche bien et puis on veut progresser. On a envie de progresser en « LIVE », d’être de plus en plus carrés, de plus en plus puissants, de faire des belles lumières et un bon son. Nos objectifs sont assez modestes et ils se situent à court terme. On se considère encore comme un jeune groupe qui a envie d’arriver à faire un super beau concert et des super bons albums.

 

Tu as fait plusieurs collaborations avec d’autres groupes/artistes comme Apocalyptica ou Cavalera Conspiracy. Qu’est-ce que ça t’a apporté en tant qu’artiste?

Ça m’a apporté une expérience complètement différente. C’est bien de sortir de la « comfort zone ». Le fait de me sortir de Gojira et de me mettre en danger amène une espèce de fragilité tout d’un coup parce que je n’ai pas mes gens autour de moi. C’est d’autres gens, d’autres expériences et personnellement ça me rend plus fort et plus confiant. Par contre, c’est toujours un peu délicat d’aller faire un projet à côté… J’ai chanté avec Devin Townsend aussi sur son album et c’était un gros « challenge » parce que c’était très technique.

 

Parle-moi un peu de ton expérience de tournée avec Metallica. Ça fait quoi de tourner avec un groupe d’une telle ampleur?

Metallica, pour nous comme pour beaucoup de métaleux, ça représente quelque chose d’énorme. J’ai grandi avec Metallica. C’est ce qui m’a donné envie de faire ça. Je leur dois beaucoup et concrètement, c’est des « shows » énormes. On a joué à Montréal avec eux d’ailleurs il y a quelques années. Après on a joué en Europe et cet été on a fait des festivals avec eux donc on commence à bien les connaitre et à être plus à l’aise sur leur scène. Cet été c’était des dates énormes, devant 80 000 personnes ou 60 000 personnes, dans des gros stades, dont le stade de France qui est vachement impressionnant. C’est génial! On a fait un concert en Pologne devant 80 000 personnes. Si on estime que Gojira ramène 1000 personnes en Pologne, il aurait fallu faire 80 concerts, donc il aurait fallu qu’on tourne pendant 4 ou 5 mois pour pouvoir jouer devant 80 000 personnes et là on l’a fait en une date. C’est quand même incroyable. C’est une opportunité énorme pour nous de se présenter devant un tel public.

 

Vous avez aussi tourné avec Lamb of God. Que penses-tu de l’emprisonnement de Randy Blythe?

Ça m’affecte directement parce Randy c’est un super ami à moi. Je pense à lui tous les jours, je suis avec lui. Je suis inquiet pour lui personnellement. Je me demande comment il se sent et qu’est-ce qu’il est en train de traverser. Ça ne va pas l’abattre, ça va le rendre plus fort, mais quand même c’est une expérience délicate et je suis inquiet du dénouement de la situation. Je ne peux pas trop m’exprimer sur ce que je pense, car je n’étais pas là donc c’est difficile de savoir ce qui s’est passé réellement, mais Randy est un mec adorable, hypersensible, qui aime beaucoup ses fans et qui communique énormément avec son public. Il est très proche des gens. Ça doit être un cauchemar pour lui de savoir que quelqu’un est mort à cause de lui entre guillemets ou en tout cas, à un des ses shows. Ça doit le torturer. J’espère qu’il va bien et qu’il arrive à prendre de la distance sur les événements, mais j’aime ce mec de tout mon coeur et je souhaite que tout se passe bien pour lui.

 

Est-ce qu’il t’est déjà arrivé quelque chose de semblable? As-tu déjà eu à te défendre contre un fan?

Oui, j’ai poussé des fans de la scène maintes fois. À coups de pied parfois! Une fois, j’ai poussé un mec avec mon pied parce qu’il restait devant le micro, en train de danser et de faire des signes à ses copains. Je ne l’ai pas poussé violemment, mais je l’ai poussé. S’il était mal tombé, ça aurait pu m’arriver aussi. Je n’ai jamais eu à me battre avec un fan sur scène, mais c’est vrai que parfois, il y a des fans qui abusent. Quand je vois ce qui s’est passé pour Randy, je me dis qu’il ne faut surtout jamais toucher un fan sur scène. Ça peut avoir des conséquences désastreuses. J’ai déjà cassé les lunettes d’un mec une fois et c’était un problème, imagine s’il était parti à l’hôpital.

 

Tu t’impliques beaucoup au niveau de l’environnement. Quand tu vois l’état de notre planète et de notre société, es-tu découragé ou as-tu encore espoir?

J’ai des moments de découragement pour être sincère. Parfois je me dis: c’est pas possible, le humains sont trop égoïstes et trop occupés par leur quotidien, par leurs soucis personnels! Ils n’arrivent pas du tout à être dans la compassion, à voir les choses en grand. Des fois je décourage, c’est vrai, mais je choisis d’avoir espoir. Je choisis de faire confiance à l’humanité. Je suis seulement un individu comme toi ou comme mon voisin, mais je pense que c’est important d’avoir espoir et c’est pour ça que je choisis de voir le bon côté des gens. C’est un effort que je fais au quotidien quand je rencontre quelqu’un de nouveau. J’essaie toujours de voir ses bons côtés, son côté positif. Je trouve que c’est important. C’est comme une prière ou un mantra de se dire qu’on va y arriver, qu’on va s’en sortir. L’humanité va grandir, va devenir meilleure, plus forte, plus sage et plus belle. J’essaie de me dire ça le plus possible.

 

Merci beaucoup d’avoir pris du temps avec nous et bonne chance pour la tournée

Merci pour l’interview et à la prochaine!

En terminant, ne manquez pas Gojira dimanche le 12 août sur la scène Heavy Mtl, à 15 h 30. Ça promet!

 

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