Miserere Luminis, la fin d’une sombre aventure

C’était un autre vendredi soir très chargé pour la ville de Montréal. Alors que du punk/grindcore sorti des enfers faisaient rage aux Katacombes avec Venomous Concept, Boulevard Brutal a plutôt décidé de couvrir un grand moment de l’histoire du black métal québécois. C’était le dernier concert pour Miserere Luminis avant le retour des membres dans leurs formations respectives (Sombres Forêts et Gris). Tout ça, au Théâtre Plaza de la merveilleuse rue Saint-Hubert.

Cette soirée était organisée par nul autre que Sepulchral Productions, la référence en black métal au Québec. Pour l’occasion, les organisateurs avaient attiré plusieurs formations d’intérêts et la première à performer était Wendess. De jeunes québécois qui pratiquent un excellent black métal atmosphérique. Malheureusement, je suis arrivé seulement à la fin de leur performance pour une raison hors de mon contrôle. Alors je tiens à m’en excuser, mais j’aurai certainement la chance de me reprendre puisqu’avec de l’aussi bon matériel, l’avenir leur appartient!

La scène se libérait alors pour laisser place à Éric de Thisquietarmy. Je croyais sérieusement que les black métalleux allaient le boycotter. À ma grande surprise, tous les spectateurs sont restés captivés par sa musique ambiante très étrange. Mixant drone et minimalisme, on a eux droit à une bonne performance musicale, mais malheureusement quelques incidents sont venus gâcher le résultat en cour de route. Sa projection s’est arrêtée après seulement 15 minutes puisque le préposé au vidéo s’était endormi ou simplement évaporé. Le problème c’est que le film lui sert de guide musical, alors laissez-moi vous dire qu’il était très fâché de cette erreur ridicule des techniciens. Par contre, le pire c’était l’incompétence totale de l’éclairagiste. Éric lui-même avait mentionné qu’il ne voulait aucun jeu de lumière durant sa performance… Et bien croyez-le ou non, il a eu droit à un party disco des années 70. On en a eu pour toutes les couleurs, passant du rose au vert fluo jusqu’au rouge vif. La prestation fut réellement décevante sur l’aspect visuel et je crois que si vous désirez voir Thisquietarmy, vous êtes beaucoup mieux dans une petite salle comme le Loft From Hell.

Le seul groupe américain de la soirée était Fall Of Rauros. Leur style qui varie entre Opeth et Wolves In The Throne Room ne passe généralement pas inaperçu. Cependant, je dois vous avouer que lors de leur performance je me suis terriblement ennuyé. Tout était fait de façon très scolaire, la structure des pièces était découpée au couteau avec un bon lot d’intros ennuyeuses. Leur musique était garnie de solos déjà entendus et qui semblaient être un copier-coller de ce que Mikael Åkerfeldt compose habituellement. Le chant était extrêmement répétitif et celui qui s’en chargeait regardait très rarement la foule, le mur de l’arrière-scène semblait le passionner davantage… Heureusement, un mauvais feedback sur sa guitare poussa le groupe à raccourcir leur performance et je n’allais certainement pas m’en plaindre. Je conclus que leur première visite au Canada était un échec, à mon avis il se fait définitivement mieux dans le genre et Fall Of Rauros manquait vraisemblablement de charisme.

Jusque-là, je trouvais la soirée un peu ratée et je mettais tous mes espoirs sur Miserere Luminis. Nous avions déjà un peu plus de visuels à nous mettre sous la dent. Une immense banderole à l’effigie de l’album était accrochée au mur. Des panneaux constitués de vieux bois troués camouflaient les extrémités de la scène. De plus, on avait beaucoup d’instruments à contempler, puisque deux claviers et un tambour étaient ajoutés à la scène. Les cinq musiciens se partageaient de façon très habile l’utilisation des instruments. Le membre de Gris m’a réellement étonné à la batterie et proposait un chant beaucoup plus puissant que son homologue de Sombres Forêts. Le clou du spectacle a eu lieu quand les deux unissaient leurs chants, je me croyais directement plongé dans les abysses les plus profondes de mon esprit. Il y avait énormément de puissance et de haine qui se dégageaient de la scène, c’était de toute beauté.

Ce fut une longue prestation, mais chaque chanson avait sa propre saveur. De grosses influences post-rock se faisaient sentir, et l’utilisation de clavier rendait le tout très lugubre. J’en aurais facilement pris pendant encore une heure, mais le groupe n’a qu’un seul album alors il est difficile de faire plus d’une heure trente avec si peu de matériel. On a même eu droit à une reprise absolument géniale de Dissection (Where Dead Angels Lie), alors quoi demander de plus? Cette soirée a été habilement rachetée par une performance très agréable de Miserere Luminis. Je suis très fier d’avoir pu assister à leur dernier passage à Montréal, et j’espère qu’avec les vidéos vous regretterez de ne pas y avoir assisté. Je vous lance un défi, essayez de me trouver dans la foule (indice : je suis définitivement le seul avec un chandail blanc).

Vidéos par Balios1

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